Les sommes versées au bénéficiaire d’un contrat d’assurance vie n’entrent pas dans la succession du défunt (jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire pour la plupart des contrats souscrits par les moins de 70 ans).
La prime manifestement exagérée en assurance vie
Toutefois, l’article L 1 32-1 3 du code des assurances pose une limite :
« sauf si le montant des primes est manifestement exagéré au regard de ses ressources (celles du souscripteur)
Le code des assurances nâexplique pas ce quâil faut entendre par « manifestement exagérée», ni ne dit si cet excès doit sâapprécier par rapport au patrimoine ou aux revenus du souscripteur.
à l'évidence, notaires et assureurs ne partagent pas le même point de vue sur cette question. Il faut avant tout savoir que le simple fait de désigner comme bénéficiaire une personne qui nâest pas héritière ne porte pas atteinte à la réserve héréditaire, cette partie du patrimoine du défunt automatiquement dévolue à ses héritiers.
La jurisprudence et les textes de la prime manifestement exagérée en assurance vie
Quelques décisions des tribunaux de première instance (mais elles ne constituent pas, à proprement parler, la jurisprudence), nous donnent des indications utiles. Ainsi, une prime est manifestement exagérée quand elle dépasse 6 à 10% des revenus du souscripteur (TGI 9/2/1933). Mais câest surtout lâarrêt de la cour dâappel de Versailles (16/11/95) qui est à retenir.
Les juges ont examiné les relevés bancaires du souscripteur et constaté :
« quâils présentaient chaque mois depuis la souscription du contrat et jusquâà son décès un solde largement positif ».
Les héritiers nâont pas été appauvris
On peut en déduire que les primes ne sont pas manifestement exagérées si leurs versements nâentraînent pas une modification du train de vie du souscripteur et si elles nâappauvrissent pas les héritiers.
Dans lâarrêt Leroux (18 juillet 2020), les juges ont retenu non pas la prime manifestement exagérée mais le fait que lâopération sâapparente davantage à un contrat de capitalisation quâà une opération dâassurance vie pour faire réintégrer lâactif dans la succession.
La totalité du patrimoine du défunt (50 000 euros) avait été investie dans un contrat au profit dâun seul héritier et le souscripteur était décédé peu de temps avant la souscription, sans que le contrat nâait pu produire dâintérêts.
Les points clés
La reconnaissance dâune prime manifestement exagérée a pour conséquence de réintégrer capital et intérêts dans la succession. Elle est difficile à démontrer. Cette action nâest réservée quâaux héritiers et ce sont eux qui doivent en apporter la preuve.