En plein débat sur la réforme des retraites, une étude d’Indeed démontre que de nombreuses entreprises sont réticentes à l’idée d’embaucher des seniors pourtant compétents et parfois surqualifiés. Pourquoi le travail des seniors effraie-t-il autant ? Faisons le point.
Pourquoi le travail des seniors est-il si peu développé en France ?
Le bon âge pour partir à la retraite selon les actifs
Selon l’étude menée par Indeed en collaboration avec OpinionWay, pour les salariés, l’âge idéal pour partir à la retraite est de 60 ans. Les dirigeants d’entreprise se donnent deux ans de vie active supplémentaire avant de décrocher. Pourtant, la réforme des retraites prévoit un départ progressif dès l’été 2023, afin d’atteindre un âge de départ à la retraite à 65 ans d’ici 2031.
Toujours selon cette même étude, 78 % des entreprises aimeraient que leurs salariés restent dans l’entreprise au-delà de l’âge légal du départ à la retraite, contrairement à ce que pensent 48 % d’entre eux. Si 1 salarié sur 3 aimerait travailler au-delà de l’âge légal, la moitié pourrait accepter de rester plus longtemps dans l’entreprise.
Le travail des seniors : un véritable casse-tête
Les entreprises souhaiteraient visiblement garder leurs seniors, mais la France est loin d’être un exemple. Bien que beaucoup aimeraient travailler plus longtemps dans leur entreprise, une part encore plus importante du personnel en âge de prendre la retraite serait prêt reculer l’échéance.
Beaucoup de seniors encore en âge de travailler sont aussi au chômage pour diverses raisons. Bien que qualifiés, ils peinent à retrouver du travail. Selon l’étude Indeed, le recrutement des seniors n’est pas optimal. Si les employeurs sont favorables à garder leurs seniors, ils sont plutôt réticents à l’idée d’en embaucher. Seules 3 entreprises sur 5 seraient aptes à recruter un employé de plus de 45 ans et 18 % avouent n’en avoir jamais recruté.
Pourquoi les seniors ne sont-ils pas recrutés par les employeurs en France ?
A contrario, 68 % des employeurs estiment que le travail de la tranche d’âge des 45 ans et plus n’est pas assez valorisé. Ils vont même jusqu’à indiquer que le summum des compétences acquises durant la vie professionnelle se situe entre 45 et 50 ans.
Pour autant, le recrutement des seniors n’est pas courant et parfois même totalement négligé dans certains milieux. Il peut exister plusieurs causes à cela.
La proximité avec la retraite
Recruter un senior, c’est s’assurer que l’employé est prêt à occuper son poste, avec toutes les connaissances nécessaires et parfois même avec une expérience enrichissante pour l’entreprise. Cependant, c’est aussi prendre le risque de devoir former à nouveau une personne pour le remplacer lorsqu’il partira à la retraite.
Cependant, il est bon de rappeler qu’aujourd’hui, les juniors changent d’entreprises régulièrement, à la recherche de plus de responsabilités, de meilleurs postes, mais aussi de meilleurs salaires.
Le salaire plus élevé
En termes de salaire justement, les prétentions salariales d’un senior sont plus élevées que celles d’un junior. En effet, ayant de l’expérience et des connaissances dans son métier il devra être rémunéré en conséquence.
Les entreprises sont plus à même d’embaucher un junior et le rémunérer au SMIC ou juste au-dessus, même s’il faut prendre plus de temps à le former et risquer de le perdre au bout de quelques mois, voire quelques années.
Un employé « peu adaptable »
Lorsqu’un senior est recruté par une entreprise, il est aussi accompagné de son expérience professionnelle et de son expérience de vie. Il se pourrait qu’il s’intègre moins bien dans des équipes jeunes ou qu’il impose ses méthodes au nom de son bagage professionnel. Il peut également peiner avec certaines méthodes plus récentes que celles qu’il utilisait jusqu’à présent.
Avec les juniors, les entreprises imposent leurs méthodes et fonctionnements et estiment aussi qu’ils sont opérationnels immédiatement. Les jeunes salariés sont plus malléables que les plus anciens, ce qui parfois peut être un atout pour les sociétés.
Le manque de connaissances dans les nouvelles technologies
La transformation numérique des fonctionnements des entreprises est un argument utilisé comme un frein au recrutement des seniors, prétextant qu’ils ne sont pas familiers avec les NTIC.
Or, le temps utilisé pour former un junior sur un poste est identique à celui utilisé pour former un senior sur les outils informatiques. De plus, beaucoup utilisent aujourd’hui les ordinateurs et les smartphones. Le langage digital est connu de beaucoup d’entre eux.