Se sentir fatigué en journée peut sembler anodin. Après une nuit trop courte ou une matinée intense, il est normal d’éprouver un petit coup de mou. Mais quand la somnolence devient récurrente et incontrôlable, il ne s’agit plus d’une simple baisse d’énergie : cela peut être le signe d’un trouble sous-jacent grave. Les spécialistes alertent sur ce phénomène méconnu mais aux conséquences potentiellement lourdes. Fatigue excessive, endormissements inappropriés, perte de concentration : autant de signaux qui méritent une attention particulière. Pourquoi ce fléau est-il si préoccupant ? Quels en sont les causes et les dangers ? Décryptage.
Somnolence en plein jour : un fléau sous-estimé qui inquiète les spécialistes
Un phénomène plus fréquent qu’on ne le croit
Selon l’Institut National du Sommeil et de la Vigilance, près d’un quart des Français déclarent ressentir une envie irrépressible de dormir en journée. 7 % souffrent d’une somnolence sévère, les exposant à des risques accrus d’accidents, d’erreurs et de troubles cognitifs.
La somnolence diurne excessive ne se résume pas à une simple fatigue. Elle se manifeste par des épisodes soudains de sommeil, un besoin impérieux de s’allonger et des difficultés à rester éveillé, même en pleine activité. Ce phénomène, souvent minimisé, altère profondément la qualité de vie et la productivité.
Les jeunes adultes, notamment les 18-25 ans, sont les plus touchés. Cette tranche d’âge cumule souvent un manque de sommeil chronique, des horaires irréguliers et l’usage excessif des écrans, perturbant leur rythme circadien.
Les causes profondes : bien plus qu’un simple manque de sommeil
Contrairement aux idées reçues, la somnolence excessive ne découle pas uniquement d’un manque de repos. Elle peut être le symptôme d’une pathologie méconnue ou mal diagnostiquée.
1. L’apnée du sommeil : un trouble sous-estimé
Beaucoup de personnes souffrent d’apnées du sommeil sans le savoir. Ce trouble, marqué par des arrêts respiratoires nocturnes répétés, fragmente le sommeil et empêche un repos réparateur. Résultat : des réveils difficiles et une somnolence constante dans la journée.
2. La narcolepsie : quand le sommeil s’impose à tout moment
Maladie rare mais invalidante, la narcolepsie provoque des endormissements soudains en pleine activité. Une personne atteinte peut s’assoupir en travaillant, en mangeant ou même en conduisant. Ce trouble est encore mal diagnostiqué, car ses symptômes peuvent être confondus avec une fatigue banale.
3. L’hypersomnie idiopathique : un besoin excessif de sommeil
Ce trouble se caractérise par une somnolence extrême et un sommeil non réparateur. Les siestes n’apportent aucun bénéfice et les réveils sont difficiles, parfois accompagnés d’un état de confusion prolongé, appelé "ivresse du sommeil".
4. La dette de sommeil : un mal moderne
L’exposition aux écrans avant de dormir, le travail en horaires décalés ou une hygiène de sommeil défaillante contribuent à un repos de mauvaise qualité. Sur le long terme, le manque chronique de sommeil dérègle l’organisme, entraînant une fatigue persistante et une baisse des performances cognitives.
Des conséquences graves pour la santé et la sécurité
La somnolence en journée n’est pas sans danger. Au-delà de la gêne quotidienne, les risques pour la santé et la sécurité sont bien réels.
1. Un risque accru d’accidents
Selon la Sécurité routière, 20 % des accidents mortels sur autoroute sont liés à la somnolence au volant. C’est la première cause d’accidents mortels sur ces routes. L’endormissement, même d’une fraction de seconde, peut être fatal.
Au travail aussi, le manque de vigilance favorise les erreurs, particulièrement dans les métiers nécessitant une attention soutenue (médecine, transport, industrie).
2. Un impact sur la santé mentale et physique
Une somnolence chronique peut favoriser l’apparition de troubles anxieux et dépressifs. En effet, un sommeil de mauvaise qualité dérègle l’humeur et la gestion du stress.
Physiquement, la fatigue excessive augmente le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète et d’hypertension. Le corps, constamment en état de fatigue, peine à fonctionner correctement.
Que faire face à une somnolence persistante ?
Face à une fatigue récurrente et incontrôlable, il est essentiel de ne pas banaliser les symptômes.
1. Évaluer son sommeil
Un test simple, l’échelle d’Epworth, permet d’évaluer son niveau de somnolence. Il s’agit de mesurer le risque de s’endormir dans des situations du quotidien (lecture, télévision, transports…). Un score élevé doit alerter et inciter à consulter un spécialiste.
2. Adopter une bonne hygiène de sommeil
- Maintenir des horaires réguliers de coucher et de lever
- Éviter les stimulants après 14h (café, thé, boissons énergisantes)
- Privilégier une courte sieste (10 à 20 min) plutôt que lutter contre la fatigue
- Réduire l’exposition aux écrans avant le coucher
3. Consulter un médecin en cas de doute
Si la somnolence persiste malgré une bonne hygiène de sommeil, une consultation médicale est indispensable. Un spécialiste du sommeil pourra identifier une éventuelle pathologie et proposer un traitement adapté.
Un enjeu de santé publique encore trop ignoré
Malgré ses conséquences graves, la somnolence en journée est encore largement sous-estimée. Alors que la santé mentale est une priorité nationale en 2025, ce trouble mériterait une attention bien plus grande.
Ne pas ignorer ces signaux d’alerte, c’est préserver sa santé, sa sécurité et celle des autres. Si une fatigue persistante envahit votre quotidien, il est temps d’écouter votre corps et d’agir.