Les températures de cette fin avril 2025 surprennent par leur intensité. À Paris, Lyon ou Bordeaux, le thermomètre flirte avec les 28 à 29 °C, soit des niveaux dignes d’un plein mois de juin. Face à cette chaleur inhabituelle, la question se pose : s’agit-il simplement d’un coup de chaud ou d’un vrai signe que l’été s’installe déjà ? Autrement dit, peut-on vraiment parler d’été météorologique à la fin avril ? Pour y répondre, il faut distinguer météo et climat, seuils de chaleur et perceptions, tout en tenant compte des prévisions à court terme.
Peut-on déjà parler d’été quand il fait 28 °C fin avril ? Ce que la météo des prochains jours révèle vraiment
28 °C fin avril : chaleur exceptionnelle ou phénomène banal ?
En météorologie, le seuil de "jour de chaleur" est fixé à 25 °C de température maximale, et celui de "forte chaleur" à 30 °C. Lorsqu'on dépasse ces seuils de manière précoce, cela reste un événement notable.
En avril 2025, plusieurs villes du nord et de l’ouest de la France ont franchi le seuil des 25 °C avec deux à trois semaines d’avance par rapport à la moyenne des trente dernières années. Paris, par exemple, a atteint les 28 °C le 29 avril, alors que la date moyenne de franchissement des 25 °C est fixée au 30 avril. Bordeaux, Toulouse ou encore Lyon enregistrent aussi des valeurs très supérieures aux normales saisonnières.
Mais cette poussée de chaleur n’est pas suffisante pour parler d’été. Elle reste un événement météorologique ponctuel, bien que révélateur de tendances de fond. Le climatologue Christophe Cassou rappelle souvent que « le climat, c’est la météo observée sur plusieurs décennies ». Une semaine chaude en avril ne suffit donc pas à définir un changement de saison, mais elle peut signaler une anomalie récurrente.
Une semaine de chaleur suivie d’un net rafraîchissement
Les prévisions à court terme renforcent l’idée d’un phénomène temporaire. À Paris, les températures devraient redescendre autour de 17 à 19 °C dès le dimanche 5 mai, après avoir atteint un pic de 29 °C le 1er mai. La baisse sera plus marquée encore sur le nord-ouest du pays.
Voici un aperçu des températures maximales prévues à Paris sur la semaine :
Date | Température maximale prévue | Écart aux normales (≈17 °C) |
---|---|---|
Mardi 29 avril | 27 °C | +10 °C |
Mercredi 30 avril | 28 °C | +11 °C |
Jeudi 1er mai | 29 °C | +12 °C |
Vendredi 2 mai | 27 °C | +10 °C |
Samedi 3 mai | 25 °C | +8 °C |
Dimanche 4 mai | 19 °C | +2 °C |
Lundi 5 mai | 17 °C | Normal |
Ce tableau illustre clairement que la période actuelle est exceptionnellement chaude, mais que le retour à des températures de saison est attendu rapidement.
Un signal du changement climatique de plus en plus net
Si l’on ne peut pas appeler cela l’été, il serait naïf d’ignorer la tendance de fond que révèle cette précocité thermique. En analysant les dates de franchissement du seuil de 25 °C dans les grandes villes françaises, une avancée significative s’observe depuis plusieurs décennies.
Quelques exemples révélateurs :
Ville | Date moyenne 25 °C (1950–1970) | Date moyenne (2000–2020) |
---|---|---|
Paris | 6 mai | 19 avril |
Perpignan | 24 avril | 11 avril |
Lille | 19 mai | 7 mai |
Ces données confirment une tendance au réchauffement climatique, avec un allongement de la saison chaude. On ne peut plus parler de simple variabilité annuelle quand ce phénomène s’étend sur plusieurs générations de données.
Attention à l’illusion de l’été
Malgré les températures estivales de ces jours-ci, il ne faut pas se laisser tromper. L’été météorologique ne commence officiellement que le 1er juin. D’ici là, les coups de froid sont encore possibles. Le printemps est une saison instable, où les masses d’air chaud et froid s’affrontent, provoquant des variations brusques.
Sortir les tenues légères, certes. Mais penser que l’été est là pour de bon serait prématuré. D’un point de vue agricole, sanitaire ou énergétique, la vigilance reste de mise. Les épisodes précoces de chaleur posent aussi des questions sur la préparation aux canicules, qui pourraient être plus longues et plus précoces à l’avenir.