Le mot « senior » fait désormais partie du vocabulaire courant. Des assurances, des mutuelles et de nombreux produits leur sont réservés. Mais qu’entend-on exactement par ce terme ? En effet, à partir de quel âge devient-on senior ? Tout dépend à qui l’on s’adresse : au travailleur ou à l’administré. Et même dans le monde de l’entreprise, la notion est à géométrie variable.
À partir de quel âge êtes-vous considéré comme un senior dans votre entreprise ?
Qu'est-ce qu'un senior dans le monde du travail ?
Le concept de "séniorité" dans l'entreprise
Dans le milieu professionnel, la notion de "senior" demeure très floue et dépend en grande partie de quel point de vue on se place.
Cela apparaît clairement dans une étude publiée le jeudi 29 septembre 2022, et réalisée par l'IPSOS pour le compte de l' association À Compétence Egale, auprès de 500 personnes chargées du recrutement et 500 salariés.
On s'aperçoit en effet, en consultant cette enquête, que l'âge auquel on est considéré comme senior n'est pas le même pour les recruteurs et pour les personnes cherchant un emploi.
Pour les premiers en effet, un salarié deviendrait un senior à un peu plus de 49 ans, précisément. Pour les candidats, cet âge de la "séniorité" est un peu plus tardif, puisqu'il se situe autour de 52 ans.
Une notion dépendant de l'angle de vue sous lequel on se place
Dans le monde du travail, la notion de "senior" ne reçoit donc pas de définition très précise. L'âge auquel on devient senior dépend aussi de quoi l'on parle. En effet, s'il s'agit :
- De la gestion de carrière, on considère généralement qu'un travailleur devient senior autour de 45-50 ans. Soit au milieu de sa carrière pour certains salariés. C'est à ce moment-là, en effet, qu'il est conseillé au salarié d'élargir ses perspectives et d'envisager d'autres suites pour le devenir de sa carrière, notamment par le biais de la formation professionnelle.
- De la présence du salarié dans l'entreprise, ce qui est surtout pris en compte, alors, c'est l'expérience accumulée. On devient donc senior, de ce point de vue, après un certain temps passé dans l'entreprise. Pour cela, il ne suffit pas de passer 6 ans ou 7 ans dans la société. On considère, en effet, qu'au bout de 10 à 20 ans dans l'entreprise, un salarié peut tirer profit de son expérience et faire figure de senior. Ce que l'on prend en compte, ici, c'est donc davantage le profil de carrière.
Le senior vu par l'administration
La manière dont les seniors sont perçus par l'administration, et notamment celle de Pôle Emploi, rejoint le sens habituel donné au mot. En effet, dans le langage courant, comme pour les pouvoirs publics, le senior est perçu comme une personne plus âgée que dans le monde professionnel.
Il s'agit le plus souvent de quelqu'un s'approchant de l'âge de la retraite, ou qui a déjà cessé son activité professionnelle.
Ainsi, pour Pôle Emploi, notamment, le senior est un salarié en fin de carrière. Ainsi, des contrats spécifiques, comme le CDD senior, sont réservés à des salariés âgés de plus de 57 ans.
Les seniors victimes d'une discrimination sur la marché de l'emploi ?
Cette question de l'âge est révélatrice des problèmes auxquels se heurtent les seniors désireux de conserver leur emploi ou d'en trouver un. Elle montre en effet que, si l'âge auquel on entre dans la "séniorité" est imprécis, il est aussi assez souvent précoce.
Le salarié, on l'a vu, peut donc être jugé trop vieux pour trouver un emploi, alors que, parfois, il n'a pas dépassé 40 ou 45 ans.
En effet, selon létude de la Dares publiée en avril 2022, seulement 56 % des 55-64 ans avaient toujours un emploi, un tiers seulement des 60-64 ans étant dans cette situation.
Parmi les obstacles à l'emploi des seniors, on peut notamment relever :
- La crainte des employeurs d'une certaine difficulté des seniors à s'intégrer à des équipes plus jeunes.
- Une adaptation jugée plus difficile, notamment à des méthodes de travail innovantes.
- Une santé jugée plus fragile.
La France est donc en retard de ce point de vue, ne se plaçant qu'à la 16e place sur 27 pour l'emploi des seniors. En effet, la moyenne européenne, à cet égard, est de 60,5 %.