Placards toxiques : ces produits ménagers encore en vente malgré leur nocivité avérée

Sprays désinfectants, lingettes multi-usages, nettoyants pour WC ou vitres… Ces produits d’entretien ont envahi nos placards, au nom de l’hygiène et de la propreté. Pourtant, plusieurs d’entre eux contiennent des substances reconnues comme nocives pour la santé, voire l’environnement. Et malgré les alertes répétées d’associations comme 60 Millions de consommateurs ou UFC-Que Choisir, ces produits sont toujours légalement commercialisés.

En avril 2025, 60 Millions de consommateurs a publié une nouvelle enquête accablante : de nombreux produits ménagers, même parmi les plus vendus, contiennent des ingrédients irritants, allergisants, voire perturbateurs endocriniens, sans toujours en informer clairement le consommateur.

Par Eve
produits ménagers toxiques
© iStock

Des substances à risque encore trop répandues

L’analyse des étiquettes de plus de 80 produits a permis de dresser une cartographie des molécules les plus problématiques. Parmi elles :

  • Les isothiazolinones, comme le méthylisothiazolinone (MIT), utilisés comme conservateurs mais très allergisants ;
  • Les ammoniums quaternaires, désinfectants irritants pour les voies respiratoires ;
  • Certains parfums synthétiques, soupçonnés de perturber le système hormonal ;
  • Le formaldéhyde ou ses libérateurs, cancérogènes connus encore présents dans certains nettoyants bon marché.

Ces composés peuvent se retrouver dans l’air ambiant après usage, être inhalés ou passer par la peau, avec des effets qui s’accumulent dans le temps.

Des produits testés… et pointés du doigt

L’enquête de 60 Millions de consommateurs (avril 2025) montre que certains produits d’usage courant cumulent plusieurs substances à risque, notamment dans les lingettes, les désinfectants multi-surfaces ou les nettoyants pour la salle de bains.

Tableau : Exemples de produits ménagers problématiques recensés en 2025

Produit testé Type Substances en cause Risque identifié
Spray désinfectant WC Aérosol Ammoniums quaternaires, parfum synthétique Irritations respiratoires
Lingettes multi-usages parfumées Lingettes MIT, parfums allergisants Allergies cutanées, eczéma
Nettoyant vitres “fraîcheur” Liquide Éthanolamine, isopropanol Irritations yeux et poumons
Nettoyant cuisine ultra-dégraissant Liquide Libérateurs de formaldéhyde Risque cancérogène
Désodorisant d’intérieur “brume fleurie” Spray Composés organiques volatils (COV), muscs synthétiques Effets endocriniens possibles

Ces produits sont toujours autorisés à la vente, car les doses de substances sont inférieures aux seuils réglementaires. Mais les experts de la santé publique rappellent que les expositions répétées à faible dose peuvent aussi être nocives, notamment chez les enfants, les femmes enceintes, les asthmatiques ou les personnes âgées.

Une information encore trop opaque

Un des problèmes majeurs pointés par 60 Millions de consommateurs concerne l’opacité de l’étiquetage. De nombreux fabricants se contentent de mentions vagues : “parfum”, “agents conservateurs”, “substances désinfectantes”, sans détailler leur nature ni leur impact.

Cette ambiguïté empêche le consommateur de faire un choix éclairé. De plus, les labels marketing comme “fraîcheur longue durée” ou “formule active” masquent souvent une composition chargée en substances chimiques agressives.

Des alternatives plus saines existent

Heureusement, des solutions plus respectueuses de la santé et de l’environnement existent. Certaines marques ont opté pour des formules plus simples, à base de vinaigre blanc, bicarbonate de soude, acide citrique ou huiles essentielles (en petite quantité).

Les produits labellisés Ecolabel européen, Nature & Progrès ou Ecocert offrent des garanties minimales sur l’absence de substances controversées, même si tous ne se valent pas.

Les recettes maison (vinaigre + eau + citron, savon noir, bicarbonate + eau chaude) connaissent aussi un regain d’intérêt, car elles sont économiques, efficaces et sans risques pour la santé.

Ce que recommande 60 Millions de consommateurs

Dans ses publications récentes, le magazine appelle à :

  • Une interdiction stricte de certains conservateurs allergisants, comme le MIT ;
  • Un étiquetage détaillé et lisible des substances chimiques présentes dans chaque produit ;
  • Une interdiction de la mention “hypoallergénique” sans preuve scientifique ;
  • Un affichage obligatoire des composés volatils à potentiel nocif, en particulier pour les sprays.

L’association encourage également les consommateurs à privilégier les produits certifiés et à consulter les analyses indépendantes, via des comparatifs ou des applications comme Clean Beauty ou INCI Decoder.

Une vigilance du quotidien

Nettoyer ne devrait pas nuire à la santé. Pourtant, ce paradoxe persiste dans de nombreux foyers, à cause de l’inertie réglementaire et de stratégies marketing bien rodées.

Face à cela, la meilleure arme reste l’information. Lire les étiquettes, éviter les parfums trop puissants, aérer après usage, préférer les formules courtes et naturelles : ces gestes simples font une vraie différence.

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