En ce début d’année 2025, les chiffres publiés par l’INSEE sont sans appel : les ménages français ont encore réduit leurs achats de produits alimentaires. L’indice des dépenses de consommation montre un recul préoccupant de la consommation dans ce secteur essentiel. Si cette tendance peut paraître silencieuse, elle témoigne d’un malaise profond dans le quotidien de millions de foyers, confrontés à une inflation alimentaire persistante. Une question s’impose désormais : jusqu’où cette pression va-t-elle aller ?
Moins de nourriture dans les caddies début 2025, alerte l’INSEE : jusqu’où ira l’inflation alimentaire ?
Une baisse qui en dit long sur l’état du pouvoir d’achat
Selon les données de l’INSEE publiées fin mars, les dépenses de consommation en produits alimentaires ont diminué de 0,7 % en février 2025. Ce chiffre vient s’ajouter à plusieurs mois de baisse consécutive depuis la rentrée 2024. Même si l’indice général des prix ralentit légèrement (+0,8 % sur un an), les produits alimentaires restent fortement touchés par des hausses de prix significatives dans certains rayons, notamment les produits transformés, les viandes et les produits laitiers.
Ce recul de la consommation n’est pas le signe d’un changement volontaire de mode de vie ou d’un retour au "moins mais mieux". Il s’agit avant tout d’un ajustement contraint. L’arbitrage budgétaire est désormais devenu une routine dans de nombreux foyers, en particulier les plus modestes.
Une inflation alimentaire toujours vive sur certains produits
Les hausses ne sont pas uniformes, mais elles pèsent particulièrement sur les produits du quotidien. Certains articles de base continuent de voir leurs prix grimper bien au-delà de l’inflation générale. En cause : le coût de l’énergie, des matières premières agricoles, des emballages, mais aussi la concentration du marché de la transformation agroalimentaire, qui limite la concurrence.
Le tableau suivant présente l’évolution de prix de certains produits alimentaires représentatifs entre février 2024 et février 2025 :
Produit alimentaire | Variation moyenne des prix (sur 1 an) |
---|---|
Viande de bœuf | +6,2 % |
Produits laitiers | +4,7 % |
Fruits et légumes frais | +3,8 % |
Pâtes et riz | +5,5 % |
Biscuits et produits sucrés | +4,3 % |
Produits surgelés | +6,9 % |
Pain et viennoiserie | +2,6 % |
Ces chiffres illustrent une réalité : les produits les plus consommés subissent encore une pression inflationniste, en particulier dans les catégories où il est difficile de substituer ou réduire la quantité.
Moins d’achats, plus d’inquiétude
Pour de nombreux ménages, le réflexe consiste désormais à réduire les quantités achetées, à se tourner vers des marques distributeurs, voire à renoncer à certains produits. Les produits carnés, les fruits hors saison ou les produits bio sont parmi les premiers abandonnés. Mais cette frugalité contrainte n’est pas sans effets sur la santé ou le moral.
Les associations de consommateurs observent une hausse des demandes d’aide alimentaire et une augmentation des achats de produits ultra-transformés, souvent moins chers mais moins nutritifs. Un effet pervers qui pourrait peser à moyen terme sur les inégalités de santé publique.
Des disparités sociales et territoriales marquées
Cette situation n’affecte pas tous les foyers de la même manière. Les ménages les plus modestes consacrent déjà jusqu’à 20 % de leur budget total à l’alimentation, contre 11 % en moyenne pour les foyers les plus aisés. Les zones rurales ou périurbaines, souvent plus dépendantes de la voiture pour accéder aux grandes surfaces, sont également davantage pénalisées par la hausse des prix.
Le recul de la consommation alimentaire devient ainsi un révélateur de fractures sociales et territoriales, au-delà de la simple conjoncture économique.
Jusqu’où ira cette pression sur les assiettes ?
La question de la suite reste en suspens. Le gouvernement n’a pas annoncé de mesures spécifiques à l’inflation alimentaire pour 2025, si ce n’est le maintien de dispositifs d’aide ciblés comme le chèque alimentaire pour les foyers précaires, ou la prolongation de certaines aides au panier de courses dans les collectivités.
Du côté des industriels, on évoque une stabilisation à venir, mais les tensions internationales, les hausses énergétiques et les défis climatiques continuent d’alimenter l’incertitude. Et les marges de manœuvre des distributeurs pour contenir les prix restent limitées.
Une vigilance indispensable face à un phénomène durable
Ce recul de la consommation alimentaire ne peut plus être considéré comme conjoncturel. Il s’agit désormais d’un indicateur structurel d’un appauvrissement progressif des classes moyennes et modestes, qui, après avoir rogné sur les loisirs, l’habillement ou les vacances, se voient contraintes de réduire aussi l’essentiel : se nourrir.