Demander un duplicata de carte Vitale, renouveler un permis de conduire, commander un acte de naissance ou vérifier ses droits CAF… Autant de démarches que l’on pense faire facilement en ligne. Mais derrière une simple recherche sur Internet, de nombreux internautes atterrissent sur des sites privés qui leur font payer des services pourtant entièrement gratuits sur les plateformes officielles. Et le pire, c’est que tout cela est parfaitement légal… ou presque.
Carte Vitale, permis, CAF : attention à ces sites qui vous font payer un service 100 % gratuit ailleurs
Des sites qui ressemblent à s’y méprendre aux portails de l’administration
En tapant “demande de carte Vitale” ou “aide au logement CAF” dans un moteur de recherche, les premiers résultats affichés sont souvent sponsorisés. Il s’agit de sites commerciaux qui reproduisent à l’identique ou presque la charte graphique de l’État, utilisent des termes ambigus comme “démarche officielle” ou “service partenaire”, et promettent un traitement rapide et sécurisé.
Mais une fois le formulaire rempli, un paiement est exigé : de 19 € pour un courrier d’état civil à 59 € pour une aide à la demande de carte grise ou de retraite. Or, ces démarches sont normalement gratuites lorsqu’elles sont effectuées directement sur les sites publics compétents.
Quelles sont les démarches les plus ciblées par ces sites ?
Voici les principales demandes concernées, avec une comparaison entre le service officiel gratuit et l’offre commerciale payante :
Démarche concernée | Service officiel (gratuit) | Dérive fréquente (payante) |
---|---|---|
Carte Vitale (duplicata, mise à jour) | ameli.fr | Site “carte-vitale-fr.com” facturant 29 € pour un PDF |
Permis de conduire | ants.gouv.fr | Plateformes “d’assistance” proposant le suivi à 49 € |
Acte de naissance ou de mariage | service-public.fr ou mairie | Sites privés proposant l’envoi par courrier contre 24 € |
Simulation ou demande d’APL | caf.fr | Formulaires payants + récupération de vos données |
Changement d’adresse | service-public.fr (via La Poste) | Sites “premium” facturant jusqu’à 59 € pour redirection |
Carte grise ou certificat d’immatriculation | immatriculation.ants.gouv.fr | Sites marchands intégrant des “frais de service” de 30 à 70 € |
Ces sites ne sont pas des arnaques au sens strict, car ils rendent un service (envoi postal, assistance, saisie à votre place). Mais ils ne vous le précisent pas clairement, et ne signalent pas toujours qu’un site officiel gratuit existe.
Ce que dit la loi sur ces pratiques
La législation française n’interdit pas à un site privé de proposer une “aide administrative” rémunérée, à condition qu’il ne se présente pas comme une autorité publique. Le problème vient souvent du flou entretenu par :
- Des noms de domaine trompeurs (ex. : “CAF-contact” ou “aide-sociale-france”)
- Des logos et couleurs proches des sites officiels
- L’absence de mention explicite que le service est facultatif et non affilié à l’administration
Le ministère de l’Intérieur et la DGCCRF ont déjà signalé et fait fermer plusieurs de ces sites, mais ils réapparaissent souvent sous un autre nom de domaine.
Comment éviter de se faire piéger
Quelques réflexes simples permettent de faire la différence entre un site officiel et une plateforme commerciale :
- Vérifiez l’extension du site : les sites de l’État se terminent par
.gouv.fr
ou.fr
(attention aux “.com” et “.org”). - Ne vous fiez jamais aux premiers résultats sponsorisés : ils sont payés pour apparaître en haut.
- Consultez toujours le site service-public.fr en premier lieu : c’est le portail officiel vers toutes les démarches.
- Méfiez-vous des promesses de traitement “rapide et garanti” : les délais officiels sont souvent raisonnables.
- Lisez les mentions légales : un site honnête mentionne clairement qu’il n’est pas affilié à l’État.
Que faire si vous avez payé sans le vouloir ?
- Contactez immédiatement le site en question pour demander un remboursement (certaines plateformes le permettent sous 14 jours).
- Vérifiez si un abonnement a été souscrit sans votre accord (certains prélèvent tous les mois)
- Faites opposition auprès de votre banque si vous soupçonnez un prélèvement abusif.
- Signalez le site sur Signal Conso ou auprès de la DGCCRF.
- Conservez les preuves (emails, reçus) : elles seront utiles si vous devez porter plainte.
Gratuit ne signifie pas compliqué
L’idée que les services publics sont longs, flous ou inutilisables pousse certains à chercher un raccourci. Mais la réalité est que la plupart des démarches administratives courantes sont aujourd’hui accessibles gratuitement en ligne, avec un accompagnement si besoin.
En cédant à la facilité d’un site bien présenté, on finit parfois par payer pour un service… que l’on aurait pu faire en quelques clics gratuitement.