L’aspartame est-il un danger sous-estimé ? Cet édulcorant artificiel, utilisé depuis des décennies dans les produits allégés et sans sucre, se retrouve aujourd’hui au cœur d’une polémique majeure. L’ONG Foodwatch, la Ligue contre le cancer et l’application Yuka ont lancé une pétition européenne pour demander son interdiction. Leur argument : l’aspartame est classé comme « peut-être cancérogène pour l’homme » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pourtant, on en retrouve encore dans près de 6000 produits du quotidien. Faut-il s’inquiéter ?
6000 produits de consommation courante dans le viseur : Foodwatch et Yuka demandent l’interdiction de l’aspartame
L’aspartame, un édulcorant omniprésent et controversé
Depuis son autorisation en 1988 en France, l’aspartame (E951) s’est imposé comme une alternative au sucre dans de nombreux aliments et boissons allégés. On en trouve notamment dans :
- Les sodas « zéro » et « light » (Coca-Cola, Pepsi, Fanta sans sucre…)
- Les chewing-gums sans sucre
- Les yaourts 0%
- Les desserts allégés
- Certaines céréales et barres protéinées
- Des médicaments et compléments alimentaires
Le problème ? En juillet 2023, l’OMS a officiellement classé l’aspartame comme « peut-être cancérogène » pour l’homme, en s’appuyant sur des études ayant identifié un lien potentiel avec des cancers du foie. Bien que les preuves restent limitées, cette classification soulève de nombreuses inquiétudes.
Une pétition pour alerter et agir
Face à ces risques potentiels, Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka ont décidé de passer à l’action. Leur pétition, lancée simultanément dans 11 pays européens, vise à :
- Faire pression sur les institutions européennes pour interdire l’aspartame.
- Inciter les États membres de l’UE à prendre des mesures de précaution.
- Obtenir plus de transparence sur les études financées par l’industrie agroalimentaire.
Selon Foodwatch, près de trois quarts des études validées par l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) ont été financées par des acteurs industriels. Pour les ONG, cela remet en cause l’impartialité des évaluations et la crédibilité des décisions réglementaires.
Des effets sur la santé encore débattus
Si les autorités sanitaires n’ont pas encore banni l’aspartame, plusieurs études ont mis en lumière des risques pour la santé :
- Un potentiel effet cancérogène, notamment sur le foie.
- Une influence sur le diabète : certaines recherches suggèrent un impact négatif sur la régulation du glucose.
- Un risque d’accouchement prématuré, observé chez les femmes consommant régulièrement des boissons light.
- Un possible effet sur le microbiote intestinal, avec des conséquences sur l’absorption des nutriments.
Malgré ces préoccupations, l’EFSA considère que l’aspartame ne présente pas de danger aux doses actuellement consommées. Un avis qui ne convainc pas les signataires de la pétition, pour qui le principe de précaution devrait primer.
Des alternatives existent déjà
Si l’aspartame venait à être interdit, quelles alternatives les industriels pourraient-ils utiliser ? Plusieurs édulcorants sont déjà présents sur le marché :
- La stévia, un édulcorant naturel extrait d’une plante.
- Le xylitol et l’érythritol, issus de sources végétales, avec un impact moindre sur la glycémie.
- Le sucralose, un édulcorant artificiel plus stable à la cuisson.
Cependant, ces alternatives ne sont pas exemptes de controverses. Certaines études soulignent notamment des effets possibles sur le métabolisme et la flore intestinale.
Vers une interdiction en Europe ?
La pétition de Foodwatch et Yuka marque une étape importante dans le débat sur l’aspartame. Si elle recueille suffisamment de signatures, elle pourrait inciter la Commission européenne à revoir sa réglementation. De précédentes actions similaires, comme celles contre les nitrites dans la charcuterie, ont déjà conduit à des changements.
L’enjeu est donc de taille : faut-il attendre des preuves irréfutables ou agir par précaution dès maintenant ? Une question qui concerne des millions de consommateurs, souvent sans même savoir qu’ils consomment de l’aspartame au quotidien.