Pourquoi ce changement maintenant ?
Depuis plusieurs années, le mix énergétique français évolue. Avec la montée en puissance de l’éolien et du solaire, l’électricité devient plus abondante en journée, notamment autour de midi. Or, la tarification actuelle — fondée sur une consommation moindre la nuit — ne reflète plus la réalité de la production.
L’objectif de la CRE est donc d’adapter les heures creuses aux nouvelles logiques de production, en les décalant en partie vers les heures creuses de consommation… mais actives en production.
Ce changement vise :
- À mieux répartir la demande sur la journée,
- À limiter les pics de consommation le matin et en début de soirée,
- À réduire les tensions sur le réseau en période estivale, notamment en cas de canicule.
Ce que ça change pour les particuliers
À première vue, une heure creuse reste une heure creuse. Pourtant, le moment où elle est placée dans la journée change tout, notamment pour les équipements programmés.
Voici un tableau récapitulatif des implications concrètes de cette nouvelle répartition :
En résumé : si vos équipements sont programmés pour tourner automatiquement la nuit, ils pourraient bientôt fonctionner… en dehors des heures réellement économiques. Ce décalage entraînerait mécaniquement une hausse de consommation facturée au tarif "plein".
Qui est concerné ?
Cette réforme concerne tous les foyers ayant opté pour un contrat "heures pleines/heures creuses", soit près de 40 % des abonnés résidentiels. Ceux en tarif base ne sont pas concernés, sauf s’ils changent d’offre à l’avenir.
Les premiers consommateurs à voir leurs plages horaires modifiées seront ceux équipés de compteurs Linky, car le distributeur peut reprogrammer à distance les tranches horaires, sans intervention physique.
Les fournisseurs d’énergie commenceront à appliquer les nouvelles heures creuses à partir de juin dans certaines zones pilotes, avant un déploiement plus large prévu à l’automne.
Que faut-il faire dès maintenant ?
La modification est progressive, mais il est recommandé de s’informer dès à présent auprès de son fournisseur :
- Pour connaître les futures plages horaires de son contrat.
- Pour vérifier si les équipements domestiques sont programmables ou doivent être ajustés manuellement.
- Pour envisager un changement d’offre, notamment si l’option "base" devient plus intéressante selon ses usages.
Les consommateurs les plus impactés seront ceux qui consomment l’essentiel de leur électricité la nuit, notamment avec des appareils de chauffage ou d’eau chaude automatisés.
Et si on ne fait rien ?
Ne pas adapter ses usages à ces nouveaux créneaux, c’est risquer de consommer aux "mauvaises heures", celles qui seront facturées plus cher. Dans ce cas, l’intérêt économique de l’option heures creuses pourrait être annulé, voire inversé.
Un ingénieur en réseau électrique précise : “Cette réforme vise l’équilibre global du réseau, mais à l’échelle d’un foyer, elle oblige à revoir ses routines. Celui qui continue à consommer comme avant pourrait voir sa facture grimper de 5 à 10 % sans même le comprendre.”
Anticiper ce changement, c’est s’assurer de rester dans la zone d’optimisation tarifaire, mais aussi participer à une meilleure répartition de la consommation nationale. C’est aussi le bon moment pour repenser son équipement, isoler mieux son logement, ou installer des systèmes de programmation intelligents.
En silence, ce glissement des heures creuses remet en cause de nombreux automatismes dans nos foyers. Il serait dommage de le découvrir… en recevant une facture trop salée.