La perte d’un être cher est une épreuve difficile à supporter, quelles que soient les croyances et les convictions de ceux qui la subissent. Mais l’expression du soutien apporté aux familles endeuillées, et les formules de condoléances utilisées, diffèrent selon la culture et la religion auxquelles on appartient. Ainsi, les musulmans ont-ils une manières spécifique d’exprimer leurs condoléances.
Condoléances et islam : comment trouver les bons mots ?
Que doit-on dire à un musulman en deuil ?
Quelle qu'elle soit, la religion influe sur notre façon d'appréhender la mort. L'Islam, comme d'autres croyances, l'envisage comme un événement inéluctable, qu'il faut accepter sans révolte.
En effet, elle doit être considérée comme l'accomplissement de la volonté d'Allah. De ce fait, cette acceptation résignée de la mort est peut-être plus marquée que dans d'autres confessions. La colère ou la révolte devant la mort d'un proche seraient considérées comme un manque de respect vis-à-vis des décisions d'Allah.
Par ailleurs, une telle réaction ne peut que renforcer la souffrance face à une situation que rien ne peut changer.
L'entourage rappelle donc à la famille en deuil, en se servant pour cela d'une sourate du Coran, ou de formulations traditionnelles, que le but de toute vie est de retourner à Allah, qui décide seul du moment favorable pour rappeler ses fidèles à lui.
Cette croyance incite donc un musulman à endurer l'épreuve du deuil avec une patience que l'on nomme "at-ta'ziya" en arabe. Cette patience et ce calme face à la mort sont considérés par l'Islam comme des vertus cardinales.
Les messages de condoléances doivent donc aller dans ce sens. Ils sont tirés du Coran ou établis par la Sunna, l'ensemble de pratiques et de croyances constituant la tradition musulmane. Ces formules de condoléances, qui se placent le plus souvent sous l'invocation divine, doivent rappeler notamment que toute vie a une fin et que, pour un musulman, elle n'est qu'une étape, avant l'arrivée au paradis.
Cette patience et cette acceptation de son destin ont d'ailleurs été prêchées par Mohammed lui-même, à l'occasion de la visite de condoléances qu'il rendit à une femme venant de perdre son fils.
Cette incitation à la patience ne doit pas empêcher l'entourage de trouver des paroles de consolation pour les personnes dans la peine. Elle doit enfin s'accompagner des prières et des invocations propres à solliciter la protection divine pour le défunt.
En résumé, les messages de condoléances doivent comporter des formules apaisantes, qui soulignent la brièveté de la vie et le destin commun à tout être humain, mais aussi le bonheur que connaîtront les défunts auprès d'Allah.
À ces formules de condoléances, dont la liste est assez fournie, correspondent les réponses, assez codifiées elles aussi, des personnes auxquelles elles sont adressées.
Comment doit-on présenter ses condoléances ?
En principe, il est conseillé de présenter ses condoléances dans les trois jours qui suivent le décès. La démarche peut être entreprise avant ou après l'enterrement.
Cependant, il est parfois préconisé de préférer la période suivant l'enterrement. D'abord parce que les familles, jusqu'à ce moment, sont trop occupées par la préparation de la cérémonie. Ensuite parce que, une fois l'esprit plus libre, elles ressentent plus vivement leur chagrin.
Pour cela, aucun lieu n'est exclu a priori. En effet, on peut se rendre au domicile de la famille endeuillée pour lui présenter ses condoléances. On peut aussi le faire au cimetière ou lors des prières à la mosquée.
Si un collègue a perdu l'un de ses proches, on peut aussi lui présenter ses condoléances sur le lieu de travail. En principe, les condoléances peuvent être présentées à l'ensemble de la famille du défunt, sauf aux jeunes enfants.
La tradition veut cependant que des condoléances ne doivent être présentées à une jeune femme que par d'autres femmes.
Des attitudes à proscrire
L'Islam, comme toutes les religions, prescrit certaines pratiques au moment du deuil. Mais d'autres seraient déplacées en de pareilles circonstances. Il est ainsi vivement déconseillé :
- De trop prolonger le deuil. En effet, il est de trois jours pour tous le monde, sauf pour la veuve, dont le deuil dure quatre mois et dix jours. Il serait donc déplacé, et peu conforme à l'usage, de porter le deuil plus longtemps et de présenter ses condoléances en dehors de la période habituelle de deuil.
- De donner au deuil une expression excessive. Dans l'Islam, le deuil s'exprime essentiellement par des prières et prend des formes mesurées. Aussi est-il exclu de manifester sa sympathie par des paroles outrées ou trop insistantes ou par des manifestations de douleur excessives et ostentatoires. La tristesse doit ainsi s'exprimer de manière discrète. Dans le même ordre d'idées, il vaut mieux éviter d'apporter des fleurs ou des couronnes, peu compatibles avec la sobriété qui doit marquer les cérémonies funèbres.
- De préparer un repas pour les personnes venues apporter leurs condoléances. Du moins est-ce déconseillé par certaines autorités religieuses. Par contre, il est recommandé d'en prévoir un pour les parents du défunt.
Comment aider et soutenir la famille en deuil ?
L'Islam attache une grande importance au soutien des familles endeuillées. le Prophète Mohammed lui-même accorde un grand prix à la consolation des personnes affligées par un deuil. Selon la tradition musulmane, il leur prédit des récompenses dans l'au-delà.
On l'a vu, ce soutien passe d'abord par des messages de condoléances, oraux ou écrits, qui insistent sur la patience à l'égard d'une épreuve voulue par Allah, mais aussi sur la sollicitude et l'empathie envers les personnes affectées par la perte d'un proche.
Mais elles ne se manifestent pas seulement par des mots. Ce soutien passe aussi par une plus grande présence et des visites plus fréquentes auprès des familles en deuil.
Dans de telles circonstances, un soutien de nature spirituelle peut aussi être très apprécié. Il peut notamment s'agir de prières adaptées à cette occasion et d'une méditation à partir du Coran.
Mais l'aide matérielle n'est pas exclue, bien au contraire. Les proches ou les voisins peuvent notamment apporter un peu de nourriture à une famille accaparée par son deuil. C'est une autre manière de lui montrer sa sollicitude.