La grille AGGIR est un outil visant à déterminer le degré de dépendance d’une personne. Elle est nécessaire pour l’obtention de certaines aides liées à la perte d’autonomie, comme l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). En effet, c’est grâce à cet outil que l’on peut calculer le GIR d’une personne. Voici tout ce que vous devez savoir sur la grille AGGIR et son fonctionnement.
Comment fonctionne la grille AGGIR ?
Qu’est-ce que la grille AGGIR ?
La grille Autonomie Gérontologique et Groupe Iso Ressources, plus connue sous le nom de grille AGGIR est un outil essentiel pour évaluer la perte d’autonomie d’une personne. Elle permet d’attribuer un GIR à un demandeur d’APA ou de l’aide pour bien vieillir par exemple.
Cet outil national est utilisé par les équipes médico-sociales APA des départements, mais également par les médecins d’établissement d’accueil, ainsi que par les évaluateurs des caisses de retraite.
Elle permet de déterminer si la personne a besoin d’une aide quotidienne, régulière ou ponctuelle pour réaliser les actes de la vie quotidienne, à savoir :
- se laver convenablement ;
- s’habiller seul et de façon cohérente (en fonction des saisons) ;
- s’alimenter de façon équilibrée (préparation des repas, nombre de repas…) ;
- l’élimination naturelle (répondre seul(e) à ses besoins naturels) ;
- changer de position (passer d’une position à l’autre, comme assis, couché, debout…) ;
- se déplacer tant chez soi qu’en extérieur ;
- se comporter convenablement en société ;
- s’orienter dans le temps et dans l’espace.
Les différents niveaux d’autonomie de la grille AGGIR
La grille AGGIR permet donc de déterminer le niveau de dépendance d’une personne grâce à diverses variables. Ce n’est qu’après cette évaluation de la perte d’autonomie qu’il est possible d’obtenir son Groupe Iso Ressources (GIR). Ceux-ci sont au nombre de 6. Les GIR sont indispensables pour bénéficier d’aides comme l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) ou encore pour obtenir une place en établissement d’hébergement.
Les GIR 1 et 2
Ces deux Groupes Iso Ressources concernent les personnes les plus dépendantes, nécessitant une assistance constante, voire une présence quotidienne, de jour, comme de nuit.
Les GIR 3 et 4
Dans ces catégories, sont classifiées les personnes en perte d’autonomie, mais étant encore capables de réaliser certains actes quotidiens en toute indépendance. Les capacités physiques et/ou mentales peuvent être altérées. Ces personnes ont uniquement besoin d’assistance pour la réalisation de certains actes de la vie quotidienne.
Les GIR 5 et 6
Le niveau de dépendance des personnes en GIR 5 ou 6 est faible. Elles sont capables de réaliser la plupart des actes de la vie quotidienne et peuvent aussi se déplacer seules. Cependant, elles peuvent avoir besoin d’assistance de manière ponctuelle ou pour la réalisation de certains actes en particulier.
Le fonctionnement de la grille AGGIR
La grille AGGIR est composée de 17 variables. Elles se divisent en 10 variables discriminantes et 7 variables illustratives. Ces éléments permettent d’attribuer un GIR à une personne en perte d’autonomie.
La grille AGGIR est similaire à un questionnaire, pour lequel un système de notation permet de répondre en fonction de la situation de la personne. Pour chaque variable, il convient alors de noter la dépendance selon le code ci-dessous :
- A (pas de perte d’autonomie) : la personne est capable d’y parvenir seule, habituellement et correctement ;
- B (perte d’autonomie partielle) : la personne y parvient partiellement ou non habituellement ou encore non correctement ;
- C (forte perte d’autonomie) : la personne n’est pas capable d’y parvenir ou ne fait pas.
Les 10 variables discriminantes
Les variables discriminantes sont directement liées aux actes quotidiens essentiels, ainsi qu’à l’aspect psychique et social. Les 10 variables discriminantes sont les suivantes.
La cohérence
La personne est-elle capable de se comporter de façon censée en société en utilisant les us et coutumes habituels ? Par exemple, elle :
- ne doit pas sortir nue de chez elle ;
- doit pouvoir faire ses besoins dans les endroits appropriés ;
- ne pose aucun problème en société (agression, comportement déplacé…) ;
- doit pouvoir s’habiller avec cohérence (chemise sous la veste et non l’inverse ou porter un manteau en hiver…).
