Chaque année, des millions de Français souffrent du dos. Lombalgies, douleurs chroniques, raideurs matinales… le mal de dos est devenu un véritable fléau, à tel point qu’on le surnomme parfois « le mal du siècle ». Face à cette douleur récurrente et invalidante, les solutions ne manquent pas. Médicaments, ostéopathie, acupuncture, yoga, patchs chauffants, anti-inflammatoires : les traitements sont nombreux, mais tous ne sont pas efficaces. Une étude internationale de grande ampleur, publiée fin mars 2025 dans BMJ Evidence-Based Medicine, vient enfin faire le tri. Et ses conclusions risquent d’en surprendre plus d’un.
Mal de dos : on a enfin trouvé ce qui marche vraiment, grâce à une vaste étude internationale
Une étude sérieuse qui bouscule bien des certitudes
Cette analyse, sans précédent par son ampleur, a passé au crible 301 essais cliniques portant sur 56 traitements non chirurgicaux contre les lombalgies. L’objectif : déterminer, preuves à l’appui, quels soins apportent un réel soulagement, et lesquels relèvent davantage de la croyance que de la science. L’étude distingue les cas de mal de dos aigu (moins de 12 semaines) et chronique (au-delà de trois mois), deux profils aux mécanismes et aux traitements bien différents.
Résultat : seulement 10 % des options évaluées ont montré une efficacité supérieure au placebo. Et encore, souvent de manière modeste. Cette conclusion remet en cause nombre de traitements proposés aujourd’hui, parfois même remboursés, sans réel fondement médical.
Pour le mal de dos aigu : peu de solutions, mais elles existent
Dans les cas de douleurs lombaires survenues récemment, l’étude confirme l’utilité de certains médicaments classiques, notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou l’aspirine. Ces molécules soulagent rapidement l’inflammation et la douleur.
En revanche, le paracétamol, souvent prescrit en première intention, s’est montré inefficace dans cette indication. Il n’apporte pas de bénéfice supérieur à un placebo. De même, les injections de corticoïdes ou les traitements antibiotiques ne montrent aucune efficacité prouvée dans la prise en charge des douleurs lombaires aiguës.
Pour le mal de dos chronique : l’activité physique s’impose
Lorsque la douleur dure depuis plus de douze semaines, la prise en charge doit être différente. L’étude met en avant plusieurs approches efficaces :
- L’exercice physique régulier, adapté au patient
- Les manipulations vertébrales (par des professionnels formés)
- Le taping, technique de pose de bandes élastiques pour soutenir la zone douloureuse
- Certains antidépresseurs, utiles dans le cadre de douleurs chroniques diffuses
- Et, nouveauté, les agonistes des récepteurs TRPV1, une classe émergente de médicaments ciblant les voies de la douleur
Ces approches ont démontré un effet mesurable sur la réduction de la douleur et l’amélioration de la qualité de vie. Leur efficacité reste modérée, mais significative, surtout lorsqu’elles sont associées à une meilleure hygiène de vie.
Les traitements sans efficacité démontrée
Parmi les pratiques populaires, plusieurs n’ont pas montré de résultats probants. C’est le cas de :
- L’acupuncture
- La réflexologie
- Les ventouses chinoises
- L’ostéopathie, malgré sa popularité
- Les infiltrations de corticoïdes
- Les anesthésiques locaux
Cela ne signifie pas que ces traitements sont systématiquement inutiles, mais leur efficacité n’a pas pu être démontrée scientifiquement dans le cadre de cette étude rigoureuse. Les auteurs appellent d’ailleurs à de nouvelles recherches de meilleure qualité pour compléter ces résultats.
Le bon réflexe : bouger, bien s’asseoir, mieux dormir
Au-delà des traitements médicaux, la prévention et les gestes du quotidien jouent un rôle majeur. Le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste et directeur médical de Doctissimo, rappelle trois priorités essentielles :
- Maintenir une activité physique, même douce, pour éviter l’enraidissement musculaire
- Adopter les bonnes postures, notamment au bureau ou en portant des charges
- Améliorer la qualité du sommeil, facteur clé de récupération musculaire
Ces principes de bon sens sont souvent plus efficaces qu’un médicament mal ciblé.
Ce tableau résume ce que dit l’étude sur l’efficacité des traitements
Traitement évalué | Efficace ? | Indication principale |
---|---|---|
AINS (ibuprofène, aspirine) | Oui | Lombalgie aiguë |
Paracétamol | Non | - |
Injections de corticoïdes | Non | - |
Exercice physique régulier | Oui | Lombalgie chronique |
Manipulations vertébrales | Oui | Lombalgie chronique |
Acupuncture | Non | - |
Taping (bandes de soutien) | Oui | Lombalgie chronique |
Ostéopathie | Non | - |
Antidépresseurs (cas ciblés) | Oui (modérément) | Douleurs chroniques associées |
Agonistes des récepteurs TRPV1 | Oui (données en cours) | Douleurs chroniques |
Une approche individualisée reste essentielle
Si cette étude clarifie enfin ce qui fonctionne, elle rappelle aussi que chaque mal de dos est unique. Le diagnostic reste la première étape indispensable, pour adapter la stratégie de soin. L’âge, l’état de santé, la cause de la douleur et les antécédents doivent toujours être pris en compte.
Faire le tri entre les vraies solutions et les illusions coûteuses est un progrès important, tant pour les patients que pour les professionnels de santé. Car le mal de dos peut s’améliorer, à condition d’avoir les bons outils… et d’agir au bon moment.