Depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon, plusieurs mesures fiscales sont en discussion pour financer les priorités du pays. Parmi elles, une proposition inquiète particulièrement les épargnants : l’augmentation de la fiscalité sur les revenus du capital, notamment les livrets d’épargne et l’assurance-vie. Si elle venait à être adoptée, cette réforme pourrait avoir un impact direct sur la rentabilité des placements favoris des Français.
Taxer les livrets d’épargne et l’assurance-vie : la proposition du gouvernement Bayrou qui menace votre épargne en 2025
Un relèvement du Prélèvement Forfaitaire Unique à 33 % : ce que cela change pour vous
Le gouvernement envisage d'augmenter le Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), souvent appelé "flat tax", qui s'applique aux revenus du capital. Aujourd'hui fixé à 30 % (12,8 % d'impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux), ce taux pourrait être relevé à 33 %.
Quels produits seraient concernés ?
- Les assurances-vie : les gains sur les contrats de plus de huit ans subiraient un impôt plus lourd.
- Les livrets d'épargne fiscalisés : le Plan Épargne Logement (PEL) et le Compte Épargne Logement (CEL), qui sont déjà soumis au PFU, verraient leur fiscalité alourdie.
- Les dividendes et revenus d’obligations : les placements financiers en actions et obligations seraient eux aussi touchés par cette hausse d'impôt.
Pourquoi cette hausse inquiète-t-elle ?
Une augmentation du PFU signifie une baisse directe des rendements pour les épargnants. Par exemple, un contrat d'assurance-vie rapportant 2 000 € d'intérêts annuels net avant impôts se retrouverait avec 66 € d'impôts en plus à payer chaque année.
Cette mesure pourrait aussi encourager certains investisseurs à se tourner vers des placements moins taxés, voire à réduire leur épargne en faveur de la consommation ou d'autres stratégies patrimoniales.
Le Livret A et le LDDS restent-ils protégés ?
Bonne nouvelle pour les petits épargnants : les livrets réglementés comme le Livret A et le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) ne seraient pas concernés par cette hausse de la fiscalité. Ils continueraient donc d'offrir un taux net d'impôt (actuellement 3 %).
Toutefois, l'inflation étant en baisse, la Banque de France pourrait recommander une baisse du taux du Livret A en août 2025, ce qui pourrait impacter la rentabilité globale de l'épargne des Français.
Une taxation minimale pour les hauts revenus : qui est concerné ?
Parallèlement, le gouvernement souhaite imposer un impôt minimum de 20 % pour les contribuables dont les revenus annuels individuels excèdent 250 000 € (500 000 € pour un couple). Objectif affiché : réduire les stratégies d'optimisation fiscale qui permettent aujourd'hui à certains contribuables de payer très peu d'impôts grâce à des niches fiscales et des montages complexes.
Cette mesure, bien qu'elle vise principalement les très hauts revenus, pourrait affecter les contribuables ayant des placements importants et utilisant des stratégies patrimoniales avancées.
Quels arbitrages possibles face à ces nouvelles taxes ?
Face à ces évolutions fiscales, plusieurs stratégies peuvent être envisagées pour minimiser l'impact sur votre épargne :
- Diversifier les supports d’épargne : L’investissement dans des placements exonérés d'impôts, comme le Plan d'Épargne Retraite (PER), peut être une option intéressante.
- Privilégier les contrats d'assurance-vie de plus de 8 ans : Ces contrats bénéficient d'un abattement fiscal annuel (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple).
- Optimiser son plan d'épargne logement (PEL) : Les PEL ouverts avant 2018 conservent un régime fiscal avantageux.
Vers un changement durable de la fiscalité de l'épargne ?
La proposition du gouvernement Bayrou s’inscrit dans une tendance plus large de rééquilibrage fiscal en faveur du financement des priorités nationales. Si elle est adoptée, elle pourrait marquer un tournant dans la politique fiscale des revenus du capital en France.
Toutefois, cette réforme devra passer l’épreuve du Parlement et pourrait être modifiée ou atténuée en fonction des pressions exercées par les acteurs du secteur financier et les épargnants eux-mêmes.
Dans tous les cas, il est essentiel pour les investisseurs et les détenteurs de contrats d'assurance-vie de rester informés et d’ajuster leurs stratégies patrimoniales en conséquence.