Le sujet de la succession reste souvent tabou en France, alors même qu’il concerne toutes les familles. En 2025, les règles évoluent de manière significative, avec plusieurs changements qui vont impacter la manière dont les héritages seront transmis. Des ajustements d’abattements, une fiscalité alourdie pour les grosses successions, des délais modifiés… Il devient essentiel de s’informer dès maintenant pour ne pas subir ces nouvelles mesures. Ce qui pouvait passer inaperçu pourrait bien, demain, peser lourd sur le patrimoine familial.
Succession : ce qui change vraiment pour votre héritage en 2025 et pourquoi il faut s’en préoccuper dès maintenant
De nouveaux seuils et abattements fiscaux à surveiller
Les abattements sont au cœur du système de calcul des droits de succession. En 2025, les abattements en ligne directe (entre parents et enfants) restent à 100 000 euros, mais une revalorisation à 120 000 euros est envisagée à moyen terme, ce qui pourrait créer une période transitoire incertaine.
Pour les autres héritiers, les seuils sont inchangés mais leur maintien en l’état est de plus en plus critiqué compte tenu de l’augmentation générale des patrimoines :
- 15 932 € pour les frères et sœurs ;
- 7 967 € pour les neveux et nièces ;
- 1 594 € pour les petits-enfants ;
- 159 325 € pour les personnes en situation de handicap.
Ces plafonds restent très bas au regard du prix de l’immobilier et de l’inflation, rendant de nombreuses transmissions imposables, même pour des patrimoines modestes.
Une tranche d’imposition plus lourde pour les grosses successions
Autre nouveauté d’envergure en 2025 : une nouvelle tranche d’imposition a été introduite pour les patrimoines transmis en ligne directe dépassant 3,6 millions d’euros. Ces successions seront désormais taxées à hauteur de 49 %, contre 45 % auparavant.
Il s’agit d’un changement important pour les familles disposant d’un patrimoine conséquent, souvent transmis via des entreprises familiales, des biens immobiliers de valeur ou des portefeuilles financiers.
Même si cette mesure ne concerne qu’une minorité, elle traduit une volonté politique de renforcer la progressivité de l’impôt sur les successions. Elle pose aussi la question de la transmission de l’épargne et du capital dans les générations à venir.
Le délai de rappel fiscal réduit à 10 ans
Une réforme importante concerne également le délai de rappel fiscal, c’est-à-dire la durée pendant laquelle les donations successives sont considérées comme cumulables. Ce délai est désormais fixé à 10 ans au lieu de 15 ans auparavant.
Concrètement, cela signifie qu’il est désormais possible de faire une donation à un enfant, bénéficier de l’abattement, puis renouveler l’opération dix ans plus tard avec un nouvel abattement complet. Cette mesure incite à une transmission progressive du patrimoine plutôt qu’à un legs en bloc au moment du décès.
Des dispositifs d’optimisation plus encadrés
Certains outils d’optimisation successorale sont également concernés par les évolutions de 2025. C’est le cas notamment du dispositif Dutreil, très utilisé dans le cadre des transmissions d’entreprises. Les conditions pour bénéficier d’exonérations partielles sont renforcées, et les contrôles fiscaux accrus.
Les règles autour de l’assurance-vie sont elles aussi appelées à évoluer. Les contrats souscrits après 70 ans sont désormais moins avantageux, avec une fiscalité plus lourde sur les capitaux transmis au-delà d’un certain seuil.
Tableau récapitulatif des nouvelles règles en 2025
Mesure | Avant 2025 | Depuis 2025 |
---|---|---|
Abattement en ligne directe | 100 000 € | 100 000 € (revalorisation envisagée) |
Tranche maximale d’imposition | 45 % au-delà de 1,8 M€ | 49 % au-delà de 3,6 M€ |
Délai de rappel fiscal | 15 ans | 10 ans |
Abattement frères et sœurs | 15 932 € | Inchangé |
Abattement neveux/nièces | 7 967 € | Inchangé |
Abattement petits-enfants | 1 594 € | Inchangé |
Abattement handicap | 159 325 € | Inchangé |
Fiscalité assurance-vie > 70 ans | Abattement de 30 500 € | Fiscalité plus élevée au-delà |
Pourquoi il faut agir dès aujourd’hui
Ces évolutions ne doivent pas être prises à la légère. En matière de succession, anticiper permet de transmettre plus, de façon plus équitable et avec moins de conflits potentiels. Il est fortement conseillé de :
- Faire le point sur la composition de son patrimoine : immobilier, épargne, objets de valeur…
- Envisager des donations de son vivant, notamment pour profiter pleinement des abattements tous les dix ans ;
- Consulter un notaire ou un conseiller patrimonial pour mettre en place une stratégie cohérente avec les nouvelles règles ;
- Mettre à jour les clauses bénéficiaires des contrats d’assurance-vie, souvent négligées.
Les règles du jeu changent, et avec elles les bonnes pratiques en matière de transmission. En 2025, préparer sa succession n’est plus seulement une affaire de précaution, c’est une nécessité. Faute d’anticipation, ce sont les héritiers qui pourraient en payer le prix fort.