L’orientation
La personne doit être capable de se repérer dans le temps et l’environnement. Les individus doivent pouvoir :
- retrouver leur logement ;
- retrouver leur propre chambre dans leur habitation ;
- faire la différence entre les saisons ainsi qu’entre le jour et la nuit ;
- répondre à leurs besoins naturels suivant l’horloge biologique (heure des repas et du coucher).
La toilette
Comme son nom l’indique, cette variable concerne l’hygiène corporelle et intime des individus. Celle-ci doit être spontanée et sans incitation. Les personnes doivent donc se laver habituellement et correctement de façon autonome ou avec incitation.
Dans cette catégorie, il est bon de repérer 2 types de toilettes :
- la toilette du « haut » : tronc, membres supérieurs, mains, visage, rasage et coiffage ;
- la toilette du « bas » : parties intimes, membres inférieures et pieds.
L’habillage
Cette catégorie regroupe l’habillage, le déshabillage, mais aussi la présentation. En d’autres termes, on évaluera ici la capacité de s’habiller et se déshabiller seul, tout en respectant la saisonnalité. De même, trois sous catégories y sont représentées :
- L’habillage du haut (vêtements passés par la tête ou les bras, hors chapeaux) ;
- l’habillage moyen (vêtements avec fermeture par boutonnage ou par fermeture éclair, ceintures...) ;
- l’habillage du bas (vêtements passés par le bas du corps comme les chaussettes, les pantalons, les chaussures…).
L’alimentation
Ici, l’accent est mis sur la capacité de se servir et de manger seul, régulièrement et correctement. La personne est évaluée suivant son aptitude à couper sa viande, éplucher un fruit, ouvrir un emballage, etc., mais aussi à être capable de porter les aliments à sa bouche, les mâcher correctement avant de les avaler.
L’élimination
Cette variable tend à évaluer un sujet sur sa capacité à se rendre seul aux toilettes pour assouvir ses besoins naturels de façon régulière et autonome (sans incitation et sans aide). De même, les personnes ayant des dispositifs médicaux (sondes, poches…) sont évaluées sur leur capacité à les gérer en toute autonomie.
Le transfert
Il s’agit d’évaluer la capacité à se lever, s’asseoir, se coucher et changer de position, seul ou avec assistance. La marche et les déplacements ne sont pas pris en compte. Attention, si la personne utilise un matériel adapté ou des accessoires lui permettant de mieux se mouvoir, elle peut être notifiée en « A ».
Les déplacements intérieurs
Se déplacer dans son logement ou accéder aux locaux de service (poubelle, boîte aux lettres…) fait partie des éléments discriminants. La personne peut être aidée d’un accessoire extérieur (déambulateur, canne…), cela peut lui permettre d’être notifiée « A » ou « B ».
Les déplacements extérieurs
L’idée ici est de voir comment se comporte un individu à l’extérieur de son domicile. Est-il capable de sortir spontanément de chez lui ou a-t-il besoin d’assistance ? Lorsqu’elle est à l’extérieur, la personne est-elle capable de parcourir une certaine distance par ses propres moyens et sans se perdre ?
La communication à distance
L’individu est-il capable d’utiliser les moyens de communication à sa disposition afin d’alerter s’il se trouve en situation compliquée (alarme, téléphone, téléalarme…).
Les 7 variables illustratives
Les variables illustratives ne sont pas prises en compte dans l’attribution du GIR, cependant, elles donnent des précisions pour l’établissement du plan d’aide. Voici les 7 variables illustratives de la grille AGGIR :
La gestion
La personne sait-elle gérer ses affaires personnelles, son budget et/ou ses biens ? Est-elle capable de reconnaître la valeur des choses, d’effectuer des démarches administratives seule, etc. C’est une donnée importante qui permet de soumettre la mise en place d’une tutelle ou curatelle le cas échéant.
La cuisine
Ici, est jugée la capacité à préparer ses repas, faire la vaisselle et les courses. Si cela n’est pas le cas, l’équipe médico-sociale APA peut alors proposer le portage de repas à domicile.
Le ménage
La propreté du lieu de vie ne peut être négligée, car elle permet d’éviter les risques sanitaires et les accidents. En ce sens, si la personne n’est pas capable de faire son lit, nettoyer les sols, les vitres, faire la poussière ou même tout simplement ranger, poser la table, etc., il est alors possible de demander l’intervention d’une aide-ménagère dans le plan d’aide.
