Une contamination généralisée par des hydrocarbures
Premier constat majeur : la moitié des huiles analysées contiennent des dérivés du pétrole, en particulier deux types d’hydrocarbures :
- MOSH (Mineral Oil Saturated Hydrocarbons) : ces substances peuvent s’accumuler dans le foie et le système lymphatique, sans être éliminées.
- MOAH (Mineral Oil Aromatic Hydrocarbons) : considérées comme cancérogènes potentielles, elles ne devraient pas être présentes dans les produits alimentaires.
L’huile de la marque Eco+ fait figure de mauvais élève, contenant des MOAH en quantité cinq fois supérieure à la limite recommandée par l’Union européenne. D’autres marques comme Carapelli et Monini présentent également des traces de MOSH.
Des plastifiants partout, même dans les huiles bio
Autre fait préoccupant : toutes les huiles testées, bio ou non, contiennent des phtalates ou plastifiants, substances souvent utilisées dans les matériaux industriels et connues pour leur effet perturbateur sur le système endocrinien. Ces contaminants sont susceptibles de migrer des tuyauteries, des cuves ou des emballages vers l’huile elle-même, malgré l’interdiction formelle de leur usage dans les équipements de production alimentaire.
L’huile Terra Delyssa est l’une des plus concernées par cette pollution aux plastifiants, tout comme Carapelli. Seule l’huile Puget limite la casse, avec un seul plastifiant détecté à un niveau très faible.
Un goût qui trahit l’étiquette
Outre les analyses chimiques, un panel sensoriel a évalué la qualité gustative des huiles selon les critères définis pour le label « vierge extra ». Résultat : sept huiles présentent des défauts organoleptiques notables, incompatibles avec cette appellation. Goût moisi, rance ou vinaigré… Ces défauts reflètent soit une mauvaise qualité des olives, soit un stockage ou un traitement inadapté.
Le tableau des huiles d’olive à éviter
Marque |
Présence de MOAH/MOSH |
Plastifiants détectés |
Défauts sensoriels |
À éviter pour… |
Eco+ |
MOAH (x5 norme UE) |
Oui (multiples) |
Oui |
Contamination multiple |
Carapelli |
MOSH |
Fort taux |
Non précisé |
Pollution chimique importante |
Monini |
MOSH |
Présents |
Non précisé |
Risques liés aux hydrocarbures |
Terra Delyssa |
Aucun MOAH détecté |
Fort taux |
Non |
Trop de plastifiants |
Carrefour bio |
Non précisé |
Présents |
Oui |
Défaut gustatif + plastifiants |
Auchan bio |
Non précisé |
Présents |
Oui |
Profil sensoriel non conforme |
Leader Price |
Non précisé |
Présents |
Oui |
Rapport qualité-prix très médiocre |
Comment lire cette liste noire ?
Cette liste ne signifie pas que les huiles citées sont impropres à la consommation immédiate. Mais elles ne répondent pas aux exigences de qualité attendues d’une huile vierge extra et exposent, dans certains cas, à une contamination chronique, notamment en présence de MOAH ou de perturbateurs endocriniens.
Le plus inquiétant réside dans la régularité de ces pollutions, malgré l’existence d’un cadre réglementaire strict. L’enquête remet donc en cause les pratiques industrielles de certaines marques, ainsi que l’efficacité des contrôles.
Quelques marques s’en sortent mieux
L’étude mentionne également quelques huiles ayant obtenu de meilleurs résultats, à la fois du point de vue chimique et gustatif. C’est le cas de Leos, Costa d’Oro et dans une moindre mesure Puget, qui limitent les résidus et préservent une bonne qualité organoleptique.
Recommandations aux consommateurs
En attendant un éventuel renforcement des obligations réglementaires, les consommateurs peuvent :
- Éviter les huiles d’entrée de gamme, souvent produites à moindres coûts et avec moins d’exigence.
- Privilégier les petits producteurs ou les AOP (Appellations d’Origine Protégée), souvent plus rigoureux.
- Lire les comparatifs indépendants, comme ceux de 60 Millions de consommateurs, pour éclairer leur choix.
Une vigilance plus que jamais nécessaire
L’enquête de 60 Millions met au jour un écart flagrant entre l’image d’un produit « sain » et la réalité industrielle. Derrière l’étiquette valorisante « vierge extra » se cache parfois une qualité douteuse, voire une contamination chimique préoccupante. Il revient désormais aux consommateurs, mais aussi aux pouvoirs publics, de faire pression pour plus de transparence et de contrôle dans une filière où la confiance est en jeu.
Source : 60 millions de consommateurs / Mai 2025