C’est un rapport alarmant qu’a dernièrement publié le Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Selon cet organisme, une aggravation du déficit du système pourrait avoir un impact direct sur la réforme proclamée par le gouvernement. Décryptage.
Le pessimisme du COR concernant le système des retraites
Un solde global négatif à compter de 2023
L’année 2021 a permis de dégager un résultat positif de 900 millions d’euros. Matignon a anticipé un remarquable excédent de 3,2 milliards. Pour rappel, l’année 2020 avait enregistré un déficit de l’ordre de 13 à 14 milliards d’euros. L’augmentation de la demande a permis de tirer les cotisations vers le haut. D’autre part, le rebond d’activité suite aux effets de la crise sanitaire a permis aux comptes de revenir dans la zone positive.
Il se trouve que le COR annonce néanmoins une dégradation du solde global de tous les régimes de retraite confondus en 2023. À noter que le régime complémentaire Agirc-Arrco concernant les salariés du privé fait exception à la règle en étant redevenu excédentaire depuis quelques années.
Selon les prévisions, l’équilibre ne pourrait être atteint qu’à l’horizon 2030. Cette information corrobore avec les annonces du ministre du Travail qui confirme le déficit structurel du système actuel. Afin de tenir les engagements inscrits dans le programme de stabilité 2022-2027 soumis à la Commission européenne en juillet 2022, Olivier Dussopt a rencontré les partenaires sociaux en septembre dernier. Ce moment de dialogue avait pour but de trouver des solutions, notamment face à l’augmentation des dépenses publiques de 0,6 %.
À quoi est due l’aggravation du déficit ?
Selon le COR, plusieurs scénarios ont été explorés et tous sont défavorables sur le long terme. L’institution a réduit les gains annuels de productivité du travail à 0,7 % alors qu’ils se situaient entre 1 et 1,8 % auparavant.
Ensuite, le COR prévoit une baisse de 7 % d’ici 2027, alors que le gouvernement ne prévoit qu’une baisse de 5 %. Il est intéressant de noter que même à 4,5 %, le déficit ne serait pas totalement comblé. En d’autres termes, il est important de trouver un financement d’au moins 50 % d’ici 2027 selon l’étude menée par le COR.
Que se passerait-il si l’on maintenait les règles actuelles ?
Selon le COR, si l’on maintenait le système de gestion des retraites actuel, en prévoyant une hausse de productivité de 1,6 %, les comptes ne reviendraient alors à la positive qu’au milieu des années 2050, soit 20 ans plus tard.
Le système sera déficitaire au moins pendant les prochaines 25 années et le COR confirme qu’un accroissement non contrôlé des dépenses de retraites n’est pas envisageable. Avec ces informations, il est légitime de se poser des questions sur la réforme des retraites souhaitée par le gouvernement dès 2023.
Un désaccord entre le gouvernement, les partenaires sociaux et le COR
Le gouvernement est actuellement en attente du rapport du Comité de Suivi des Retraites (CSR), ainsi que des propositions de solutions. En effet, le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite n’est pas la meilleure option à retenir selon les syndicats, d’autant que son annonce sème déjà la discorde. Pourtant, le ministre du Travail considère ce point comme étant un élément central de la réforme des retraites.
Selon Pierre-Louis Bras, président du COR, l’évolution des dépenses des retraites dans le PIB ont plus de sens qu’une réforme, car elles seront vouées à stabilisation. Selon le rapport, les dépenses de retraite vont baisser à 11 % du PIB en 2035, soit l’un des plus bas d’Europe. Cependant, dès 2070, la génération du papy-boom devrait disparaître, ce qui en toute logique conduirait à un excédent.
Selon un représentant de Force Ouvrière, la réforme souhaitée n’aura pas pour vocation de combler le déficit des retraites, mais plutôt de financer d’autres dépenses sociales et de faire bonne figure devant Bruxelles concernant la question du déficit global.