Avoir un chien de compagnie est une source de joie, mais peut aussi devenir un casse-tête lorsqu’il s’agit de l’assurer. Ce que beaucoup de propriétaires ignorent, c’est que certaines races pourtant très répandues font l’objet d’exclusions ou de surcoûts de la part des compagnies d’assurance habitation. Le phénomène s’accentue depuis quelques années, en particulier dans un contexte d’évolution réglementaire et de renforcement des exigences en matière de responsabilité civile. Mais quels sont les chiens concernés ? Et pourquoi ces restrictions ?
Assurances habitation : pourquoi certaines races de chien courantes deviennent difficiles à couvrir ?
Un lien direct entre responsabilité civile et race perçue “à risque”
En France, tout propriétaire d’un chien est responsable des dommages que celui-ci peut causer, qu’il s’agisse d’une morsure, d’une chute provoquée ou d’une dégradation matérielle. Cette responsabilité est en général couverte par l’assurance multirisques habitation, dans la garantie responsabilité civile.
Mais en pratique, les assureurs appliquent des restrictions selon la race du chien. Si les chiens dits "dangereux" (catégories 1 et 2 du Code rural) sont bien connus pour poser des difficultés, on observe aujourd’hui un élargissement de la méfiance des assureurs à d’autres races, pourtant très populaires, comme le Malinois ou le Husky.
Quelles sont les races concernées en 2025 ?
Voici un aperçu des races de chiens les plus souvent signalées comme difficiles à assurer ou sujettes à des conditions spécifiques :
Race de chien | Fréquence d’exclusion ou de surprime | Raison invoquée par les assureurs |
---|---|---|
American Staffordshire | Très fréquente | Classification en catégorie 2 (chien de garde et de défense) |
Rottweiler | Très fréquente | Risque perçu élevé (morsures, puissance physique) |
Malinois | En forte hausse | Incidents liés à la garde et au dressage |
Husky | Modérée | Races réputées indépendantes et difficiles à maîtriser |
Akita Inu | Modérée à élevée | Race primitive, parfois difficile à socialiser |
Berger d’Anatolie | Modérée | Gabarit imposant, comportement protecteur |
Tosa Inu, Boerbull, Mastiff | Fréquente | Apparence dissuasive, assimilés aux chiens de catégorie 1 |
Ce tableau révèle une tendance préoccupante : certaines compagnies élargissent leur liste de chiens « sensibles », y compris à des races historiquement non catégorisées. Cela concerne même des chiens issus de lignées familiales, parfaitement sociabilisés et jamais agressifs.
Des refus qui varient selon les compagnies
Il faut souligner que les règles d’acceptation ne sont pas uniformes. Certaines compagnies refusent d’assurer les chiens catégorisés, d’autres imposent des surprimes, des clauses restrictives ou une déclaration préalable avec justificatifs de comportement.
Il est également fréquent que les conditions de couverture changent lors d’un déménagement, d’un changement de contrat ou d’une demande d’indemnisation. Certains propriétaires découvrent ainsi, souvent trop tard, que leur chien n’est pas couvert.
Le problème se pose notamment en copropriété, où l’attestation d’assurance responsabilité civile est souvent exigée pour les chiens dits « à risque ». Sans ce document, les maîtres peuvent se voir interdire l’accès à certains logements ou faire face à des refus de bail.
Un glissement inquiétant : de la dangerosité réelle à la dangerosité supposée
Ce durcissement des assurances repose-t-il sur des faits ? Les statistiques de morsures ne sont pas toujours fiables, en raison du sous-signalement des incidents impliquant des petites races. Or, plusieurs études vétérinaires ont démontré que des races de petite taille (Jack Russell, Teckel, Chihuahua) peuvent se montrer plus agressives que les grandes, sans pour autant être stigmatisées.
Le problème réside souvent dans la généralisation. Un Malinois bien éduqué, vivant en famille, ne présente pas plus de danger qu’un Labrador mal socialisé. Pourtant, les assureurs raisonnent par typologie de risque, pas par situation individuelle.
“Nous ne remettons pas en cause la responsabilité des maîtres, mais nous devons mutualiser le risque. Or, certaines races concentrent les sinistres les plus coûteux”, explique anonymement un courtier spécialisé en assurance habitation.
Des recours possibles, mais limités
Face à un refus d’assurance, les propriétaires peuvent :
- Changer de compagnie : certaines mutuelles ou assureurs spécialisés acceptent d’assurer toutes les races, parfois à des conditions plus strictes.
- Souscrire un contrat dédié pour la responsabilité civile de l’animal, en dehors du contrat habitation.
- Fournir une évaluation comportementale de leur chien, délivrée par un vétérinaire agréé.
Mais ces solutions restent inégalitaires, coûteuses, et peu accessibles aux foyers modestes. Elles témoignent surtout d’un manque d’harmonisation des pratiques assurantielles, qui laisse de nombreux maîtres dans l’incertitude.
Vers un encadrement législatif ?
Le sujet commence à intéresser les parlementaires. Des propositions de loi ont été évoquées pour encadrer les refus d’assurance sur la base de la race, ou imposer une évaluation individuelle obligatoire avant toute exclusion.
Mais pour l’heure, aucun texte n’a été adopté en ce sens. En attendant, les propriétaires de certaines races de chien doivent redoubler de vigilance lors de la souscription de leur contrat d’assurance habitation, au risque de se retrouver non couverts en cas d’incident.