Le système des retraites, en France, a connu de nombreux changements et va en connaître de nouveaux au cours des années à venir. Cela va commencer par une modification de l’âge pivot. Quelles seront les conséquences d’un tel changement ?
Réforme des retraites : qu’est-ce qui va changer avec l’âge pivot ?
La réforme des retraites dans les grandes lignes
La réforme des retraites cherche à mettre tous les Français sur un pied d'égalité au niveau des cotisations. Les Français nés après 1975 et qui prendront leur retraite vers 2037 auront donc 70% de leur retraite calculée selon l'ancien système. Pour tous ceux nés en 2004 et qui devraient intégrer le monde du travail vers 2022 profiteront directement du nouveau système.
Les caisses de retraite complémentaires (comme Agirc-Arrco ou RAFP) utilisent déjà le système de retraite par points pour calculer le montant des pensions. De ce fait, la retraite ne dépendra plus du nombre de trimestres mais du nombre de points que vous aurez cumulés tout au long de votre carrière professionnelle. La notion de taux plein devient donc obsolète dans ce cadre, cependant, conserver l'âge légal de départ à 62 ans est préconisé. L'âge du taux plein est supprimé et remplacé par l'âge pivot.
L'âge légal minimal de départ à la retraite est maintenu à 62 ans dans le nouveau système. C'est un système qui cherche à inciter les Français à travailler plus longtemps. Le nouveau système cherche aussi à mettre en place un âge « équilibre » associé à un système de bonus/malus.
Certaines exceptions et dérogations d'âge pourront toutefois à nouveau être mises en place pour un départ anticipé mais cela concernera essentiellement les policiers, gendarmes, militaires, pompiers et gardiens de prison. Les régimes spéciaux seront progressivement supprimés pour véritablement mettre en place un régime universel. Les indépendants profiteront de la réforme de la CSG et des cotisations vieillesse à partir du 1er janvier 2022.
Les plus gros revenus (plus de 120 000 euros par an) contribueront plus à ce nouveau système mais sans obtenir plus. Le montant de leur contribution sera plus élevé qu'il ne l'est actuellement.
Tout comprendre
Le gouvernement souhaite créer un système de retraite universel par points. En somme, chaque euro cotisé donne les mêmes droits à tous les assurés. La réforme des retraites prévoit :
- une refonte de l'organisation des 42 régimes de retraite en place actuellement : ainsi les régimes spéciaux devraient disparaître mais tout en gardant certaines spécificités pour certains actifs.
- Un âge équilibre est mis en œuvre à 64 ans mais l'âge légal de départ à la retraite est toujours fixé à 62 ans. Cependant, un système de décote est proposé à partir de 64 ans. C'est un système qui va dans le sens du gouvernement de François Hollande et du bonus/malus qui pousse les actifs à travailler un an ou deux de plus pour éviter la décote.
- Des points de solidarité sont proposés pour pallier aux périodes d'inactivité. Cela concerne les périodes de chômage, de maternité, de maladie ou d'invalidité. En ce qui concerne la maladie et l'invalidité, le rapport Delevoye propose aussi que les proches aidants puissent profiter de ces points de solidarité.
- La pension de réversion ne va pas disparaître dans ce nouveau système de retraite mais un dispositif unique est proposé pour garantir aux veufs ou veuves 70% de la retraite du couple.
- Le minimum de pension a été revu à la hausse. L'objectif principal est que la pension minimum atteigne 1000 euros pour une retraite minimum à taux plein, ce qui correspond à 85% du SMIC (contre 868 euros à l'heure actuelle).
L'âge pivot et ses changements
L'âge pivot, aussi appelé « âge d'équilibre » tente à inciter les Français à travailler plus longtemps mais en compensant les inégalités de retraite.
Depuis le rapport Delevoye, l'âge pivot est fixé à 64 ans. Il s'agirait, selon le gouvernement, de l'âge moyen projeté de départ à taux plein en 2025. C'est un âge qui aura une influence sur le calcul du montant de votre pension de retraite :
- une décote s'appliquera pour tous ceux qui partent avant 64 ans, à hauteur de 5% ;
- une surcote de 5% par année supplémentaire s'appliquera pour ceux qui partent après cet âge.
La décote ne devrait, normalement, pas s'ajouter à la décote déjà en place et en lien avec la durée de cotisation. De ce fait, les conséquences de cette réforme pourraient être moins fâcheuses que ce que craignent les syndicats. En revanche, les deux décotes pourraient coexister un moment et ce serait la décote la plus défavorable qui s'appliquerait alors, soit la durée ou l'âge collectif du taux plein.
Il n'est pas exclu que cet âge pivot évolue au fil des années pour s'adapter à l'espérance de vie des Français. En effet, on vit plus longtemps aujourd'hui. Il est aussi envisagé que l'âge pivot soit fixé par les partenaires sociaux plutôt que voté par la loi. Il est aussi fait mention par Emmanuel Macron de remplacer l'âge pivot par une durée de cotisation.
Le système de l'âge pivot, s'il venait à être vraiment adopté, profiterait surtout à certains profils. Cela inclut :
- les cadres ;
- les actifs qui ont connu des périodes d'interruption dans leur carrière ;
- les femmes, également, qui doivent souvent attendre d'avoir atteint l'âge du taux plein pour espérer partir en retraite sans décote.
L'âge pivot, en revanche, est vu comme pénalisant pour d'autres profils, comme les étudiants qui effectuent des petits boulots et des stages (alors qu'ils sont pris en compte dans le calcul des trimestres de l'ancien système).
La proratisation reste d'actualité et même si l'âge pivot s'applique, si vous n'avez pas travaillé la durée requise, vous continuerez de subir une forme de décote liée à la durée d'assurance.
Une règle s'applique : le salaire de référence pour calculer le montant de la pension de retraite est mis en parallèle avec le nombre d'annuités. Si le compte n'y est pas, alors ça diminue.
La réforme des retraites a surtout à cœur de passer à un système de points. Ainsi, il n'y aurait plus de durée d'assurance ou de trimestres à valider. La cotisation s'appliquerait directement sur les revenus professionnels touchés.
L'âge pivot va aussi s'appliquer aux carrières longues et, de manière générale, à tous les assurés qui peuvent bénéficier d'un départ en retraite anticipée (notamment ceux concernés par les régimes spéciaux). Au lieu de pouvoir partir à 60 ans sans décote, il leur faudra attendre 62 ans (pour les carrières longues). Les conducteurs de trains pourront partir à la retraite à 54 ans au lieu de 52 ans.