En janvier 2025, plusieurs médias annonçaient un possible retour des promotions XXL sur les produits d’entretien et d’hygiène dès la mi-2025, à la fin supposée du cadre légal en vigueur. Nous évoquions récemment cette perspective comme probable, sous réserve d’une décision parlementaire à venir. C’est désormais chose faite : le Parlement a tranché. Les super-promotions ne reviendront pas. Pas avant 2028. Cependant, dans un compromis discret mais significatif, les industriels ont obtenu un relevé du plafond promotionnel autorisé, passé de 34 % à 40 %. Une manière de concilier encadrement strict et souplesse commerciale, dans un secteur où la guerre des prix est permanente.
Non, les super-promos sur les produits d’hygiène ne reviendront pas avant 2028… mais les industriels ont obtenu un plafond relevé
Ce que dit réellement la loi votée en avril 2025
Le 10 avril 2025, l’Assemblée nationale a définitivement adopté la prolongation de l’encadrement des promotions commerciales sur les produits d’hygiène, de beauté et d’entretien jusqu’au 15 avril 2028. Ce dispositif avait été initialement mis en place en 2021 via la loi Descrozaille, avec un objectif clair : mettre fin aux promotions jugées trop agressives, telles que les fameux « un acheté = un offert » ou les remises allant jusqu’à -70 %.
Ces promotions spectaculaires, si elles faisaient le bonheur des consommateurs, étaient décriées par les industriels, qui y voyaient une atteinte à la valeur de leurs produits, une pression sur leurs marges, et une instabilité préjudiciable à toute la filière.
Pour répondre à cette inquiétude sans relâcher totalement le cadre, le législateur a donc reconduit la mesure pour trois années supplémentaires, mais en relevant le plafond à 40 % de réduction maximale autorisée.
Pourquoi ce plafonnement a été prolongé
Le maintien du plafonnement n’est pas anodin. Il répond à un double objectif :
- Préserver les marges des fabricants et des producteurs, en empêchant une course aux rabais qui tirerait les prix vers le bas de manière durable.
- Éviter les effets trompeurs des promotions artificielles, souvent utilisées comme leviers marketing, mais qui induisent parfois le consommateur en erreur sur le vrai prix de référence.
En toile de fond, il y a aussi le souci de garantir une certaine stabilité économique dans un secteur où les coûts de production sont volatils, et où l’impact de la crise énergétique ou des matières premières continue à se faire sentir.
Et côté consommateurs ? Une mesure qui fait débat
Dans un contexte de pouvoir d’achat sous pression, cette décision ne fait pas l’unanimité. Une étude relayée début 2025 indiquait que près d’un Français sur deux renonce à acheter certains produits d’hygiène pour des raisons budgétaires. De nombreuses associations de consommateurs soulignent que les promotions agressives, bien que discutables sur le fond, permettaient à certaines familles de s’équiper à moindre coût.
Le nouveau plafond de 40 % reste toutefois supérieur à ce qui était en vigueur jusqu’ici, offrant une marge de manœuvre supplémentaire aux enseignes pour proposer des réductions significatives, tout en restant dans le cadre de la loi.
Le SRP+10, toujours en vigueur pour l’alimentaire
Cette prolongation s’accompagne d’un autre dispositif : le SRP+10 (Seuil de Revente à Perte majoré de 10 %), appliqué aux produits alimentaires. Là aussi, l’objectif est d’éviter que les distributeurs vendent à perte pour attirer les clients en magasin, au détriment des agriculteurs et des transformateurs. Cette mesure reste en vigueur jusqu’en avril 2028, elle aussi.
Tableau explicatif – Ce qui change (et ce qui ne change pas)
Produit concerné | Ancien plafond promo (jusqu’en avril 2025) | Nouveau plafond jusqu’en 2028 | Remarques |
---|---|---|---|
Produits d’hygiène (gel douche, dentifrice, protections…) | 34 % | 40 % | Super-promotions (> 50 %) toujours interdites |
Produits d’entretien (lessive, nettoyants…) | 34 % | 40 % | Encadrement maintenu jusqu’au 15 avril 2028 |
Produits alimentaires (via SRP+10) | Marge obligatoire de 10 % minimum | Inchangé | Vise à empêcher la revente à perte |
Une décision passée inaperçue… mais loin d’être anodine
L’idée d’un retour des grosses promos en 2025, évoquée en début d’année dans plusieurs titres, n’est plus d’actualité. Le Parlement a opté pour la continuité, tout en accordant une légère concession aux industriels. Si les étiquettes ne redeviendront pas flashy avant 2028, les enseignes disposent désormais d’un peu plus de latitude pour attirer les consommateurs, sans sombrer dans l’excès.
Dans un marché de plus en plus tendu entre inflation, exigences de transparence et arbitrages budgétaires, cet encadrement prolongé devrait continuer de faire débat, tant du côté des fabricants que des ménages.