Il suffit d’un instant d’ennui, d’un arrêt de bus, d’une pause au travail… et le doigt glisse instinctivement sur l’écran. Scroller est devenu un réflexe universel, si bien qu’on ne s’interroge plus sur ses effets. Pourtant, cette pratique quotidienne, anodine en apparence, ne laisse pas le cerveau indemne. Un neurologue met aujourd’hui en garde contre les conséquences de cette stimulation continue, souvent sous-estimée. Et ce qu’il révèle donne à réfléchir.
Vous scrollez toute la journée ? Voici ce que cela fait réellement à votre cerveau, selon ce neurologue
Ce geste automatique n’est pas si anodin
Le doigt glisse, les images défilent, l’œil reste suspendu à un flot continu de vidéos, de textes, de contenus. Ce geste devenu automatique – le scrolling – s’est imposé dans notre quotidien sans qu’on y prenne garde. Pourtant, ce défilement infini a un coût. Et il est bien plus élevé qu’on ne l’imagine.
Le neurologue Dr Bing, suivi par des centaines de milliers de personnes sur Instagram, tire aujourd’hui la sonnette d’alarme : « Le cerveau humain n’est pas conçu pour être stimulé de façon continue par des récompenses rapides. Or, c’est exactement ce que provoque le scrolling. » Et les conséquences sont visibles, en particulier sur la concentration, l’humeur et la santé mentale.
La dopamine : moteur de plaisir… et de dépendance
À chaque balayage d’écran, une courte vidéo, une image plaisante ou un message stimulant s’affiche. Ce petit plaisir immédiat active une zone bien connue du cerveau : le circuit de la récompense. C’est là qu’entre en jeu la dopamine, ce neurotransmetteur associé au plaisir, à la motivation… mais aussi à l’addiction.
« Plus on scrolle, plus on stimule la libération de dopamine, explique Dr Bing. Ce système de gratification instantanée rend le cerveau avide de nouveautés et d’interactions rapides. » Le problème, c’est que le cerveau s’habitue à ce flux. À force, les activités du quotidien – lire un livre, cuisiner, tenir une conversation – deviennent plus fades, moins motivantes.
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Moins de concentration, plus d’agitation
Ce mécanisme finit par perturber nos capacités d’attention. Le cerveau, nourri au zapping permanent, perd en flexibilité cognitive. Il devient plus difficile de se concentrer sur une tâche longue ou d’analyser une information complexe.
D’après une étude de l’Université de Californie (2023), les jeunes adultes qui passent plus de trois heures par jour à scroller présentent des troubles de l’attention similaires à ceux observés chez les personnes atteintes de TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité).
Dr Bing insiste : « Lorsque le cerveau est bombardé de stimulations rapides, il devient intolérant à la lenteur. La lecture, l’apprentissage, la réflexion profonde deviennent des efforts insurmontables. »
Un effet direct sur l’humeur et l’estime de soi
Autre conséquence directe : le déclin du bien-être émotionnel. Le neurologue explique que la pratique excessive du scrolling interfère avec la production d’ocytocine, hormone liée à l’attachement et à la relation aux autres. En remplaçant les interactions humaines par un face-à-face avec l’écran, on réduit la qualité des liens sociaux et le sentiment de connexion émotionnelle.
De plus, la comparaison constante avec les contenus idéalisés – voyages parfaits, corps retouchés, vies rêvées – peut accentuer l’anxiété, la frustration et un sentiment de dévalorisation.
Une fatigue mentale insidieuse
Le scrolling agit également comme un facteur de surcharge cognitive. Chaque contenu visualisé nécessite une prise de décision, même inconsciente : lire ou passer ? cliquer ou non ? réagir ou ignorer ? Ce processus répété des centaines de fois par jour épuise les capacités du cerveau à rester lucide et à faire des choix pertinents.
« On pense se détendre, mais en réalité, on s’épuise mentalement, souligne Dr Bing. C’est une stimulation continue, sans repos, qui finit par engendrer fatigue, agitation intérieure et baisse de motivation. »
Que faire pour protéger son cerveau ?
Plutôt que de diaboliser la technologie, il s’agit d’apprendre à en faire un usage raisonné. Voici quelques stratégies simples recommandées par des experts en neurosciences et en hygiène numérique :
- Définir des plages sans écran, notamment le matin au réveil et le soir avant de dormir.
- Limiter les notifications pour réduire les sollicitations extérieures.
- Utiliser des applications de suivi du temps d’écran pour prendre conscience de ses habitudes.
- Favoriser des contenus longs et structurés (podcasts, articles, livres) pour entraîner la concentration.
- Pratiquer la déconnexion volontaire, par exemple lors de promenades, repas ou moments entre amis.
Les signes qui doivent alerter
Un usage excessif du smartphone peut entraîner des symptômes que l'on ne relie pas toujours au scrolling. Voici quelques signaux à surveiller :
Symptôme observé | Lié au scrolling excessif ? |
---|---|
Difficulté à se concentrer plus de 10 min | Oui |
Irritabilité après l’utilisation du téléphone | Oui |
Sensation de vide après une session d’écran | Oui |
Insomnie ou troubles du sommeil | Oui |
Difficulté à lire un texte long | Oui |
Le cerveau a besoin de lenteur pour se réparer
Le Dr Bing conclut par une image parlante : « Le cerveau humain fonctionne comme un jardin. Trop le stimuler, c’est comme l’inonder sans relâche. À force, les racines pourrissent. Il a besoin de périodes de calme pour se régénérer. » Reprendre le contrôle de son attention, c’est aussi retrouver une forme de liberté intérieure.
Et si le véritable luxe, aujourd’hui, était d’offrir à son cerveau quelques minutes de silence, sans notifications, sans défilement… juste du temps présent ?