Depuis 1978, les retraités bénéficient d’un abattement fiscal de 10 % sur leurs pensions, un avantage initialement pensé pour compenser des frais professionnels. Mais cette réduction est aujourd’hui remise en question par les économistes et certains responsables politiques, au point de figurer parmi les pistes de réforme fiscale en 2025. Alors, si cette mesure venait à disparaître, quelles seraient les conséquences et qui serait concerné ?
Retraités : la fin de l’abattement fiscal de 10 % est sur la table… qui paiera la facture en 2025 ?
Pourquoi cet abattement fiscal est-il sur la sellette ?
L’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités avait une justification claire à sa création : compenser les frais professionnels que ces derniers supportaient encore en tant qu’anciens actifs. Pourtant, aujourd’hui, cet argument ne convainc plus. Les retraités ne supportant plus de frais liés à leur activité professionnelle, des experts jugent cet avantage obsolète.
Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites, estime que la suppression de cette mesure pourrait générer près de 4 milliards d’euros d’économies par an. Une manne financière bienvenue dans un contexte de forte pression budgétaire, exacerbé par le vieillissement de la population et l’augmentation des dépenses publiques.
Quels retraités seront impactés ?
La fin de cet abattement ne concernerait pas tous les retraités de la même manière. Les retraités modestes – souvent exonérés d’impôts ou faiblement imposés – seraient peu ou pas affectés.
En revanche, pour les retraités aux revenus plus élevés, l’impact pourrait être significatif. Selon Pierre Madec, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les 20 % les plus aisés pourraient voir leur facture fiscale augmenter de 700 à 800 euros par an. Ce chiffre varie en fonction des montants perçus et du nombre de parts fiscales.
Le gouvernement pourrait toutefois prévoir une exonération partielle pour les petites retraites, afin de limiter l’impact sur les foyers les plus vulnérables.
Un argument d’équité fiscale… mais des conséquences à anticiper
Derrère cette réforme se cache une volonté affichée d’équité fiscale. Patrick Martin, président du Medef, qualifie d’« aberrant » le maintien d’un abattement réservé aux frais professionnels pour des retraités. Cette logique pourrait paraître justifiable sur le papier, mais elle suscite déjà des critiques.
Quels risques pour l’économie ?
L’augmentation des impôts pour une partie des retraités pourrait freiner leur consommation, un pilier important de l’économie française. Les retraités aisés participent souvent aux dépenses locales, qu’il s’agisse de loisirs, de tourisme ou de services. Toute baisse de leur pouvoir d’achat pourrait donc avoir des répercussions indirectes sur l’économie.
Un risque de crispation sociale
Les retraités représentent une tranche d’âge politiquement active et influente. La suppression d’un avantage fiscal, perçue comme une attaque ciblée, pourrait entraîner une mobilisation importante. Dans un climat social tendu, ce type de mesure doit être manié avec précaution.
Comment les retraités peuvent anticiper une telle réforme ?
Bien que rien ne soit encore acté, il est judicieux pour les retraités d’anticiper les changements fiscaux possibles. Voici quelques pistes pour mieux s’y préparer :
- Réaliser un audit fiscal personnel : faire appel à un conseiller fiscal pour comprendre comment cette suppression pourrait affecter votre situation.
- Optimiser ses placements : investir dans des produits d’épargne exonérés d’impôt, comme le livret A ou l’assurance vie, pour compenser la hausse de la fiscalité.
- Adapter son budget : réévaluer ses dépenses courantes pour prévoir une marge de manœuvre en cas de hausse des impôts.
Une réforme qui divise et interpelle
La suppression de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités s’inscrit dans une logique d’équilibre budgétaire, mais elle pose la question de l’équité et des conséquences sociales. Si cette mesure permettrait de renflouer les caisses de l’État, elle pourrait également engendrer des tensions dans une tranche d’âge qui constitue un électorat puissant.
Plus largement, cette piste de réforme révèle une tendance : les retraités, longtemps perçus comme une catégorie privilégiée, pourraient être appelés à contribuer davantage dans un contexte de réorganisation fiscale. Une évolution qui, si elle n’est pas soigneusement encadrée, pourrait redéfinir leur place dans l’économie et dans la société.