Jusqu’où ira l’État pour financer la défense ? La retraite des Français en danger ?

La question du financement de l’effort de guerre est désormais au cœur du débat public. Alors que la France cherche à renforcer ses capacités militaires face aux tensions internationales, notamment en Ukraine, le gouvernement explore différentes pistes pour dégager plusieurs dizaines de milliards d’euros par an. Parmi elles, une mesure suscite de vives réactions : un possible recul de l’âge de la retraite pour financer la défense nationale. Faut-il travailler plus longtemps pour financer l’armée ? Quels sont les arguments du gouvernement et du patronat ? Pourquoi les syndicats s’opposent-ils fermement à cette idée ? Décryptage d’un débat explosif.

Par Eve
Shallow Depth Of Field (selective Focus) Details With The French Flag On The Military Uniform Of A Soldier
© iStock

Un effort de guerre qui exige des milliards

Le réarmement de la France est devenu une priorité stratégique. Face au désengagement américain en Ukraine et à l’évolution des menaces internationales, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation massive du budget de la défense. L’objectif : trouver 50 milliards d’euros supplémentaires par an pour moderniser les équipements, renforcer les effectifs et accroître la production d’armements.

Mais cette ambition a un prix. L’État doit trouver des ressources sans aggraver une dette publique déjà très élevée. C’est dans ce contexte que certains économistes et représentants du patronat avancent une solution controversée : repousser une nouvelle fois l’âge de la retraite pour dégager des marges budgétaires.

Reporter l’âge de la retraite pour financer l’armée ? Une idée qui divise

L’idée émane notamment de Gilbert Cette, président du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), qui estime que l’entrée dans une économie de guerre rend les débats sur l’âge de départ secondaires, voire dérisoires. Il suggère que la France devra sans doute aller au-delà des 64 ans pour s’adapter aux nouvelles contraintes économiques.

Un argument repris par le Medef, qui plaide pour un report progressif de l’âge de départ à la retraite. Pour Patrick Martin, président du Medef, les réformes précédentes ne suffisent pas et un nouvel ajustement est nécessaire pour garantir la compétitivité du pays.

Pourquoi cette proposition fait débat ?

  • Un choix idéologique plus qu’économique : Certains économistes dénoncent une approche opportuniste visant à utiliser l’argument de la guerre pour justifier un recul de l’âge de la retraite.
  • Une mesure inefficace à court terme : Un report de l’âge légal n’aurait aucun effet immédiat sur les finances publiques, alors que les besoins en matière de défense sont pressants.
  • Un risque social majeur : Reporter encore l’âge de départ pourrait accentuer la colère sociale, après une réforme déjà impopulaire en 2023.

Les syndicats vent debout contre cette proposition

Face à cette hypothèse, l’ensemble des syndicats rejette catégoriquement l’idée d’un nouveau recul de l’âge de la retraite.

Les principales réactions syndicales

  • La CGT dénonce une tentative de "faire payer les travailleurs pour financer la guerre" et fustige une approche qui sacrifierait les droits sociaux pour des choix politiques et stratégiques.
  • La CFDT critique une vision à court terme et plaide pour une réforme globale des finances publiques plutôt qu’un report de l’âge de la retraite.
  • La CFTC met en garde contre une nouvelle injustice sociale, soulignant que les efforts ne peuvent pas reposer uniquement sur les actifs.
  • La CFE-CGC, au lieu d’un report de l’âge, propose de renforcer la formation dans les industries de défense pour répondre aux besoins de souveraineté nationale.

Quelles autres pistes pour financer l’effort de guerre ?

Si le gouvernement envisage de toucher aux retraites, d’autres solutions existent pour financer l’effort militaire sans recourir à un allongement de la durée de travail.

1. Une taxation des grandes entreprises bénéficiaires de l’économie de guerre

Certaines entreprises, notamment dans le secteur de l’armement, réalisent des profits records grâce à la hausse des commandes publiques. Un impôt exceptionnel sur ces bénéfices pourrait être une alternative crédible.

2. Une meilleure gestion des finances publiques

Les syndicats appellent à une réforme de la gestion budgétaire de l’État, pointant du doigt certaines dépenses jugées non prioritaires. Une conférence sur les finances publiques, proposée par la CFDT, pourrait permettre d’identifier des marges de manœuvre.

3. Un appel à l’emprunt ciblé sur la défense

D’autres pays, comme les États-Unis, utilisent des obligations d’État spécifiques pour financer des dépenses militaires sans impacter les systèmes sociaux. Une dette contrôlée et ciblée sur la défense pourrait être une solution viable.

Quel avenir pour la réforme des retraites ?

Si pour l’instant aucune décision officielle n’a été prise, la question du financement de l’effort de guerre reste une épée de Damoclès sur les retraites.

Le gouvernement pourrait être tenté d’avancer prudemment sur ce terrain, notamment face à un climat social encore fragile après la réforme de 2023. Mais la pression budgétaire reste forte, et les discussions autour d’un éventuel report de l’âge de départ ne sont pas près de disparaître.

Les Français doivent-ils s’attendre à un nouveau bras de fer social dans les mois à venir ? Tout porte à croire que ce débat explosif est loin d’être clos.

source : France Info

Un commentaire à «Jusqu’où ira l’État pour financer la défense ? La retraite des Français en danger ?»

  • Étant donné la tournure que risquent de prendre les choses puisqu’en plus du report de l’âge de départ il est aussi question de baisser les montants des pensions de retraite pour financer l’effort de guerre je crois qu’il est grand temps de créer le « Parti des retraités » (PDR) dont la principale préoccupation sera de faire en sorte que les pensions des retraites non seulement ne baissent pas mais qu’elles augmentent. Bien qu’en principe ouvert à tout le monde ce parti accueillera en priorité et avec bienveillance tous les retraités, quelles que soient leurs orientations politiques, et s’il devient assez puissant il censurera avec succès toutes les tentatives de porter atteinte à leurs intérêts. Il pourra aussi mener des actions chocs pour montrer sa force qui pourront consister par exemple à déshériter ses enfants ou ses petits enfants pour ainsi leur apprendre à respecter leurs ainés. Ainsi, grâce au PDR, les retraités ne seront plus des « sacrifiés ».

    Répondre
Laisser un commentaire

Les commentaires sont soumis à modération. Seuls les commentaires pertinents et étoffés seront validés
* Champs obligatoires