Séniors au volant : quelle est cette nouvelle campagne de la sécurité routière qui divise ?

Les seniors au volant, c’est un sujet qui soulève autant de débats que de préoccupations. Si beaucoup d’aînés continuent de conduire en toute sécurité, d’autres, en raison de leur âge ou de problèmes de santé, peuvent devenir un danger pour eux-mêmes et pour les autres usagers de la route. C’est dans ce contexte que la Sécurité routière a lancé une campagne intitulée « Docteur, est-ce grave si je conduis ? », qui incite les proches à signaler les conducteurs qu’ils jugent inaptes. Mais cette démarche, bien qu’elle vise à prévenir des accidents, suscite des avis partagés.

Par Eve
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© iStock

Une campagne choc pour protéger les usagers de la route

La nouvelle campagne de la Sécurité routière met en lumière une réalité souvent difficile à aborder : certains conducteurs, en particulier les seniors, ne disposent plus de toutes les capacités nécessaires pour conduire en toute sécurité.

Un signalement en dernier recours

La campagne propose aux proches d’agir lorsqu’ils estiment qu’un senior de leur entourage représente un danger au volant. La démarche ? Adresser un courrier ou un e-mail au préfet, expliquant les raisons pour lesquelles la personne concernée pourrait être inapte à conduire. Si le signalement est jugé sérieux, la préfecture convoque la personne à une visite médicale chez un médecin agréé. Cette évaluation peut conduire à :

  • La suspension ou l’annulation du permis.
  • Une autorisation avec restrictions, comme l’interdiction de conduire de nuit ou sur autoroute.
  • Le maintien du permis sans condition.

L’objectif est clair : prévenir les drames avant qu’ils ne surviennent.

Un dilemme moral pour les proches

Si cette procédure peut sembler nécessaire dans certains cas, elle soulève des questions éthiques pour les familles concernées.

Le poids du signalement

Signaler un proche à la préfecture est souvent perçu comme une forme de trahison, un acte qui peut entacher la relation familiale. Beaucoup de personnes préfèrent éviter cette solution en privilégiant le dialogue. Par exemple, Béatrice, une fille inquiète pour son père, a choisi de subtiliser les clés et de faire enlever la voiture sous prétexte de réparations. Une méthode moins frontale qui lui a permis de protéger son père tout en évitant une confrontation directe.

D’autres, comme Marc, estiment que la sécurité doit primer sur les sentiments. Il a signalé sa mère, qui éprouvait des difficultés à changer de vitesse et avait causé un accident mineur. "C’était un choix difficile, mais nécessaire", confie-t-il.

Les seniors : entre responsabilité et stigmates

Les seniors ne représentent pas nécessairement un groupe plus dangereux sur la route. Pourtant, certains chiffres alertent sur leurs spécificités.

Les chiffres à connaître

  • Responsabilité dans les accidents : Les seniors de plus de 75 ans sont responsables de 64 % des accidents mortels auxquels ils sont impliqués, contre 56 % pour les autres conducteurs.
  • Comparaison avec les jeunes : Si l’on compare au kilométrage parcouru, les conducteurs de 85 ans et plus ont un risque plus élevé d’être responsables d’un accident que les jeunes de 18 à 24 ans.

Ces données montrent que l’âge seul n’est pas un indicateur suffisant. Cependant, des capacités comme la vision, les réflexes ou l’audition, qui peuvent décliner avec le temps, influencent directement la sécurité au volant.

Les seniors se sentent-ils ciblés ?

La campagne de la Sécurité routière a provoqué des réactions mitigées parmi les seniors eux-mêmes. Certains la jugent nécessaire, tandis que d’autres dénoncent une forme de stigmatisation. Pour eux, l’idée d’un signalement par les proches peut être perçue comme humiliante. "Pourquoi nous cibler, alors que les jeunes conducteurs sont souvent plus imprudents ?", s’interrogent certains.

Les alternatives : prévention plutôt que signalement

La procédure de signalement n’est pas la seule voie possible. Certaines solutions préventives pourraient limiter les situations à risque sans passer par une dénonciation.

1. Instaurer des examens médicaux réguliers

Dans plusieurs pays européens, les conducteurs seniors doivent passer des contrôles médicaux pour conserver leur permis. En Espagne, au Portugal ou en Italie, par exemple, ces examens sont obligatoires après un certain âge. Pourtant, cette mesure est loin de faire l’unanimité en France. Certains y voient une contrainte injuste pour les seniors encore parfaitement capables de conduire.

2. Sensibiliser à une transition en douceur

Accompagner les seniors dans une transition progressive, comme réduire les trajets de longue distance ou éviter de conduire de nuit, peut être une solution efficace. Cela leur permettrait de maintenir une certaine autonomie tout en limitant les risques.

3. Favoriser les alternatives à la voiture

Développer les options de transport pour les seniors, comme les services de bus adaptés ou les taxis à tarif réduit, pourrait les aider à renoncer plus facilement à leur permis sans perdre leur liberté de déplacement.

Vers une approche plus équilibrée

La campagne "Docteur, est-ce grave si je conduis ?" a le mérite de soulever un débat crucial : comment concilier sécurité routière et respect de l’autonomie des seniors ? Si le signalement est parfois inévitable, il ne devrait pas être le seul recours.

Le défi reste de trouver des solutions qui permettent de protéger les conducteurs âgés sans les stigmatiser. Une réflexion plus large, incluant des contrôles médicaux ciblés et un soutien adapté, pourrait aider à apaiser les tensions et à garantir une route plus sûre pour tous.

Et vous, seriez-vous prêt à signaler un proche si cela devenait nécessaire ?

4 commentaires à «Séniors au volant : quelle est cette nouvelle campagne de la sécurité routière qui divise ?»

  • Encore et toujours plus de restrictions et de stigmatisation. Arrêtez de diviser les gens.

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  • Bonjour pourquoi stigmatiser les personnes âgées sur la façon de conduire ça montre que le gouvernement est incapable d’enrayer les accidents de la route dû à l’alcool et au stupéfiant de la part des jeunes alors on s’en prend à des personnes vulnérables qu’est-ce que vous faites des droits de l’homme privatiser ces personne âgée de liberté alors il faut faire la même chose pour les personnes handicapées qui conduisent est-ce qu’elles sont capables de conduire correctement quand tu as dénoncé un proche au préfet bravo nous voilà revenu en 40 pour la délation normalement il y avait un slogan qui devait arriver media de la part de certaines assurances que pour garder ses points sur son permis et la vie il fallait conduire comme les femmes encore une stigmatisation mais faut surtout pas le faire

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  • Bonjour, ils seraient grand temps que les citoyens comme les politiques arrêtent de fumer la moquette, il y aurait peut-être moins d’absurdité d’écrit ent dans ces rubriques. Je pense que les risques sont beaucoup plus limités avec les anciens qu’avec les jeunes bra… . à Bon entendeur salut

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  • Cette « initiative » a de mauvais relents que l’on retrouve il y a 80 ans.
    L’on va régler les histoires de familles ou de voisinages à coup de dénonciations.
    Les délateurs de tout poils et de tout bords ont de beaux jours devant eux.

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