Les transports
La personne est-elle capable d’utiliser un véhicule personnel ou les transports en commun lorsqu’elle doit quitter son domicile pour se rendre à un endroit en particulier (hôpital, médecin, supermarché…). Cette donnée peut entrer dans une aide spécifique au transport.
Les achats
L’individu est-il capable de réaliser des achats physiques ou par correspondance ? Cette information est importante tant pour savoir si la personne sait gérer son budget que pour savoir si les achats indispensables sont bel et bien réalisés.
Le suivi des traitements médicaux
L’individu est-il capable de se conformer à l’ordonnance médicale délivrée par un professionnel de santé ? Un soignant est-il incontournable pour la bonne prise médicamenteuse en contrôlant les quantités et la régularité ?
Les activités et le temps libre
Ce point est important pour éviter l’isolement. Ici, c’est le lien social qui est mis en avant. L’individu est-il capable de pratiquer des activités seul ou en groupe ? Part-il en vacances ? Est-il investi auprès d’associations locales ?
Degré de dépendance et classement dans un GIR
Après examen de la perte de dépendance grâce à la grille AGGIR, un GIR peut être déterminé en fonction du résultat obtenu. Voici comment les GIR sont attribués :
Type de GIR | Degré d’invalidité |
---|---|
GIR 1 | Personne ne pouvant quitter son lit seule et ayant besoin d’un soutien quotidien pour la plupart des actes de la vie courante. Les fonctions mentales et physiques sont altérées. |
GIR 2 | Personne très peu mobile ayant de bonnes facultés mentales ou personne mobile aux aptitudes mentales limitées. |
GIR 3 | Personne incapable de se déplacer seule en intérieur comme en extérieur et nécessitant le soutien d’une personne extérieur plusieurs fois par jour pour réaliser certaines tâches quotidiennes, mais faisant preuve de discernement. |
GIR 4 | Personne qui ne peut changer de position seule, mais qui est autonome une fois debout. |
GIR 5 | Personne autonome pour la plupart des tâches quotidiennes, mais pouvant avoir besoin d’une personne extérieure ponctuelle pour sa toilette le ménage, la préparation des repas, etc. |
GIR 6 | Personne capable de s’assumer totalement pour toutes les tâches de la vie courante, mais qui peut avoir besoin de soutien pour quelques activités domestiques. |
Les aides financières pour les GIR 5 et GIR 6 de la grille AGGIR
L’APA à domicile ou en établissement ne peut être délivrée qu’aux personnes appartenant aux GIR 1 à 4. Pour les individus des GIR 5 et 6, d’autres aides financières pour la perte d’autonomie peuvent venir soulager les dépenses. En effet, en se rapprochant de sa caisse de retraite, le sénior peut prétendre à un dispositif spécifique.
De même, il peut aussi faire appel au plan d’action social du département qui permet de prendre en charge une partie des frais liés au ménage par exemple.
Le plan d’action personnalisé de la caisse de retraite
Si les ressources du sénior sont supérieures au plafond de l’ASPA, l’aide à domicile peut être demandée auprès de la caisse de retraite. En fonction de l’organisme de rattachement, les conditions d’octroi peuvent différer. L’évaluation de la perte d’autonomie est alors établie par les évaluateurs internes, mais toujours en s’appuyant sur la grille AGGIR nationale.
L’aide sociale du conseil départemental
Si une personne de plus de 65 ans (ou 60 ans si elle est reconnue inapte au travail) est classifiée en GIR 5 ou 6 et que ses ressources mensuelles ne dépassent pas 916,78 euros, elle peut demander une aide à domicile auprès du département.
Un nombre d’heures d’intervention est alors fixé en fonction des besoins du sénior. Celui-ci ne peut excéder 30 heures mensuelles ou 48 pour un couple.
Peut-on demander la révision d’un GIR ?
La perte d’autonomie n’est pas figée dans le temps. Elle peut évoluer tant dans le bon que dans le mauvais sens. C’est pourquoi une demande de réévaluation du GIR est tout à fait possible. Celle-ci doit être faite auprès de l’équipe médico-sociale APA du département, du médecin coordinateur de l’établissement d’hébergement ou encore auprès des évaluateurs internes des caisses de retraite.
Les délais sont identiques à ceux d’une première demande de détection du GIR, sauf s’il s’agit d’une urgence, auquel cas la procédure est accélérée.