Cracher en public, bientôt interdit ? Et si ce petit geste répugnant cachait un vrai danger

Longtemps considéré comme une simple incivilité, le crachat en public pourrait bien devenir l’objet d’un débat de société plus large. À l’intersection entre hygiène, santé publique, respect de l’espace commun et menace épidémiologique, ce réflexe — souvent banal pour certains — soulève aujourd’hui de sérieuses interrogations. Et si l’interdiction pure et simple de cracher sur la voie publique était la prochaine mesure sanitaire adoptée ?

Par Eve
crachat rue
© iStock

Un comportement plus dangereux qu’on ne le pense

Le geste peut paraître anodin : un raclement de gorge suivi d’un crachat sur le trottoir. Pourtant, la salive est un vecteur biologique puissant, capable de transporter de nombreux agents pathogènes. Lors d’un épisode de toux ou simplement dans la salive, on peut retrouver des virus respiratoires (comme le SARS-CoV-2, responsable de la COVID-19), des bactéries (telles que Mycobacterium tuberculosis, responsable de la tuberculose), mais aussi des champignons ou parasites.

Selon une étude publiée dans Clinical Microbiology Reviews, la salive humaine contient plus de 700 espèces microbiennes différentes. Or, ces agents peuvent survivre plusieurs heures, voire plusieurs jours selon les conditions de température et d’humidité, lorsqu’ils sont déposés sur le sol. Dès lors, marcher sur un crachat contaminé, ou respirer des particules remises en suspension par un courant d’air ou le nettoyage urbain, expose indirectement la population à des risques infectieux.

Une interdiction déjà en vigueur… mais rarement appliquée

Ce comportement n’est pas laissé sans cadre légal. Depuis un décret de 1942, cracher sur la voie publique est interdit en France. Cette mesure, héritée des campagnes de lutte contre la tuberculose au XXe siècle, vise à limiter la dissémination de microbes en ville. Elle reste aujourd’hui en vigueur, bien que peu connue du grand public. Cracher sur la voie publique expose à une amende forfaitaire de 135 euros, pouvant grimper à 1 500 euros en cas de récidive ou dans des lieux spécifiques comme les transports en commun.

Homme Qui Crache
© iStock

Certaines villes ont réactivé ou renforcé cette interdiction, notamment pendant la pandémie de COVID-19. La ville de Neuilly-Plaisance a pris un arrêté municipal en avril 2020 interdisant formellement tout crachat dans l’espace public, sous peine d’amende. D'autres communes, comme Nice ou Toulouse, ont mis en place des campagnes de sensibilisation, souvent en lien avec la propreté urbaine.

Un enjeu de santé publique et de respect collectif

Au-delà de la réglementation, c’est une question d’hygiène et de vivre-ensemble qui se pose. Cracher en public est perçu par beaucoup comme un acte incivique, voire agressif. Dans les enquêtes menées sur le sentiment de sécurité ou de salubrité urbaine, les comportements comme les crachats, les déjections canines ou les jets de détritus figurent régulièrement parmi les premiers irritants cités par les habitants.

L’Institut Paris Région notait déjà en 2018, dans une étude sur l’usage des espaces publics, que plus de 65 % des Franciliens considéraient les incivilités liées à l’hygiène (dont les crachats) comme un facteur majeur de dégradation du cadre de vie.

Cracher en public – Un geste à risque sous toutes ses formes

Aspect Risques ou conséquences
Sanitaire Transmission de virus (COVID-19, grippe), bactéries (tuberculose), champignons
Juridique Amende de 135 € (voire 1 500 €), aggravation possible si fait sur une personne
Civique Geste perçu comme irrespectueux et répugnant, rejet social
Environnemental Souillure de l’espace public, nettoyage coûteux pour les municipalités
Historique Décret de 1942 encore en vigueur, renforcé ponctuellement lors de crises sanitaires

Des pistes pour éradiquer le phénomène

Pour lutter efficacement contre cette pratique, l’approche ne peut être uniquement punitive. Il est nécessaire d’agir aussi sur les mentalités et l’éducation. Des campagnes de sensibilisation ciblées, à destination notamment des jeunes ou dans les lieux à forte affluence (stades, gares), pourraient jouer un rôle. L’installation de poubelles équipées de mouchoirs jetables ou d’essuie-bouches, comme cela se fait en Asie, serait aussi une piste à explorer.

Les transports en commun, en particulier, sont des lieux où le crachat est à la fois plus visible et plus problématique. La RATP et la SNCF ont d’ailleurs intégré cette interdiction dans leurs règlements intérieurs. Un acte de crachat volontaire sur un agent ou un usager est même considéré comme une forme de violence légère, punie d’amendes allant jusqu’à 750 euros, voire un an d’emprisonnement si la cible est une autorité publique.

Vers une prise de conscience collective

Dans un monde confronté à des crises sanitaires récurrentes, la prévention des gestes à risque doit évoluer. Ce qui relevait autrefois d’un simple bon sens ou d’une règle d’urbanité devient aujourd’hui un enjeu sanitaire global. L’interdiction claire, appliquée et expliquée de cracher en public ne relève donc pas de l’obsession hygiéniste, mais d’un réflexe de santé publique moderne.

À une époque où chaque geste compte, où les infections respiratoires menacent à grande échelle, où l’espace public est de plus en plus partagé, le crachat n’a plus sa place. Pas par simple souci de propreté, mais parce que ce petit geste répugnant pourrait bien avoir de grandes conséquences.

Un commentaire à «Cracher en public, bientôt interdit ? Et si ce petit geste répugnant cachait un vrai danger»

  • On commence aussi par les rencontres sportives ? Nombreux sont les crachats de personnes parfois vénérées et retransmis en direct à des millions de personnes, que l’exemple soit aussi bien ordonné.

    Répondre
Laisser un commentaire

Les commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés
* Champs obligatoires