Le printemps marque le retour tant attendu des floraisons. On rêve tous d’un jardin éclatant de couleurs, embaumé de parfums délicats et propice à la détente. Pourtant, certaines fleurs, aussi magnifiques soient-elles, cachent un défaut de taille : leur odeur. Loin des fragrances douces de la rose ou du lilas, ces plantes séduisent l’œil mais offensent le nez. Un paradoxe floral qu’il vaut mieux connaître avant de les planter près de la maison, d’un coin repas ou d’un lieu de repos.
Ces fleurs sont splendides… mais vous allez regretter de les avoir plantées pour ces raisons
L’élégance de certaines fleurs dissimule une réalité peu agréable
Le jardin, en plus d’être un plaisir visuel, est aussi un espace sensoriel. L’odeur y joue un rôle fondamental. Pourtant, certains végétaux réputés pour leur floraison spectaculaire dégagent des effluves que beaucoup jugent désagréables, voire répugnants.
Cette caractéristique n’est pas un accident de la nature, mais un stratagème. En effet, pour attirer certains insectes pollinisateurs, plusieurs espèces florales imitent des odeurs organiques, comme celles de la viande en décomposition, de l’urine ou encore du beurre rance.
Résultat : ce qui devait être un enchantement devient une gêne, voire un cauchemar olfactif dès l’arrivée des beaux jours.
Les principales coupables du jardin
Plusieurs plantes ornementales très prisées sont concernées par ce phénomène. Voici un tableau synthétique pour les repérer d’un coup d’œil :
Nom de la plante | Aspect esthétique | Odeur décrite | À éviter près de… |
---|---|---|---|
Anthémis fétide | Petites fleurs jaunes très décoratives | Aigre, ammoniac, urine | Fenêtres, salons de jardin |
Ginkgo biloba (femelle) | Arbre majestueux, feuillage doré à l’automne | Beurre rance, vomi (fruits tombés au sol) | Allées, zones piétonnes |
Hellébore fétide | Clochettes vert clair élégantes | Odeur suffocante au froissement | Entrée, bord de terrasse |
Arum tacheté | Fleurs en calice, baies orange décoratives | Viande en décomposition, urine | Zones de repos, massifs proches |
Couronne impériale (fritillaire) | Grandes clochettes orange ou jaunes | Musquée, renard | Potagers, coins détente |
Stapélia (fleur carrion) | Fleurs étoilées veloutées, souvent pourpres | Chair pourrie | Vérandas, balcons, petits jardins |
Ces plantes ne sont pas toxiques en elles-mêmes (sauf exceptions comme l’arum), mais leur pouvoir olfactif négatif est bien réel. Certaines, comme le ginkgo, ne posent problème qu’à l’automne lorsque les fruits tombent. D'autres, comme l’hellébore, libèrent leur senteur à la moindre caresse du vent ou d’un froissement involontaire.
Des plantes qui dérangent sans en avoir l’air
Il peut sembler étonnant qu’un végétal aussi noble que le ginkgo biloba, souvent planté pour ses vertus médicinales et son port élégant, puisse devenir la source d’une gêne olfactive sévère. Pourtant, les municipalités qui ont planté des spécimens femelles en savent quelque chose. À Rouen, par exemple, un quartier est tristement célèbre pour son odeur persistante de vomi en automne, due aux fruits du ginkgo écrasés au sol.
Quant à l’arum tacheté, il attire les insectes pollinisateurs en imitant l’odeur d’un cadavre animal, une technique naturelle efficace, mais peu compatible avec un déjeuner en terrasse.
Comment éviter les mauvaises surprises au jardin
La solution n’est pas forcément d’exclure toutes ces plantes de votre jardin. Certaines d’entre elles présentent un intérêt ornemental ou écologique. L’idée est plutôt de les intégrer avec discernement, en tenant compte de leur comportement olfactif et de leur emplacement.
Voici quelques conseils pratiques :
- Évitez de planter ces espèces à proximité immédiate des zones de vie, comme les portes, fenêtres, terrasses ou coins repas.
- Privilégiez leur installation dans les parties reculées du jardin, ou dans des espaces peu fréquentés.
- Si vous tenez à une espèce odorante comme la couronne impériale pour repousser les taupes ou les campagnols, utilisez-la avec parcimonie, en bordure de potager par exemple.
- Renseignez-vous systématiquement sur les caractéristiques complètes d’une plante, et pas uniquement sur son aspect visuel ou sa floraison.
Un jardin harmonieux, ça se prépare
Choisir ses plantes ne se résume pas à une question d’esthétique. Il faut aussi penser à leur comportement, leur interaction avec l’environnement, et leur impact sur la qualité de vie. Certaines fleurs spectaculaires peuvent vite devenir envahissantes pour l’odorat si elles sont mal placées.
Prendre en compte le parfum d’une plante – agréable ou non – fait partie des réflexes du jardinier avisé. Un beau jardin est un jardin où l’on a envie de rester, et non un espace qu’on fuit à la première bouffée.
Alors avant de céder à la tentation d’une floraison spectaculaire, posez-vous la question : à quoi ressemblera mon jardin… une fois l’odeur installée ?