Grippe : Santé publique France dresse un bilan sans appel sur l’hiver 2024-2025

Précocité, durée inhabituelle, sévérité marquée dans toutes les tranches d’âge… La saison grippale 2024-2025 s’impose comme l’une des plus redoutables de ces dernières années. Dans son dernier rapport, Santé publique France alerte sur un impact sanitaire massif et appelle à renforcer la prévention.

Par Eve
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Une épidémie plus précoce, plus longue et plus sévère que la moyenne

Dès le début du mois de décembre 2024, les signaux étaient clairs : la grippe s’installait plus tôt que prévu, amorçant une épidémie qui allait s’étendre sur trois mois en métropole, jusqu’à la fin février 2025. La phase post-épidémique s’est ensuite prolongée dans plusieurs régions, tandis que les départements d’outre-mer étaient encore concernés début avril.

Cette saison s’est distinguée par une sévérité accrue, en particulier chez les moins de 5 ans et les plus de 65 ans. Des tranches d’âge habituellement plus vulnérables, mais qui ont été frappées avec une intensité supérieure à celle observée les années précédentes. L’épidémie a également touché l’ensemble des régions françaises, sans réelle disparité géographique.

Une charge hospitalière exceptionnelle

Santé publique France estime à près de 30 000 le nombre d’hospitalisations liées à la grippe, un chiffre nettement supérieur à celui d’une saison moyenne. Si les personnes âgées constituent toujours la majorité des cas graves, le rapport souligne une part inhabituelle d’enfants hospitalisés, notamment autour des fêtes de fin d’année, période propice à la transmission intergénérationnelle.

Quant au bilan en matière de mortalité, environ 5 000 décès ont été certifiés électroniquement comme directement liés à la grippe. Un chiffre probablement sous-estimé, comme le reconnaît l’agence, les données électroniques ne couvrant pas l’ensemble des décès survenus pendant cette période.

Les causes d’une épidémie hors norme

Selon les épidémiologistes, plusieurs facteurs ont contribué à amplifier l’ampleur de la grippe cette année :

  • La co-circulation de trois souches virales (A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria), complexifiant la prise en charge et la couverture vaccinale.
  • Une couverture vaccinale insuffisante, notamment chez les personnes âgées et les publics à risque.
  • Une efficacité modérée du vaccin, avec une protection jugée « faible à moyenne » chez les plus de 65 ans, selon les premières données d’évaluation.
  • Une forte circulation du virus chez les enfants scolarisés, vecteurs clés de transmission pendant les fêtes de fin d’année.

Ces éléments ont créé un contexte épidémique particulièrement propice à la diffusion rapide et large du virus, entraînant de lourdes conséquences sanitaires.

Voici un tableau synthétique des principaux indicateurs de la saison :

Indicateur Valeur 2024-2025 Observation
Durée de l’épidémie (métropole) 3 mois (déc. à fév.) Plus longue que la moyenne
Nombre d’hospitalisations ~30 000 Majoritairement >60 ans, mais hausse notable chez les enfants
Décès certifiés liés à la grippe Environ 5 000 Estimation partielle et minimale
Souches virales en circulation A(H1N1), A(H3N2), B/Victoria Circulation simultanée inhabituelle
Efficacité du vaccin (personnes âgées) Faible à modérée Impact limité sur les formes graves
Couverture vaccinale (populations à risque) < 40 % dans certaines régions Objectif de santé publique non atteint

Des conséquences au-delà de la grippe

Cette saison grippale a également eu un effet de ricochet sur d’autres pathologies. La forte circulation du virus a contribué à affaiblir les défenses immunitaires des personnes exposées, ce qui aurait favorisé une recrudescence des infections à méningocoques, selon Santé publique France.

En revanche, la bronchiolite chez les nourrissons est restée d’intensité modérée, comparable aux saisons d’avant-Covid. Cette stabilité s’explique en partie par la disponibilité de nouveaux traitements de prévention pour les bébés, qui commencent à produire leurs effets. Quant au Covid-19, il a peu circulé cet hiver, confirmant sa tendance à devenir moins saisonnier dans sa dynamique.

Un appel clair à renforcer la prévention

Le bilan de Santé publique France souligne une nécessité urgente de renforcer la prévention vaccinale. L’agence appelle à :

  • Améliorer la couverture vaccinale, en particulier chez les personnes âgées et les professionnels de santé.
  • Mieux anticiper la variabilité des souches virales, pour ajuster au mieux la composition des vaccins.
  • Renforcer la communication autour des gestes barrières, souvent relâchés depuis la sortie de la crise Covid.

Enfin, l’épidémie de cet hiver remet en lumière l’importance de la surveillance épidémiologique continue, à l’échelle nationale et régionale, pour adapter les réponses sanitaires en temps réel.

Mieux se préparer pour demain

À travers ce rapport sans équivoque, Santé publique France alerte sur les failles du système de prévention et les marges de progression collectives. L’hiver 2024-2025 restera un rappel brutal : la grippe n’est pas un virus bénin. Dans un contexte de vieillissement de la population et de fatigue post-pandémique, l’enjeu est double : préserver la santé publique et éviter que l’épidémie ne devienne un rendez-vous annuel sous-estimé mais meurtrier.

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