L’année 2025 s’annonce tendue pour les retraites complémentaires. Sous l’effet cumulé d’une situation économique dégradée, des pertes enregistrées par certains fonds de pension, et des ajustements législatifs liés aux réformes récentes, les Français risquent de voir leurs pensions complémentaires revalorisées bien en dessous de l’inflation, voire amputées dans leur pouvoir d’achat réel. Après le remaniement gouvernemental de début 2025, plusieurs décisions vont directement impacter les montants perçus. Voici ce qu’il faut savoir pour comprendre ce qui attend les retraités et les futurs retraités.
Quelle baisse pour ma retraite complémentaire après les décisions du gouvernement ?
Un contexte financier difficile pour les régimes complémentaires
Les régimes complémentaires, notamment l’Agirc-Arrco pour les salariés du privé, font face à des tensions financières croissantes. La hausse du chômage, la baisse de la masse salariale cotisée et la mauvaise performance des marchés financiers ont fragilisé leurs réserves.
Selon les premières évaluations publiées par l’Agirc-Arrco en mars 2025, le rendement global de leurs placements a été négatif en 2024, à hauteur de -1,5 %. Résultat : les fonds de pension doivent ajuster leur stratégie pour maintenir leur équilibre sans mettre en péril leur solidité à moyen terme.
Conséquence directe pour les assurés : la revalorisation des retraites complémentaires sera limitée, bien inférieure à l’inflation attendue cette année (environ 3,2 % selon l'Insee).
Les décisions politiques qui aggravent la situation
Après le remaniement de janvier 2025, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures touchant directement les retraites complémentaires :
- Gel partiel des revalorisations jusqu'à fin 2025, imposé par le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale (PLFSSR 2025), pour limiter le déficit public.
- Modification de la règle d'indexation Agirc-Arrco, prévue par la révision de l'accord 2023-2026 : désormais, la revalorisation pourra être inférieure d'1 point à l'inflation constatée en cas de dégradation économique, ce qui est officiellement enclenché.
- Hausse des prélèvements sociaux sur les pensions complémentaires les plus élevées, augmentant l'effort contributif pour une partie des retraités.
Le texte de loi référent est le projet de loi de financement rectificatif de la Sécurité sociale 2025, actuellement en discussion parlementaire, qui encadre juridiquement ces limitations.
À quoi faut-il s'attendre pour votre pension complémentaire ?
Les experts estiment que la baisse d'augmentation en 2025 sera significative :
Scénario | Évolution estimée des retraites complémentaires |
---|---|
Inflation prévue (Insee 2025) | +3,2 % |
Revalorisation Agirc-Arrco prévue | +2 % |
Décrochage du pouvoir d'achat réel | -1,2 % |
En clair, même si le montant brut de votre retraite augmente légèrement, votre pouvoir d’achat continuera de reculer.
Pour une pension complémentaire moyenne de 400 € par mois, cela signifie :
- Une hausse de seulement 8 € mensuels au lieu des 13 € espérés si l’inflation était pleinement suivie.
- Une perte cumulée estimée à 60 € à 70 € sur l’année 2025, en pouvoir d’achat réel.
Pour les pensions plus élevées, notamment au-delà de 1 000 € de complémentaire, la perte annuelle peut approcher ou dépasser 200 €.
Qui sera le plus touché par ces baisses ?
La diminution relative du pouvoir d’achat des retraites complémentaires concernera :
- Les retraités du privé affiliés à l’Agirc-Arrco.
- Les retraités ayant des pensions complémentaires supérieures à 500 € mensuels, car l'impact devient visible dès ce seuil.
- Les jeunes retraités (liquidation récente), dont le montant de départ est indexé sur des valeurs de points sous-revalorisées.
- Les retraités modestes pourraient être doublement pénalisés si l’inflation sur l’énergie et l’alimentation reste élevée.
Que faire pour limiter l’impact de ces pertes ?
Même si les décisions gouvernementales et les règles des régimes complémentaires échappent aux assurés, quelques réflexes permettent d’amortir les effets à moyen terme :
- Suivre attentivement l’évolution des taux de revalorisation pour ajuster ses dépenses et son budget annuel.
- Épargner activement via des produits complémentaires comme le PER (Plan d’Épargne Retraite) pour compenser la stagnation future.
- Diversifier ses placements hors fonds de pension classique pour limiter sa dépendance aux revalorisations indexées.
- Anticiper ses besoins de trésorerie en tenant compte d’une érosion progressive du pouvoir d’achat.
- Profiter de dispositifs d'aides existantes pour les retraités modestes (aides locales, exonérations partielles de CSG sous conditions de revenus).