L’hypertension artérielle touche environ un adulte sur trois en France, mais elle reste souvent mal diagnostiquée ou mal contrôlée. Pour y remédier, les autorités de santé encouragent désormais la pratique de l’automesure tensionnelle à domicile. Cette méthode, à la fois simple et fiable, permet de mieux évaluer la tension réelle du patient, en dehors du stress du cabinet médical. Un tournant important dans la lutte contre cette pathologie silencieuse, mais aux conséquences graves.
Hypertension : cette nouvelle recommandation des médecins pourrait éviter des erreurs de diagnostic
Pourquoi la tension mesurée en cabinet est parfois trompeuse
De nombreux patients présentent une tension élevée uniquement lorsqu’ils sont chez le médecin, phénomène connu sous le nom d’hypertension "blouse blanche". À l’inverse, d’autres peuvent afficher des chiffres rassurants en consultation mais avoir une tension réellement trop haute à domicile. C’est ce qu’on appelle l’hypertension masquée.
Dans les deux cas, le diagnostic peut être faussé, conduisant à un traitement inutile ou à une absence de prise en charge. Or, une hypertension non traitée peut entraîner, à terme, des complications graves : accident vasculaire cérébral (AVC), infarctus, insuffisance rénale, démence vasculaire…
L’automesure à domicile : une méthode de plus en plus utilisée
Face à ces limites, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande depuis plusieurs années la pratique de l’auto-mesure de la tension. Cette méthode consiste à prendre soi-même sa tension artérielle à domicile, avec un appareil validé, en suivant un protocole bien défini.
Les études montrent que l’automesure est plus prédictive du risque cardiovasculaire que les mesures en cabinet. Elle permet également d’impliquer le patient dans sa prise en charge, en renforçant l’observance du traitement.
Un protocole simple à suivre chez soi
Pour être fiable, l’automesure doit respecter un protocole précis, appelé "règle des 3" :
- 3 mesures le matin avant le petit-déjeuner
- 3 mesures le soir avant le coucher
- Pendant 3 jours consécutifs
On obtient ainsi 18 valeurs, qui permettent au médecin d’établir une moyenne représentative, plus fidèle que les quelques chiffres relevés en consultation.
Voici un résumé du protocole :
Étape | Détail |
---|---|
Durée de la mesure | 3 jours consécutifs |
Fréquence | 3 mesures le matin, 3 mesures le soir |
Moment idéal | Avant repas et prise de médicaments |
Position | Assis, au calme, bras posé à hauteur du cœur |
Appareil recommandé | Tensiomètre automatique à bras validé |
Valeurs normales attendues | En automesure : < 135/85 mmHg |
À qui s’adresse cette recommandation ?
L’automesure est particulièrement utile pour :
- Confirmer un diagnostic d’hypertension chez un patient récemment dépisté
- Éviter les surdiagnostics dus au stress du cabinet
- Surveiller l’efficacité d’un traitement antihypertenseur
- Identifier les cas d’hypertension masquée
- Évaluer les patients à risque cardiovasculaire élevé (diabétiques, insuffisants rénaux, antécédents d’AVC…)
Les personnes âgées, souvent sujettes à des variations tensionnelles, sont aussi concernées, tout comme les patients anxieux ou ceux vivant loin d’un médecin traitant.
Quels appareils choisir et où se les procurer ?
Tous les tensiomètres ne se valent pas. Il est essentiel de choisir un appareil :
- Automatique (électronique)
- À brassard (et non poignet)
- Validé cliniquement par des organismes comme l’ANSM ou la Société Française d’Hypertension Artérielle (SFHTA)
Certains modèles sont remboursés sur prescription médicale pour les patients en ALD (affection de longue durée), ou peuvent être prêtés en pharmacie.
Une pratique encore trop peu connue… mais en forte progression
Malgré ses avantages, l’automesure reste sous-utilisée en France. Selon un sondage IFOP de 2022, seuls 1 hypertendu sur 2 a déjà pratiqué une automesure régulièrement. Pourtant, son adoption permettrait d’éviter des erreurs de diagnostic dans environ 20 à 30 % des cas.
Les professionnels de santé encouragent désormais systématiquement cette démarche, notamment à l’occasion d’un dépistage lors du bilan de prévention gratuit proposé aux assurés de 60 à 74 ans.
Mieux soigner en mesurant mieux
Adopter l’automesure tensionnelle, c’est reprendre la main sur sa santé, en fournissant au médecin des données fiables et complètes. C’est aussi limiter les prescriptions inutiles, éviter des effets secondaires injustifiés, et mieux adapter les traitements au profil réel du patient.
Dans un contexte de vieillissement de la population et de prévalence croissante de l’hypertension, ce geste simple, accessible à tous, pourrait bien changer la donne pour des millions de Français.