Sous couvert de transition écologique, de nombreuses entreprises profitent des aides publiques pour abuser de la confiance des consommateurs. L’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme face à l’explosion des arnaques liées à la rénovation énergétique, et réclame l’interdiction pure et simple du démarchage à domicile. Les personnes âgées, isolées ou fragiles figurent en tête des victimes.
Rénovation énergétique : l’UFC-Que Choisir dénonce un système qui floue les plus vulnérables
Une promesse verte devenue source de méfiance
L’ambition des pouvoirs publics est claire : améliorer la performance énergétique des logements en France, pour lutter contre le dérèglement climatique et réduire la précarité énergétique. Mais les dispositifs d’aides massives (MaPrimeRénov', éco-PTZ, certificats d’économie d’énergie…) ont aussi ouvert la porte à un écosystème de sociétés peu scrupuleuses, qui surfent sur les subventions pour vendre à tout prix.
En avril 2025, l’UFC-Que Choisir a lancé une alerte publique, demandant l’interdiction du démarchage à domicile pour les travaux de rénovation énergétique, à l’image de ce qui a déjà été fait pour les contrats de fourniture d’énergie depuis 2021. Car le constat est sévère : les pratiques déviantes se multiplient, en particulier dans les zones rurales et périurbaines.
Démarchage, pressions, malfaçons : un cocktail explosif
L'association recense des dizaines de milliers de témoignages de consommateurs victimes de pressing commercial, de désinformation, de facturation abusive ou de travaux inachevés. Dans de nombreux cas, les artisans ou sociétés mandatées abusent de la complexité des aides publiques pour brouiller les repères.
Selon les données compilées par l’UFC-Que Choisir, le préjudice moyen s’élève à près de 20 000 € par dossier, entre les avances versées, les crédits souscrits et les malfaçons nécessitant des réparations.
Voici un tableau récapitulatif des dérives les plus fréquentes constatées :
Type d’abus constaté | Fréquence | Public principalement ciblé |
---|---|---|
Travaux non conformes ou jamais terminés | Élevée | Personnes âgées, isolées |
Signature de crédits à l’insu du client | Fréquente | Public peu familiarisé avec l’administratif |
Usurpation du nom d’organismes publics | Courante | Tous profils |
Montants anormalement gonflés | Répétée | Propriétaires modestes |
Harcèlement téléphonique et à domicile | Répétée | Seniors, zones rurales |
Une précarité numérique et juridique aggravante
La complexité du système d’aides contribue aussi au problème. Beaucoup de ménages ne savent pas à qui faire confiance, ni comment vérifier l’éligibilité d’un devis ou d’un professionnel. L’UFC-Que Choisir pointe notamment :
- L’absence de contrôle systématique des entreprises référencées,
- Le manque de transparence sur les frais réels,
- La confusion entre démarche commerciale et information neutre.
Les personnes les plus exposées sont souvent les moins outillées pour se défendre : elles n’ont pas toujours accès à internet, ne connaissent pas leurs droits, ou ne savent pas vers qui se tourner lorsqu’un litige survient.
Un appel clair à interdire le démarchage à domicile
Face à l’ampleur du phénomène, l’UFC-Que Choisir demande au gouvernement d’étendre l’interdiction du démarchage à domicile aux offres de rénovation énergétique. Pour l’association, cette mesure est indispensable pour :
- Protéger les consommateurs vulnérables,
- Assainir le secteur,
- Restaurer la confiance dans une politique publique pourtant essentielle.
Elle propose en parallèle de renforcer les contrôles et d’imposer un label d’État réellement contraignant pour les entreprises intervenant dans la rénovation. Il s’agirait d’un référentiel unique, facile à consulter, garantissant la compétence technique et l’indépendance commerciale.
Une vigilance plus que jamais nécessaire
Malgré les signalements, les recours sont encore longs et coûteux pour les victimes, qui peinent à se faire indemniser. L’UFC-Que Choisir recommande d’éviter toute signature sous pression et de s’adresser en priorité à des interlocuteurs identifiés via les canaux officiels, comme les espaces France Rénov' ou les agences locales de l’énergie.
La transition énergétique ne doit pas se faire au prix de nouvelles injustices. Comme le rappelle l’association : « La rénovation doit être un droit, pas un piège financier. »
Protéger les consommateurs, c’est aussi garantir que chaque aide publique serve réellement à améliorer les logements — et non à enrichir des entreprises douteuses.