Fin de vie : qu’est-ce que la sédation profonde ?

Toute personne a le droit de bénéficier d’une fin de vie digne et du meilleur apaisement possible de la souffrance. Parfois, cela passe par une sédation profonde et continue, jusqu’au décès. La sédation peut s’accompagner d’une analgésie visant à soulager une personne malade et en souffrance insupportable avant un décès imminent et inéluctable. Quel est le principe de la sédation profonde ?

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Par L'équipe JDS
Fin De Vie Sedation Profonde
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Qu'est-ce que la sédation profonde ?

Il est possible de mettre en place des traitements analgésiques et sédatifs pour répondre à la douleur réfractaire ou insupportable que pourrait ressentir le patient en phase avancée ou terminale, même si ces traitements ont pour effet d'abréger sa vie. La sédation en situation palliative cherche, à l'aide de moyens médicamenteux, à diminuer la vigilance du patient, ce qui peut aller jusqu'à la perte de conscience. La sédation peut être appliquée de manière intermittente, transitoire ou continue. Parmi les différentes pratiques sédatives à visée palliative en fin de vie, il est possible de citer :

  • la sédation dite « proportionnée » à l'intensité des symptômes, permettant au patient de garder une vie relationnelle. Ce type de sédation peut être transitoire, intermittent et même potentiellement réversible. Le médecin est dans l'obligation de la proposer au patient en phase avancée ou terminale pour soulager toute souffrance réfractaire,
  • la sédation profonde et continue : la conscience du patient est totalement suspendue et se poursuit jusqu'au décès du patient.

La sédation profonde et continue jusqu'au décès est un nouveau droit du patient, reconnu depuis la loi du 2 février 2016. En somme, les professionnels de santé accompagnant le patient se doivent de mettre en place tous les moyens nécessaires à leur disposition pour que ce droit soit respecté.

Qui peut la demander ?

Il est possible pour chacun de rédiger ses directives anticipées et de spécifier alors qu'il souhaite avoir accès à une sédation profonde et continue et ce, jusqu'à son décès.

La sédation profonde et continue jusqu'au décès peut être mise en place dans trois situations distinctes :

  • le patient est encore en état d'exprimer sa volonté. Il est atteint d'une affection grave, incurable, son pronostic vital est engagé sur le court terme et il est dans un état de souffrance telle que les traitements ne peuvent le soulager,
  • le patient est en état d'exprimer sa volonté, il est atteint d'une affection grave et incurable et il demande l'arrêt des traitements mais cela risque d 'engager son pronostic vital à court terme. Cette décision est susceptible d'entraîner chez le patient une souffrance insupportable,
  • le patient n'est pas en état d'exprimer sa volonté, seuls les traitements dits d'obstination déraisonnable le maintiennent encore en vie. Dans ce cas, le médecin peut décider d'arrêter les traitements et il doit mettre en place une sédation profonde et continue jusqu'au décès du patient pour s'assurer que ce dernier ne va pas souffrir suite à l'arrêt des traitements.

Pour pouvoir mettre en œuvre une sédation profonde et continue jusqu'au décès de la personne, une procédure collégiale prévaut. La personne de confiance, ou à défaut la famille du patient ou ses proches, doivent avoir été informés du recours à la sédation et de la tenue de la procédure collégiale.

Même si les proches s'y opposent, si la personne est en état de s'exprimer, seule sa volonté est prise en compte et le médecin effectuera alors une sédation profonde et continue jusqu'au décès si les critères de la loi sont réunis. Cela n'empêche pas l'instauration d'un dialogue entre le patient, le médecin et les proches visant à les rassurer et à leur expliquer pourquoi cette décision doit être prise.

Soulager la souffrance du patient est l'une des obligations professionnelles du médecin. Dans cette optique, la sédation profonde et continue jusqu'au décès s'inscrit dans ces multiples obligations. Le médecin doit tout mettre en œuvre pour soulager son patient en fin de vie et apaiser ses souffrances. Il s'agit d'une véritable étape dans la prise en charge du patient. Un refus n'est pas envisageable dans ces conditions.

Soins Palliatifs Domicile
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Pas d'euthanasie ou de suicide assisté

Il convient de bien faire la distinction entre sédation profonde et euthanasie. Cela passe par six caractéristiques spécifiques : l'intention, le moyen pour atteindre le résultat, la procédure, le résultat, la temporalité et la législation.

Il est possible de répertorier les différences éthiques et médicales entre l'euthanasie et la sédation profonde dans un tableau.

Sédation profonde et continue jusqu'au décès Euthanasie
Intention La sédation permet de soulager une souffrance réfractaire Il s'agit là de répondre à la demande de mort du patient
Moyen La conscience est altérée de manière profonde L'euthanasie provoque la mort du patient
Procédure Un médicament de type sédatif est utilisé, avec des doses adaptées, pour sédater profondément le patient Pour euthanasier un patient, un médicament à dose létale est utilisé
Résultat La sédation profonde est poursuivie jusqu'au décès qui survient à cause de l'évolution naturelle de la maladie Le patient meurt immédiatement
Temporalité La mort arrive dans un délai ne pouvant être planifié La mort est donc provoquée rapidement par l'injection d'un produit létal
Législation La sédation profonde est autorisée par la loi L'euthanasie est punie par la loi car considérée comme un homicide, un empoisonnement

De fait, la sédation profonde et continue maintenue jusqu'au décès n'est pas une réponse à une demande d'euthanasie de la part du patient. C'est uniquement mis en place pour soulager la souffrance réfractaire du patient. Ce dernier doit donc obligatoirement être informé de cette possibilité thérapeutique.

La mise en place d'une sédation profonde et continue chez un patient est une situation assez complexe et singulière. Cela requiert une évaluation approfondie de la situation et le médecin doit suivre quelques étapes essentielles pour respecter la volonté du malade d'un côté et la loi d'un autre :

  • écouter, comprendre et analyser la demande du patient
  • vérifier, selon une procédure collégiale, que les conditions prévues par la loi sont bien toutes réunies, que le patient dispose des capacités de discernement nécessaires et que sa demande est libre (après qu'il a reçu des informations claires, appropriées et loyales).

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