Ne vous fiez plus aux promotions : cette enquête de Foodwatch dénonce un système honteux qui encourage la malbouffe

Dans un contexte où l’inflation pèse lourdement sur le pouvoir d’achat, les promotions alimentaires sont plus que jamais scrutées par les consommateurs. Pourtant, loin de favoriser une alimentation équilibrée, elles s’avèrent en réalité un levier majeur de diffusion de la malbouffe, selon une enquête menée début 2025 par Foodwatch et plusieurs associations de santé publique.

Cette enquête alerte sur le décalage flagrant entre les recommandations nutritionnelles officielles et les pratiques commerciales des enseignes de la grande distribution. Le constat est sans appel : les promotions proposées chaque semaine dans les supermarchés tirent massivement vers les produits les moins sains, tout en se réclamant du « bien-manger ».

Par Eve
foodwatch promo malbouffe
© iStock

Une analyse à grande échelle qui fait froid dans le dos

Entre février et mars 2025, 40 catalogues promotionnels émanant des cinq principales enseignes françaises — Carrefour, Intermarché, Leclerc, Lidl et Coopérative U — ont été passés au crible. Ce travail a porté sur 4 726 promotions, analysées au regard des repères du Programme National Nutrition Santé (PNNS 4).

Le résultat est accablant :

  • Seules 12 % des promotions concernent des produits recommandés comme les fruits, les légumes ou les céréales complètes.
  • 66 % des promotions concernent des produits que la santé publique recommande de limiter : aliments trop sucrés, trop gras, trop salés.
  • Le reste se compose d'aliments dits "neutres", à consommer de manière modérée comme les produits laitiers ou le poisson.

Autrement dit, près de 9 promotions sur 10 sont mal orientées du point de vue de la santé publique. Ce chiffre suffit à démontrer l’écart dramatique entre marketing et santé.

Une mécanique bien huilée… pour inciter à consommer plus

Au-delà de la nature des produits promus, l’enquête révèle la manière dont ces promotions sont construites. La majorité ne cherche pas simplement à réduire le prix unitaire. Elle vise surtout à augmenter le volume acheté, avec des formats du type « 2+1 offert », « lot familial » ou « 50 % sur le deuxième produit ».

Ce système favorise particulièrement les catégories déjà problématiques : boissons sucrées, charcuteries, biscuits apéritifs, plats préparés… Au final, on pousse les consommateurs à acheter plus de produits mauvais pour leur santé, sous couvert d’économies.

Et l’ironie ne s’arrête pas là : ces promotions sont souvent présentées comme un geste pour le pouvoir d’achat, alors qu’elles encouragent une surconsommation inutile, voire néfaste.

Une situation à rebours des attentes citoyennes

Foodwatch pointe aussi du doigt le double discours des distributeurs, qui se disent engagés pour le "mieux manger", tout en structurant leurs campagnes commerciales autour des produits ultra-transformés.

Et cela, malgré la demande massive de changement de la part des consommateurs :

  • 88 % des Français sont favorables à ce que les supermarchés mettent en avant des produits bons pour la santé dans leurs promotions.
  • 89 % estiment même que cela devrait être une obligation.

Il y a donc un fossé entre les promesses marketing et la réalité des rayons.

Répartition des promotions par type de produit (selon Foodwatch, 2025)

Catégorie de produit Part des promotions (%) Statut nutritionnel (PNNS)
Fruits, légumes, céréales complètes 12 % Produits "à augmenter"
Charcuterie, plats préparés, snacks salés 17 % Produits "à limiter"
Boissons sucrées, biscuits, viennoiseries 21 % Produits "à limiter"
Produits laitiers, poisson, autres “modérés” 11 % Produits "à consommer avec modération"
Autres produits ultra-transformés (barres, sauces…) 29 % Majoritairement "à limiter" ou non classés
Produits bio (hors ultra-transformation) 1 % Généralement plus favorables à la santé
Promotions non alimentaires ou neutres 9 % Hors champ nutritionnel

Une responsabilité systémique

L’enquête de Foodwatch met en lumière un système de distribution biaisé, où l’environnement alimentaire proposé aux consommateurs favorise systématiquement les mauvais choix. Les produits sains sont peu mis en avant, souvent plus chers, et presque jamais en promotion. Inversement, les produits ultra-transformés sont omniprésents et fortement valorisés.

Les auteurs du rapport rappellent que l’alimentation est un déterminant majeur de la santé publique, impliqué dans les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, certains cancers et l’obésité. Selon eux, les pratiques commerciales actuelles alimentent directement ces pathologies.

Foodwatch appelle à une réforme ambitieuse

Face à ce constat, Foodwatch et ses partenaires exigent que :

  • 50 % des promotions soient dédiées à des produits "à augmenter" selon le PNNS.
  • 10 % des promotions soient réservées aux produits bio non ultra-transformés.
  • Une meilleure transparence soit exigée sur la construction des prix et des marges.
  • Les pouvoirs publics s’emparent de ce levier pour corriger une injustice alimentaire majeure.

Manger sain ne doit pas être un luxe, encore moins un combat individuel contre des logiques de rentabilité. Dans ce jeu déséquilibré, ce sont les enseignes qui ont la main.

Et selon Foodwatch, elles laissent trop souvent tomber la santé… au profit du volume.

Source : Foodwatch

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