C’est une première dans le secteur de la téléphonie mobile en France : Bouygues Telecom a décidé d’imposer des frais de résiliation à ses clients B&You, même lorsqu’ils détiennent un forfait sans engagement. Derrière ces 5 euros à régler pour clôturer une ligne se cache un changement de paradigme qui pourrait, s’il se généralise, remettre en cause l’un des derniers avantages tangibles pour les consommateurs : la liberté de changer d’opérateur sans contrainte.
Frais de résiliation : Bouygues Telecom change les règles et pourrait ouvrir la voie à d’autres opérateurs
Une mesure inédite pour les forfaits mobiles
Jusqu’ici, les frais de résiliation concernaient principalement les offres Internet fixes ou les abonnements avec engagement. Les forfaits mobiles dits "sans engagement", en particulier ceux proposés par les marques low cost comme B&You, Red by SFR ou Free Mobile, garantissaient une résiliation gratuite à tout moment. Cela faisait partie de leur promesse commerciale : la souplesse et la liberté pour les consommateurs.
Mais depuis mai 2025, Bouygues Telecom a discrètement modifié les conditions de ses offres B&You : désormais, résilier coûte 5 €, même si l’on n’est engagé sur aucune durée. D’abord appliquée aux nouveaux clients, cette règle entrera en vigueur pour les abonnés actuels à partir du 9 juin 2025. Conformément à l'article L.224-33 du Code de la consommation, ces derniers disposent d’un délai de 4 mois pour résilier sans frais, après quoi la mesure deviendra contractuelle.
Cette information, relayée par UFC-Que Choisir dans un article du 7 mai, a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits des consommateurs. L'association dénonce notamment la manière dont la mesure a été annoncée : reléguée en bas d’un courrier aux allures promotionnelles, elle risquait de passer inaperçue auprès de nombreux clients, les empêchant de réagir à temps.
Un coût modeste, mais un signal fort
À première vue, 5 euros peuvent sembler anodins. Mais l’impact symbolique est loin d’être négligeable. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement le montant, mais la philosophie du sans engagement.
Bouygues Telecom justifie ces frais par des "coûts incompressibles liés à la gestion des résiliations". Or, ces coûts existaient déjà auparavant, sans pour autant justifier une telle facturation. Il s'agit donc clairement d’un levier de fidélisation déguisé, dans un marché très concurrentiel où la volatilité des clients reste élevée.
Et surtout, cette initiative pourrait bien donner des idées à la concurrence. Orange, SFR et Free n’ont pour l’instant pas emboîté le pas, mais rien ne garantit qu’ils n’envisagent pas des dispositifs similaires. Le risque de contagion est réel.
Que vous coûte réellement une résiliation aujourd’hui ?
Pour mieux visualiser la situation actuelle sur le marché, voici un tableau comparatif des frais de résiliation pratiqués en mai 2025 par les principaux opérateurs sur leurs offres mobiles sans engagement :
Opérateur | Offre concernée | Frais de résiliation | Commentaire |
---|---|---|---|
Bouygues Telecom | B&You | 5 € | En vigueur depuis mai 2025 (anciens clients à partir du 9 juin) |
SFR (RED) | RED by SFR | 0 € | Pas de frais, mais parfois des hausses discrètes de tarifs |
Orange (Sosh) | Sosh | 0 € | Résiliation gratuite |
Free Mobile | Forfait Free à 2 € / 19,99 € | 0 € | Aucun frais, offre toujours sans engagement |
Bouygues est donc aujourd’hui le seul à avoir franchi cette ligne rouge, mais pourrait ne plus rester seul longtemps si cette mesure se banalise.
Que faire si l’on est client B&You ?
Les clients actuels disposent d’un délai de 4 mois à compter de la réception de la notification pour résilier leur contrat sans payer les 5 € de frais. Au-delà, les frais s’appliqueront automatiquement. Voici les étapes recommandées :
- Vérifiez si vous avez reçu un courrier ou un mail de Bouygues Telecom signalant la modification contractuelle.
- Programmez un rappel avant début septembre 2025, pour prendre votre décision de résiliation sans frais.
- Comparez les offres alternatives : certains opérateurs proposent de rembourser les frais de résiliation pour les nouveaux arrivants.
- Si vous n’avez pas été clairement informé, vous pouvez contester la facturation auprès du service client, voire saisir un médiateur si nécessaire.
Une logique qui inquiète au-delà du mobile
Cette modification contractuelle pourrait bien marquer un tournant plus large dans la relation entre opérateurs et consommateurs. En imposant des frais jusque-là inexistants, Bouygues Telecom teste une nouvelle norme, au risque de banaliser une pratique qui restait marginale.
C’est d’autant plus préoccupant que la stratégie rappelle d’autres tendances récentes dans les services numériques : des hausses de prix discrètes, des frais ajoutés çà et là, et une érosion progressive des avantages client. Le consommateur est souvent mis devant le fait accompli, s’il n’a pas lu une ligne en bas d’un mail noyé dans des contenus marketing.
Si cette initiative passe sans opposition massive, elle pourrait bien inspirer d'autres acteurs du marché.
Surveiller, comparer, résister
Ce changement chez Bouygues Telecom, s’il paraît mineur, doit être pris au sérieux. Car la généralisation de ces frais pourrait à terme vider de son sens le modèle du sans engagement, qui reste l’un des rares garde-fous contre la mainmise tarifaire des opérateurs.
Les consommateurs doivent rester vigilants, lire attentivement chaque communication contractuelle, et ne pas hésiter à exercer leur droit à résilier dans les délais légaux. Face à cette nouvelle donne, le meilleur réflexe reste encore la lucidité et la mobilité.