Abandon du Nutri-Score : une décision européenne qui pourrait tout changer pour les consommateurs

C’est une décision qui pourrait avoir un impact majeur sur l’alimentation des Européens. Après plusieurs années de discussions, la Commission européenne a finalement renoncé à rendre obligatoire un étiquetage nutritionnel harmonisé, écartant ainsi le Nutri-Score comme référence pour l’ensemble des pays membres. Pourquoi ce revirement ? Quels sont les enjeux cachés derrière cette décision ? Et surtout, quelles conséquences pour les consommateurs ? Décryptage d’un dossier où les intérêts politiques et économiques ont pris le pas sur la santé publique.

Par Eve
abandon du nutri score
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Pourquoi l’Europe a renoncé au Nutri-Score obligatoire ?

En 2020, la Commission européenne avait annoncé son intention de mettre en place un logo nutritionnel obligatoire et harmonisé sur les emballages alimentaires des 27 États membres. Le Nutri-Score, déjà adopté par plusieurs pays dont la France, semblait être le favori, soutenu par de nombreuses études scientifiques démontrant son efficacité.

Mais, dès le départ, de puissantes résistances se sont organisées, notamment en Italie, où les industriels de l’agroalimentaire ont dénoncé un système qu’ils jugent discriminant pour les produits traditionnels comme l’huile d’olive, les fromages et la charcuterie. Sous la pression des lobbies et face aux tensions politiques, la Commission a fini par abandonner l’idée d’un Nutri-Score obligatoire.

Bon à savoir :
Un document interne de la Commission européenne, révélé par Foodwatch, confirme que le Nutri-Score était jugé “politiquement trop sensible” pour être imposé à tous les pays.

Le rôle clé du lobbying et des pressions politiques

L’abandon du Nutri-Score ne repose pas uniquement sur des arguments scientifiques ou techniques. Les grandes entreprises agroalimentaires et certains États membres ont mené une intense campagne contre ce système d’étiquetage, le jugeant trop pénalisant pour certains produits.

Acteurs Position sur le Nutri-Score Arguments avancés
Italie (Gouvernement et industriels) Opposés Menace pour les produits “traditionnels” (huile d’olive, charcuterie, fromages), préférence pour un autre système basé sur les portions individuelles.
Lobbies agroalimentaires Opposés Risque d’un impact négatif sur les ventes de certains produits jugés trop gras, trop salés ou trop sucrés.
Scientifiques et associations de consommateurs Favorables Outil simple et efficace pour aider les consommateurs à mieux choisir leurs produits.
Pays ayant adopté le Nutri-Score (France, Allemagne, Espagne, Belgique, etc.) Favorables Harmonisation européenne nécessaire pour éviter la confusion et protéger la santé publique.

Ces pressions ont pesé lourd dans la balance, au point que la Commission européenne a préféré abandonner purement et simplement le projet, plutôt que d’affronter des divisions internes entre les États membres.

Quelles conséquences pour les consommateurs ?

1. Une information nutritionnelle toujours incomplète

L’objectif du Nutri-Score était d’offrir aux consommateurs un outil clair et rapide pour comparer les produits alimentaires. Avec son système de lettres (A à E) et de couleurs (vert à rouge), il permettait d’évaluer la qualité nutritionnelle d’un aliment en un coup d’œil. Son absence obligatoire au niveau européen signifie que les consommateurs resteront face à une multitude de labels différents, rendant les comparaisons plus difficiles.

2. Des pays qui avancent chacun de leur côté

L’abandon du Nutri-Score au niveau européen n’empêche pas les États de l’adopter individuellement. Aujourd’hui, plusieurs pays continuent à l’utiliser, et certains comme la Finlande et même les Émirats Arabes Unis envisagent de l’adopter. Mais cette absence d’uniformité risque de créer une confusion pour les consommateurs, qui verront des systèmes d’étiquetage différents selon les pays et les marques.

3. Une victoire pour l’industrie agroalimentaire

Le Nutri-Score était perçu comme contraignant par certains industriels, car il mettait en lumière la composition réelle de nombreux produits transformés. Avec son abandon à l’échelle européenne, les fabricants conservent la liberté d’afficher ou non un étiquetage clair sur leurs produits, ce qui risque de compliquer l’accès à une alimentation plus saine pour les consommateurs.

Le Nutri-Score définitivement enterré ? Pas si sûr…

Malgré ce revers, le Nutri-Score continue de séduire de nombreux pays et pourrait faire son retour sous d’autres formes. Les associations de consommateurs et les chercheurs en nutrition poursuivent leur combat pour un étiquetage plus transparent, et certaines grandes marques continuent à l’afficher volontairement.

En parallèle, des initiatives locales pourraient voir le jour pour proposer de nouveaux systèmes d’étiquetage simplifiés, adaptés aux attentes des consommateurs. L’histoire du Nutri-Score est donc loin d’être terminée, même si l’Europe a choisi, pour l’instant, de ne pas lui accorder la place qu’il méritait.

Un tournant majeur pour la transparence alimentaire

L’abandon du Nutri-Score obligatoire en Europe est une décision clé qui montre à quel point les intérêts économiques peuvent primer sur la santé publique. Alors que les maladies liées à l’alimentation (obésité, diabète, maladies cardiovasculaires) sont en forte hausse, ce choix laisse un vide dans la régulation de l’information nutritionnelle.

Les consommateurs devront redoubler de vigilance, comparer eux-mêmes les produits et s’appuyer sur des applications indépendantes pour décrypter les étiquettes. L’information sur l’alimentation reste un enjeu majeur, et la bataille pour plus de transparence est loin d’être terminée.

Source : France TV Info

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