Consultations médicales, soins spécialisés, chirurgie : les dépassements explosent, voici comment éviter d’y laisser trop d’argent

En France, la promesse d’un accès égal aux soins est de plus en plus contrariée par une réalité tarifaire bien différente. Les dépassements d’honoraires pratiqués par certains médecins et spécialistes explosent, notamment dans les grandes villes et pour certaines spécialités. Et les conséquences sont concrètes : reste à charge important, remboursements insuffisants, renoncement aux soins… Les patients, en particulier les seniors, en paient le prix.

Par Eve
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© iStock

Des tarifs qui s’éloignent de plus en plus des bases de remboursement

Une consultation chez un médecin généraliste est officiellement facturée 26,50 euros. Mais dans les faits, il n’est pas rare que certains spécialistes facturent 70, 90, voire 120 euros la séance, surtout dans les secteurs où la concurrence médicale est faible ou dans les zones urbaines tendues. Ces écarts ne sont pas illégaux, ils sont même parfaitement autorisés... à condition d’être clairement affichés.

Le problème ? Ces dépassements ne sont pas toujours pris en charge par l’Assurance Maladie, qui continue de rembourser uniquement sur la base d’un tarif dit “conventionné”. La différence, parfois considérable, reste donc à la charge du patient… ou de sa complémentaire santé, si celle-ci est suffisamment protectrice.

Chirurgie, gynécologie, ophtalmologie : les spécialités les plus concernées

Les dépassements sont loin d’être répartis de façon homogène dans le système de soins. Certains actes, certaines spécialités et certaines zones géographiques concentrent l’essentiel des écarts tarifaires. En tête de liste :

  • La chirurgie, où les dépassements peuvent atteindre plus de la moitié du tarif de base.
  • La gynécologie, très sollicitée et souvent pratiquée en secteur 2.
  • L’ophtalmologie, où les délais d’attente sont longs et les tarifs libres fréquents.

Pour les patients non avertis, le coût d’un simple rendez-vous peut donc doubler voire tripler sans qu’aucun acte technique ne soit en cause.

Infographie Depassements Honoraire
© Empruntis

Comprendre les secteurs de tarification

Le secteur d’exercice du médecin détermine largement son rapport aux dépassements. Voici un rappel essentiel :

Secteur Description Dépassements autorisés ? Remboursement de la Sécurité sociale
Secteur 1 Le médecin applique les tarifs fixés par la Sécurité sociale Non 70 % du tarif conventionné
Secteur 2 Le médecin peut fixer ses tarifs librement, avec modération Oui 70 % du tarif conventionné, hors dépassement
Non conventionné (Secteur 3) Le médecin n’est pas lié par les règles de tarification Oui Remboursement symbolique ou très faible

Des restes à charge qui pèsent de plus en plus

Avec la hausse des dépassements, le rôle des complémentaires santé devient crucial. Or, toutes ne couvrent pas ces frais. Certaines formules basiques excluent partiellement ou totalement les dépassements d’honoraires. Résultat : un patient peut se voir rembourser à peine 30 % d’une consultation à 100 euros.

Pour les retraités, qui consultent souvent plus fréquemment, et dont les revenus sont parfois modestes ou figés, le poids de ces dépenses non anticipées devient vite difficile à gérer. Certains renoncent à consulter, décalent les soins ou évitent les spécialistes… au détriment de leur suivi médical.

Des solutions concrètes pour limiter la facture

Face à cette situation, plusieurs réflexes peuvent limiter les mauvaises surprises :

  • Privilégier les médecins en secteur 1, qui n’appliquent pas de dépassements.
  • Vérifier si le professionnel est adhérent à l’OPTAM (Option de Pratique Tarifaire Maîtrisée), un dispositif incitatif limitant les dépassements pour les médecins de secteur 2.
  • Demander un devis avant toute consultation coûteuse ou intervention. C’est un droit, et une obligation au-delà d’un certain montant.
  • Comparer les complémentaires santé, non seulement sur le niveau de remboursement, mais aussi sur les plafonds annuels et les exclusions.
  • Utiliser les annuaires officiels pour repérer les praticiens les plus accessibles financièrement.

Un enjeu d’accès aux soins de plus en plus central

La montée des dépassements d’honoraires est loin d’être un simple détail comptable. Elle accentue les inégalités d’accès aux soins, entre ceux qui peuvent avancer les frais ou payer des assurances haut de gamme, et ceux qui doivent faire des choix.

Dans certaines régions, notamment rurales ou dans les quartiers populaires, le secteur 1 devient rare, tandis que les professionnels en secteur 2 ou non conventionnés imposent des tarifs dissuasifs. Cette réalité touche de plein fouet les seniors, qui sont à la fois plus fragiles médicalement et plus dépendants de revenus fixes.

Anticiper pour ne pas subir

À défaut de pouvoir peser sur les tarifs, il est possible de mieux s’informer, mieux s’équiper en matière de couverture santé et mieux choisir ses praticiens. Dans un contexte où le reste à charge progresse, ces démarches ne relèvent plus seulement du confort, mais bien de la préservation de son accès aux soins et de son autonomie financière.

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