Plusieurs études corroborent les dires des experts du secteur : le montant des pensions de retraite des hommes est jusqu’à 40 % supérieur à celui des femmes. Dans la réforme des retraites, plusieurs pistes sont à l’étude pour réajuster le montant de la pension de retraite des femmes. Explications.
Pensions de retraite : comment remédier aux écarts entre hommes et femmes ?
Pourquoi les hommes ont-ils une pension de retraite plus importante que les femmes ?
C’est un phénomène observé dans la plupart des pays du monde : les femmes retraitées perçoivent une retraite plus mince que les hommes.
La première raison concerne tout simplement l’écart de salaire. Celui-ci est de l’ordre de 28 % en moyenne pour un poste équivalent à responsabilités égales. Mais ce n’est pas la seule raison. En effet, ce qui cause la plus grande inégalité n’est autre que le statut de mère de famille. Cela impacte fortement la carrière des femmes, notamment lorsqu’elles posent un congé parental ou qu’elles ont recours à un arrêt d’activité pour s’occuper des enfants.
D’autre part, une autre raison pointe le travail à temps partiel qui est plus souvent exercé par les femmes que par les hommes selon l’INSEE. En 2020, 27 % des femmes de 15 à 64 ans travaillaient à mi-temps, contre 8 % des hommes. Plus les femmes ont d’enfants à charge et plus le temps partiel s’impose comme étant la solution pour concilier vie de famille et vie professionnelle.
À noter aussi que le ménage monoparental est également une source d’inégalité pour les femmes. Beaucoup exercent également un emploi peu rémunéré. En d’autres termes, une carrière professionnelle discontinue et des salaires plutôt bas ne permettent pas d’assurer une pension de retraite conséquente.
Quelles sont les solutions à envisager pour réduire la différence de pensions de retraite hommes/femmes ?
Selon certains experts, il existe des solutions à mettre en place afin de pallier ces inégalités de pensions de retraite :
La sensibilisation
L’idée ici est de mettre en place une meilleure information diffusée tant par l’État que par l’employeur sur la retraite féminine. L’idée serait alors de communiquer plus efficacement sur la carrière (prise de temps partiel, de congé parental, etc.) afin de mieux préparer la retraite et sur tous les sujets autour de la fin de carrière.
La récompense
Cette solution vise à faire en sorte que les femmes qui le peuvent reprennent le travail le plus vite possible afin d’éviter les carrières professionnelles en pointillé. Et pour les y encourager, des trimestres ou points complémentaires peuvent être envisagés.
Le partage des points
Les femmes mariées ou en couple pourraient partager leurs points de retraite avec leur conjoint, de façon à rééquilibrer les pensions de retraite lors de la cessation d’activité. Cela permettrait par exemple de « gommer » la cessation d’activité de la mère de famille qui a dû s’arrêter pour s’occuper de ses enfants.
La majoration des trimestres de maternité
Actuellement, dans le privé, une salariée bénéficie de 8 trimestres de majoration suite à une grossesse : 4 trimestres de maternité (ou adoption) et 4 trimestres pour l’éducation. Dans le public, une fonctionnaire ne bénéficie que de 2 trimestres. Avec le système de réforme des retraites, il pourrait être envisagé d’attribuer des points de solidarité à la mère pour compenser son congé maternité à 100 %. Ils auraient la même valeur que des points de travail pour augmenter la pension de retraite.
La bonification de la pension dès le premier enfant
Une majoration de 5 % par enfant dès le premier enfant pourrait être proposée dans le futur système de retraites. La moitié de cette majoration, soit 2,5 % serait attribuée à la mère de façon obligatoire. L’autre moitié pourrait être attribuée au père si les parents le décident ou serait cédée à la mère.
La garantie minimale de points retraite
Il s’agirait d’un forfait plancher, en dessous duquel la majoration de la bonification de pension (soit 2,5 %) ne pourrait pas descendre afin de ne pas pénaliser les mères à faible revenu. Une condition s’impose pour en bénéficier : la mère doit avoir travaillé une certaine durée minimum.
Les autres propositions
Le cabinet américain Mercer propose aussi d’autres recommandations, comme :
- Mettre en place une politique d’égalité salariale ;
- proposer un congé parental aux pères pour que les deux parents puissent choisir lequel s’occupera de l’enfant au regard de la situation professionnelle de chacun ;
- réviser certaines règles du régime de retraite pour que les aidants de jeunes enfants ou de parents âgés soient moins ou plus pénalisés ;
- la mise en place d’un service de garde d’enfants qualitatif à un prix abordable pour que les mères puissent reprendre le travail plus rapidement et à temps plein.