Allergies saisonnières : que vaut vraiment le nouvel indice pollen lancé le 2 avril pour remplacer le RNSA ?

Avec le retour des beaux jours, les pollens refont surface et avec eux, les symptômes qui gâchent la vie de millions de Français : éternuements, yeux qui piquent, nez bouché, fatigue chronique… Pourtant, cette année 2025 marque un tournant discret mais lourd de conséquences pour tous les allergiques : le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA), principal organisme chargé de suivre les concentrations de pollens dans l’air, a cessé son activité fin mars.

Depuis le 2 avril, un nouvel indice pollen, développé en urgence, a pris le relais. Mais est-il à la hauteur des attentes ? Peut-on vraiment s’y fier pour anticiper les pics d’allergies ? Et comment fonctionne-t-il concrètement ? État des lieux d’un dispositif crucial qui reste encore méconnu du grand public.

Par Eve
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© iStock

La fin du RNSA : un vide difficile à combler

Depuis plus de 30 ans, le RNSA était l’organisme de référence pour la surveillance des pollens en France. Grâce à un réseau de capteurs répartis sur le territoire, il publiait chaque semaine un bulletin très suivi par les médecins, les pharmaciens, les allergologues… et les patients. Cette veille scientifique permettait d’anticiper les épisodes à risque, de limiter l’exposition, d’adapter les traitements.

Mais en mars 2025, l’annonce de sa mise en liquidation judiciaire a provoqué un séisme dans la communauté médicale. Faute de financements suffisants, le réseau n’a pas pu poursuivre ses activités. Du jour au lendemain, la France s’est retrouvée sans système de surveillance pollinique structuré, un vrai problème alors que le changement climatique favorise une explosion des allergies saisonnières.

Un nouvel indice mis en place par Atmo France

Face à cette urgence, c’est Atmo France, fédération des associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air, qui a été missionnée pour reprendre partiellement le relais. Depuis le 2 avril, elle publie un nouvel “indice pollen” diffusé chaque jour pour plus de 2 000 communes. Cette donnée est accessible sur son site internet et via certaines applications météo partenaires.

Ce nouvel indice repose sur une modélisation prédictive, intégrant :

  • Les historiques d’observations polliniques,
  • Les données météorologiques locales,
  • La phénologie des plantes (floraisons attendues),
  • La géolocalisation des communes.

Contrairement au RNSA, qui s’appuyait sur des mesures directes grâce à des capteurs, l’indice actuel utilise des calculs statistiques et des données croisées. C’est donc un outil de prévision, et non une mesure en temps réel.

Que contient exactement cet indice ?

L’indice pollen d’Atmo France propose une échelle allant de 1 à 5, du risque très faible à très élevé. Il est exprimé de façon simplifiée, avec un code couleur associé.

Niveau de risque Code couleur Signification
1 Vert Très faible risque
2 Jaune Faible
3 Orange Moyen
4 Rouge clair Élevé
5 Rouge foncé Très élevé (alerte maximale)

L’indice est décliné par type de pollen dominant (bouleau, graminées, ambroisie, cyprès…). Il peut donc varier d’un jour à l’autre, et d’une région à une autre, en fonction de l’évolution des floraisons et des conditions météo.

Un outil utile, mais avec des limites à connaître

Ce nouvel indice a le mérite d’exister, et offre une continuité de l’information, essentielle pour les 20 millions de Français touchés par des allergies respiratoires. Il permet notamment de :

  • Planifier ses sorties en évitant les pics allergiques,
  • Adapter les traitements préventifs,
  • Limiter l’exposition en période à risque (fenêtres fermées, lavage nasal, etc.).

Mais il présente aussi des limites importantes :

  • Il ne repose pas sur des mesures physiques réelles, mais sur des estimations.
  • Il n’intègre pas encore l’ensemble des capteurs existants, certains étant encore en suspens faute de coordination.
  • Il est encore peu connu du grand public et mal relayé par les professionnels de santé.

En d’autres termes, l’outil est imparfait mais précieux en l’absence d’un réseau national plus robuste.

Que peut faire un allergique en 2025 pour rester informé ?

En attendant une refondation plus complète de la surveillance pollinique en France, plusieurs gestes simples permettent de mieux vivre avec son allergie au quotidien :

  • Consulter régulièrement l’indice pollen d’Atmo France sur www.atmo-france.org ou via des applis comme Météo France
  • Se créer des alertes personnalisées pour sa commune
  • Équiper son logement de filtres à air ou purificateurs HEPA
  • Changer les filtres à pollen de sa voiture au moins une fois par an
  • Ne pas faire sécher le linge dehors en période de floraison
  • Consulter un allergologue pour mettre en place un traitement de fond ou une désensibilisation si besoin

Un enjeu de santé publique à ne pas négliger

Avec l’augmentation des températures et la modification des cycles de floraison, la saison pollinique commence plus tôt, dure plus longtemps et devient plus agressive. Les allergies respiratoires, loin d’être un simple désagrément, ont un impact sur la qualité de vie, la concentration, le sommeil et même l’absentéisme au travail.

Il devient donc urgent de structurer un véritable dispositif national pérenne de surveillance, fondé sur la science, soutenu financièrement, et lisible pour le citoyen.

Le nouvel indice pollen mis en place le 2 avril offre un outil utile mais transitoire. Il comble un vide, mais ne remplace pas encore totalement le travail scientifique de terrain que menait le RNSA. Pour les allergiques, l’information est une forme de prévention. Encore faut-il qu’elle soit précise, accessible… et prise au sérieux.

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