Jusqu’à 250 euros de plus par an : la nouvelle régulation de l’électricité dénoncée par UFC-Que Choisir

La promesse d’un marché de l’électricité plus efficace risque de se transformer en fardeau pour les consommateurs. À l’horizon 2026, une nouvelle régulation européenne, basée sur les prix du marché de gros, pourrait faire grimper les factures d’électricité de manière brutale. L’UFC-Que Choisir alerte sur les conséquences directes de ce changement, et appelle à une refonte du système, plus juste et plus stable pour les foyers français.

Par Eve
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Une réforme qui modifie les règles du jeu

La nouvelle régulation de l’électricité, prévue pour entrer en vigueur en janvier 2026, est directement issue d’une volonté européenne de restructurer le marché de l’énergie. Son objectif affiché : renforcer la transparence, garantir l’approvisionnement et soutenir l’investissement dans les énergies renouvelables.

Mais cette réforme repose sur un principe qui fait bondir les défenseurs des consommateurs : les prix ne seront plus encadrés par les coûts de production, mais dépendront exclusivement des marchés de gros, connus pour leur extrême volatilité. En clair, la facture des ménages pourrait suivre les cours du marché européen de l’électricité, avec tous les risques que cela comporte en période de crise énergétique ou de tension géopolitique.

Une hausse qui pourrait coûter cher aux ménages

Selon les projections de l’UFC-Que Choisir, la mise en œuvre de cette nouvelle régulation entraînerait une hausse moyenne de 19 % des factures d’électricité, soit jusqu’à 250 euros supplémentaires par an pour un foyer moyen. Ce chiffre, basé sur une consommation annuelle classique de 4 500 kWh, reflète un scénario dans lequel les prix du marché restent élevés, comme cela a été le cas depuis la crise énergétique de 2022.

Les ménages chauffés à l’électricité ou les familles nombreuses pourraient être encore plus lourdement touchés, tandis que les dispositifs de protection comme le tarif réglementé risquent de perdre leur efficacité face à cette libéralisation.

Voici un tableau synthétique des impacts estimés :

Type de foyer Consommation annuelle Surcoût estimé avec la réforme
Personne seule en appartement 2 500 kWh + 100 à 120 € par an
Famille moyenne en maison 4 500 kWh + 200 à 250 € par an
Grande famille chauffée à l’électrique 8 000 kWh + 400 € par an, voire plus

Des prix déconnectés de la réalité de production

L’UFC-Que Choisir critique également l’absurdité du modèle de fixation des prix : en France, plus de 60 % de l’électricité est d’origine nucléaire, produite à un coût relativement stable et bas. Pourtant, le système européen actuel impose aux États membres d’aligner leurs tarifs sur le prix du MWh échangé sur le marché, souvent tiré à la hausse par les centrales à gaz ou à charbon utilisées dans d’autres pays.

Cette situation crée un paradoxe : la France produit une électricité bon marché, mais les consommateurs paient comme si elle était produite au prix fort. L’association de consommateurs réclame donc une régulation fondée non pas sur le marché de gros, mais sur les coûts réels de production nationale, plus stables et plus justes.

Une alternative : redistribuer les profits d’EDF

Dans sa dernière étude, l’UFC-Que Choisir avance une solution alternative : réorienter une partie des bénéfices d’EDF vers les ménages, sous forme de baisse directe sur les factures. L’entreprise, désormais renationalisée, a réalisé des résultats solides en 2023 et 2024, notamment grâce à la hausse des prix de l’électricité.

L’association propose une taxation renforcée des profits exceptionnels réalisés sur le marché de gros, accompagnée d’une redistribution intégrale aux usagers, pour compenser les effets de la réforme. Elle appelle également à garantir la pérennité du tarif réglementé, qui reste pour des millions de foyers un repère de stabilité et de sécurité.

Une vigilance citoyenne face à un tournant énergétique

Alors que la transition énergétique est sur toutes les lèvres, l’équilibre entre sobriété, justice sociale et compétitivité devient plus fragile que jamais. L’UFC-Que Choisir met en garde contre une réforme trop brutale, qui risquerait d’amplifier la précarité énergétique déjà subie par 12 millions de Français.

Le gouvernement, pour l’heure, reste discret sur les modalités concrètes de l’application française de cette régulation européenne. Mais face aux inquiétudes croissantes, la pression monte pour que les intérêts des consommateurs soient entendus et intégrés dans les discussions à venir.

À l’heure où chaque euro compte pour les ménages, faire dépendre l’électricité d’un marché imprévisible revient à faire du quotidien un pari.

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