Les injonctions alimentaires n’ont jamais été aussi nombreuses. Entre les recommandations contradictoires, les effets de mode et les discours pseudo-scientifiques relayés à tout-va, il devient difficile de distinguer le vrai du faux. Certaines idées bien ancrées dans les esprits peuvent même nuire à notre santé sans que nous en ayons conscience. Zoom sur six idées reçues à remettre en question, pour manger plus intelligemment et avec plaisir.
Gluten, galettes de riz, œufs… Six idées reçues qui sabotent discrètement votre santé
Le gluten : un coupable trop facilement désigné
Accusé de tous les maux, le gluten est devenu un ennemi public dans de nombreux régimes. Pourtant, la maladie cœliaque, seule pathologie nécessitant une éviction stricte, ne concerne que 1 à 2 % de la population. Pour le reste, rien ne justifie une exclusion systématique.
Anthony Berthou, nutritionniste, rappelle que le gluten du blé moderne est présent partout, y compris dans des produits insoupçonnés comme des soupes ou charcuteries. Si certains évoquent une hypersensibilité non cœliaque, celle-ci n'est pas toujours liée au gluten lui-même, mais à d'autres composants ou à un effet nocebo. En pratique, mieux vaut privilégier des blés anciens (petit épeautre, amidonnier), du pain au levain naturel, et varier les sources de céréales. Pas besoin de diaboliser, mais plutôt de diversifier.
Les œufs : une fausse menace pour le cœur
Pendant des années, on a répété qu’il fallait limiter les œufs à trois par semaine, en raison de leur teneur en cholestérol. Cette recommandation repose sur des connaissances aujourd’hui dépassées.
Le cholestérol alimentaire n’a qu’un faible impact sur le taux sanguin, sauf cas particulier (hypercholestérolémie familiale). Par ailleurs, l’œuf est une excellente source de protéines, de vitamines et de bons acides gras. Sauf avis médical contraire, consommer un à deux œufs par jour ne présente aucun risque cardiovasculaire. Privilégiez-les à la coque ou mollets, pour mieux conserver les nutriments.
Les galettes de riz : un faux allié minceur
Elles semblent légères, pratiques, et rassurantes pour celles et ceux qui surveillent leur ligne. Pourtant, les galettes de riz soufflé ont un index glycémique très élevé en raison de leur fabrication industrielle (cuisson à haute température sous pression).
Résultat : leur consommation provoque une hausse rapide de la glycémie, suivie d'une hypoglycémie réactionnelle. Cela favorise le grignotage, la prise de poids et les risques métaboliques. Mieux vaut opter pour un encas riche en fibres et protéines, comme des oléagineux ou du pain complet.
Le sucre roux : pas plus vertueux que le blanc
Le sucre roux bénéficie d’une image de produit plus naturel et plus sain. Pourtant, les analyses montrent que sa richesse en minéraux est insignifiante : moins de 0,001 g de différence par morceau par rapport au sucre blanc.
Le problème n’est pas la couleur du sucre, mais la quantité consommée. Il est donc illusoire de croire que remplacer le sucre blanc par du roux améliore significativement l’alimentation. L’objectif reste de réduire la dépendance au goût sucré, en rééduquant le palais progressivement.
Le vin rouge : une légende persistante sur le cœur
Le fameux "french paradox", selon lequel une consommation modérée de vin rouge protègerait le cœur, ne résiste pas à l’analyse scientifique. Le resvératrol, antioxydant présenté comme la molécule miracle, devrait être consommé à des doses inatteignables via le vin : entre 500 et 2 000 litres par jour pour observer un effet thérapeutique.
Aujourd’hui, les autorités sanitaires sont claires : aucune quantité d’alcool n’est bénéfique pour la santé. Cela ne signifie pas qu’il faille interdire le plaisir d’un verre, mais il faut le consommer avec modération, dans le cadre des repères : pas plus de deux verres par jour, dix par semaine, avec des jours d’abstinence.
Les compléments alimentaires : pas toujours nécessaires, parfois risqués
Vitamines, minéraux, collagène, oméga 3... Le marché des compléments alimentaires explose, souvent sans fondement solide. S’ils peuvent s’avérer utiles dans des cas précis (grossesse, carence diagnostiquée, pathologie), ils ne remplacent pas une alimentation équilibrée.
Pire encore, les excès ou mélanges inadaptés peuvent être toxiques, notamment pour le foie. Certains compléments mal contrôlés peuvent interagir avec des médicaments ou contenir des substances nocives. Sans avis d’un professionnel de santé qualifié, mieux vaut s’en passer.
Tableau récapitulatif : idées reçues vs réalités
Idée reçue | Réalité scientifique |
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Le gluten est mauvais pour tout le monde | Seule une minorité est concernée, mieux vaut réduire sans éliminer systématiquement |
Il ne faut pas manger plus de 3 œufs par semaine | Jusqu’à 2 œufs/jour ne pose aucun problème pour la majorité des gens |
Les galettes de riz sont idéales pour les régimes | Leur IG élevé favorise les pics glycémiques et le stockage des graisses |
Le sucre roux est meilleur que le blanc | Différences nutritionnelles négligeables, objectif : réduire globalement le sucre |
Le vin rouge protège le cœur | Aucun bénéfice avéré, les risques de l’alcool l’emportent sur les potentiels bienfaits |
Les compléments alimentaires sont indispensables | Utile seulement en cas de besoin ciblé, sinon inutiles voire dangereux |
Manger mieux, c’est aussi penser autrement
Le bon sens alimentaire ne passe pas par des règles strictes, mais par une compréhension éclairée des besoins du corps. Plutôt que de tomber dans les excès ou les privations inutiles, mieux vaut se réconcilier avec une alimentation variée, vivante et adaptée à ses besoins réels. Déjouer ces idées reçues, c’est déjà faire un pas vers une meilleure santé.
Source : Santé Le Figaro