La vie intime, affective et sexuelle des personnes âgées ou en situation de handicap en établissement médico-social est un sujet encore peu abordé, souvent tabou. Pourtant, ces besoins sont essentiels au bien-être et à la dignité des résidents. Face à ce constat, la Haute Autorité de Santé (HAS) publie pour la première fois des recommandations officielles afin d’aider les professionnels à mieux accompagner ces aspects de la vie des personnes accueillies en EHPAD et dans les structures médico-sociales.
Sexualité et vie affective en EHPAD : la HAS lève le tabou avec ses premières recommandations
Un besoin longtemps ignoré
Si l’image des EHPAD est souvent associée aux soins médicaux et à la dépendance, on oublie que les résidents restent des individus avec des émotions, des désirs et des relations. Pourtant, la question de la sexualité et de l’affection reste largement mise de côté, que ce soit par gêne, par manque de formation des professionnels ou par crainte de réactions négatives des familles.
L’absence de cadre clair a souvent conduit à une invisibilisation totale du sujet. Certains établissements adoptent une position restrictive, interdisant toute relation entre résidents, tandis que d’autres laissent les professionnels seuls face à des situations complexes.
Les recommandations de la HAS : un cadre pour accompagner la vie intime des résidents
Pour changer les mentalités et offrir un accompagnement plus adapté, la HAS propose un ensemble de recommandations visant à intégrer la dimension intime et sexuelle dans les pratiques professionnelles des EHPAD et des établissements médico-sociaux.
Parmi les mesures clés proposées :
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Changer le regard sur la sexualité des personnes en établissement
Les résidents ont droit à une vie affective et sexuelle, quel que soit leur âge ou leur niveau de dépendance. Leur intimité doit être respectée et prise en compte dans l’accompagnement proposé par les établissements. -
Former et sensibiliser les professionnels
La HAS insiste sur la nécessité de former les équipes médicales et encadrantes afin qu’elles puissent aborder ce sujet avec bienveillance et sans jugement. Une meilleure compréhension des besoins et des droits des résidents permet d’éviter des interdictions abusives ou des incompréhensions. -
Faciliter le dialogue avec les familles
Les proches peuvent parfois exprimer des réticences face à ces questions, par peur d’un abus ou par simple gêne. Les établissements doivent les inclure dans la réflexion et les sensibiliser au respect de la vie privée des résidents. -
Adapter les infrastructures
Certains établissements ont commencé à aménager des espaces dédiés à l’intimité des résidents. La HAS recommande de favoriser ces initiatives, tout en garantissant la sécurité et la dignité de chacun.
Un enjeu éthique et juridique
La reconnaissance de la vie affective et sexuelle des résidents pose également des questions éthiques et légales. Comment s’assurer qu’une relation entre deux résidents est consentie ? Quelle posture adopter face à une personne atteinte de troubles cognitifs comme Alzheimer ? Comment protéger sans infantiliser ?
Les établissements doivent trouver un équilibre entre respect des libertés individuelles et protection des plus vulnérables. La HAS recommande donc d’élaborer des protocoles clairs, impliquant à la fois les professionnels, les familles et les résidents eux-mêmes.
Un premier pas vers une prise en compte réelle de ces besoins
Ces recommandations marquent une évolution importante dans la prise en charge des résidents en établissement médico-social. Elles ouvrent la voie à une meilleure prise en compte des besoins affectifs et intimes, souvent ignorés au profit d’une approche purement médicale.
Reste à voir comment ces recommandations seront appliquées sur le terrain et si elles permettront réellement de faire évoluer les mentalités dans les EHPAD et les structures médico-sociales. Une chose est sûre : le débat est désormais lancé.