Elle avait presque disparu, et pourtant elle refait surface. La rougeole, maladie virale hautement contagieuse, connaît une recrudescence préoccupante en France et dans plusieurs pays européens. Santé publique France tire la sonnette d’alarme et appelle à une vigilance accrue, notamment en matière de vaccination.
Santé publique France alerte sur une résurgence de cette maladie qui inquiète l’Europe
Une flambée silencieuse mais bien réelle
Depuis le début de l’année 2025, la rougeole regagne du terrain, une évolution qui surprend par son ampleur et son rythme. Selon les dernières données de Santé publique France, 180 cas ont été déclarés en France entre le 1er janvier et le 14 mars, soit plus du double de ceux recensés à la même période en 2024 (83 cas). La majorité des cas se concentrent dans certaines régions à faible couverture vaccinale, ce qui rend leur contrôle plus difficile.
Plus inquiétant encore, cette recrudescence ne s’arrête pas aux frontières françaises. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a également signalé une multiplication par 30 des cas en Europe entre 2022 et 2023, une tendance qui se confirme début 2025. Les flambées sont souvent localisées dans des zones où la vaccination est insuffisante, et où le virus peut se propager rapidement au sein des populations non immunisées.
Une maladie que l’on a peut-être sous-estimée
La rougeole n’est pas une pathologie bénigne. Elle peut entraîner des complications graves, notamment chez les jeunes enfants, les femmes enceintes ou les personnes immunodéprimées. Otites, pneumonies, encéphalites, voire décès : ses conséquences sont parfois dramatiques. Or, la vaccination reste le seul rempart efficace contre cette infection.
Le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) est recommandé en deux doses, administrées à 12 mois puis entre 16 et 18 mois. Pourtant, la couverture vaccinale reste insuffisante dans plusieurs départements français, notamment en Guyane, en Île-de-France ou dans certaines zones rurales.
Voici un tableau synthétique des chiffres clés de la rougeole en 2025 :
Indicateur | Chiffre / Situation actuelle | Observation |
---|---|---|
Cas recensés en France (janvier-mars 2025) | 180 | +117 % par rapport à 2024 |
Cas dans la tranche 1-4 ans | 38 % | Population la plus touchée |
Proportion de cas non vaccinés | 81 % | Faible adhésion au ROR dans certaines régions |
Cas européens début 2025 | Forte augmentation (OMS) | Multiplication x30 entre 2022 et 2023 |
Objectif de couverture vaccinale (OMS) | 95 % | Seuil requis pour l’immunité collective |
Couverture actuelle en France (2 doses, enfants) | Environ 91 % | En dessous du seuil de protection |
Des facteurs multiples derrière cette résurgence
La pandémie de Covid-19 a joué un rôle non négligeable. Entre 2020 et 2022, les campagnes vaccinales infantiles ont été perturbées, et de nombreux rappels n’ont pas été effectués. En parallèle, la défiance croissante à l’égard des vaccins alimente une baisse de l’adhésion vaccinale dans plusieurs couches de la population.
La désinformation sur les réseaux sociaux continue de répandre des mythes autour du vaccin ROR, malgré les données rassurantes accumulées depuis des décennies sur son efficacité et son innocuité. Santé publique France souligne que les enfants touchés sont majoritairement non vaccinés, ce qui renforce l’urgence d’une relance des campagnes de prévention.
Une riposte organisée, mais encore insuffisante
Face à cette menace, les autorités sanitaires françaises ont renforcé la surveillance épidémiologique. Les professionnels de santé ont reçu des consignes de vigilance accrue pour identifier rapidement les cas et limiter les chaînes de transmission, notamment dans les établissements d’accueil de jeunes enfants.
Des campagnes d’information sont également relancées à l’échelle régionale, en particulier dans les zones les plus touchées. Mais ces efforts peinent à rattraper le retard accumulé.
Selon les spécialistes, seule une couverture vaccinale supérieure à 95 % permettrait d’éviter les flambées, un objectif encore loin d’être atteint, notamment dans certaines poches de population vulnérables ou réticentes.
Agir maintenant pour éviter une crise sanitaire évitable
Le message de Santé publique France est sans ambiguïté : l’heure n’est pas à la banalisation mais à l’action. La rougeole reste une maladie grave, qui tue encore, y compris dans les pays à haut niveau de développement. Or, la protection est à portée de main.
Renforcer la confiance dans le vaccin, rétablir une couverture vaccinale complète chez les enfants, et impliquer activement les professionnels de santé dans la sensibilisation sont des leviers essentiels. La rougeole ne doit pas redevenir une menace permanente : elle peut être contenue, à condition d’une mobilisation immédiate et coordonnée.