Quand le soja devient un risque pour la santé : ce que révèle l’Anses, décrypté par 60 Millions

Le soja, souvent perçu comme une alternative saine à la viande et au lait, pourrait pourtant présenter des risques pour la santé en cas de consommation excessive. C’est ce que met en lumière un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), relayé dans l’édition de mai de 60 Millions de consommateurs. L’attention se porte principalement sur les isoflavones, ces composés d’origine végétale aux effets similaires aux œstrogènes, naturellement présents dans les produits à base de soja.

Par Eve
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© iStock

Les isoflavones, au cœur des préoccupations

Le soja est l’un des végétaux les plus riches en phytoœstrogènes, et notamment en isoflavones (comme la génistéine ou la daidzéine). Ces molécules sont capables d’interagir avec les récepteurs hormonaux humains, en particulier ceux des œstrogènes. Si cela peut avoir des effets bénéfiques dans certains contextes, comme la ménopause, l’Anses met en garde contre une consommation excessive, notamment chez les populations les plus sensibles.

Les conclusions de l’agence sont claires : une ingestion quotidienne excessive d’isoflavones peut perturber le système hormonal, en particulier chez :

  • Les femmes enceintes
  • Les enfants prépubères
  • Les femmes en âge de procréer

Selon l’Anses, les limites à ne pas dépasser sont strictes, comme le montre ce tableau :

Population concernée Dose maximale recommandée d’isoflavones par jour
Femmes enceintes 0,01 mg/kg de poids corporel
Femmes en âge de procréer 0,01 mg/kg de poids corporel
Enfants prépubères 0,01 mg/kg de poids corporel
Reste de la population adulte 0,02 mg/kg de poids corporel

Par exemple :
pour une femme de 60 kg, cela signifie 0,6 mg d’isoflavones/jour maximum si elle est enceinte, contre 1,2 mg/jour pour un adulte sans situation à risque. Or, certains produits à base de soja (boissons, desserts, steaks végétaux) peuvent contenir plusieurs milligrammes d’isoflavones par portion.

Une consommation croissante, parfois mal maîtrisée

Le succès croissant des régimes végétariens, végétaliens ou flexitariens a contribué à populariser les aliments à base de soja. Des boissons végétales aux substituts de viande, ces produits sont devenus courants dans les rayons des supermarchés. Pourtant, les consommateurs ne sont que rarement informés de la teneur en isoflavones de ces produits, qui n’est pas systématiquement mentionnée sur les étiquettes.

Pour l’Anses, cette invisibilité est problématique. L’agence recommande une plus grande transparence de la part des fabricants, ainsi qu’un étiquetage clair des teneurs en isoflavones. De plus, elle invite les industriels à revoir leurs procédés de fabrication afin de limiter la concentration de ces molécules dans les aliments finis.

Autre point d’attention : la restauration collective, souvent perçue comme un levier d’éducation alimentaire. L’Anses recommande d’éviter d’y proposer des plats à base de soja, en particulier destinés aux enfants, dont les systèmes hormonaux sont encore en développement.

Quels sont les risques en cas d’excès ?

Une consommation excessive d’isoflavones peut entraîner des perturbations endocriniennes, avec des conséquences qui varient selon l’âge et le sexe. Chez l’enfant, on redoute un développement prématuré des caractères sexuels secondaires. Chez la femme enceinte, il pourrait y avoir des effets sur le développement fœtal, bien que les données humaines soient encore limitées. Les études animales, elles, montrent des effets significatifs sur la fertilité et la maturation sexuelle.

Les experts s’accordent toutefois à nuancer ces risques : les effets toxiques apparaissent essentiellement en cas de consommation élevée et prolongée. Une consommation ponctuelle ou modérée de soja n’est donc pas à proscrire. L’important est de maintenir un équilibre alimentaire, en diversifiant les sources de protéines végétales (lentilles, pois chiches, haricots, etc.) et en évitant les excès.

Quelques conseils pour une consommation raisonnée

Pour les consommateurs soucieux de leur santé, il est possible d’adopter quelques gestes simples pour limiter les risques liés aux isoflavones :

  • Lire attentivement les étiquettes, même si les teneurs en isoflavones ne sont pas toujours indiquées, la liste des ingrédients permet d’évaluer la place du soja dans le produit.
  • Limiter les produits ultra-transformés à base de soja : steaks, desserts, boissons aromatisées, etc.
  • Privilégier une consommation variée de légumineuses, sans se focaliser sur une seule.
  • Éviter les produits à base de soja pour les très jeunes enfants, sauf avis médical contraire.

Mieux informer pour mieux choisir

L’appel de l’Anses relayé par 60 Millions de consommateurs s’inscrit dans une démarche de prévention et de responsabilité collective. Si le soja reste un aliment intéressant sur le plan nutritionnel – notamment pour sa richesse en protéines, en fibres et en micronutriments –, il ne doit pas être consommé de manière systématique ou exclusive.

La diversité alimentaire reste la meilleure protection contre les excès. À l’image de tout aliment aux propriétés biologiques actives, le soja doit être consommé avec modération, et surtout avec discernement. C’est aussi le rôle des pouvoirs publics et des industriels de garantir cette sécurité, en fournissant les informations nécessaires à un choix éclairé des consommateurs.

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