La période de pré-deuil comprend la période entre la prise de conscience de l’inéluctabilité du décès de la personne en fin de vie et la fin tragique. C’est une période particulièrement importante pour les proches et la famille qui leur permet d’anticiper et de se préparer à ce qui va se passer. Comment se préparer au deuil ?
Qu’est-ce que le pré-deuil et comment se préparer au deuil ?
Le pré-deuil, accepter que la perte soit vraie
Même si vous accompagnez un proche en fin de vie, il n'est pas forcément facile d'être complètement préparé au deuil. Cette période s'appelle le « pré-deuil » et elle est en lien avec les événements, les émotions et la prise en charge de la future personne endeuillée avant le décès d'un proche en fin de vie.
Cela permet d'entamer le travail de deuil en présence de la personne mourante en lui partageant vos émotions et en communiquant avec elle ou en participant aux soins.
Le pré-deuil est une étape très importante pour les proches et la famille. En effet, même si la perte imminente peut entraîner de l'anxiété et de la tristesse, cela permet tout de même de se préparer mieux au décès de la personne et ce de manière progressive.
Oser parler de la mort
Lors du pré-deuil, les proches accompagnent la personne en fin de vie. Il leur faut être présents physiquement auprès d'elle ou encore au téléphone et lui montrer leur amour, leur affection. Il convient aussi de lui dire tout ce qu'on a à lui dire et de communiquer de manière ouverte avec elle. Vous pouvez revenir sur ce que vous avez vécu ensemble, lui dire des choses que vous n'aviez pas osé dire jusque là.
Vous pouvez aussi discuter de ses dernières volontés. N'hésitez pas non plus à lui montrer que la mort n'est pas anxiogène et qu'il faut oser en parler plutôt que de tout garder pour soi.
Un pré-deuil qui aura bien été vécu prépare mieux au travail de deuil à venir. En effet, cela permet de répondre aux questions qui peuvent créer de la colère, de la honte voire de la culpabilité. Des sentiments lourds à porter et qui sont plus difficiles à éliminer après le décès...
Parler avec une personne proche de vous de ce que vous ressentez, de votre chagrin et de vos craintes peut vous aider à faire votre deuil. Les proches et la famille sont des alliés précieux. Vous pouvez aussi vous tourner vers l'équipe soignante.
Comment faire face à l'idée du deuil ?
Rappelez-vous, avant tout, que la personne en fin de vie peut elle aussi devoir faire le deuil de la personne qu'elle était, de ce qu'elle a vécu. Elle se prépare à se séparer des personnes qu'elle aime donc cela peut occasionner beaucoup d'émotions difficiles à gérer, pour elle comme pour ses proches.
La personne peut avoir besoin d'être sûre que ses proches sont prêts à la séparation avant de partir sereinement. Il est donc important de prendre soin de votre santé physique et émotionnelle, de parler à vos amis ou vos proches.
Il faut apprendre à lâcher prise et à se détacher du sentiment de culpabilité qui peut vous étreindre parfois. Vous pouvez aussi demander de l'aide, vous reposer afin d'offrir un meilleur soutien à la personne.
Même si on essaie de se préparer, la mort finit toujours par vous prendre par surprise. Même si l'on anticipe la perte de la personne en fin de vie, on n'est jamais vraiment prêts. Certaines familles pensent que parler de la mort de leur proche va accélérer leur mort donc ils préfèrent se taire sur le sujet. En parler ouvertement peut apaiser le malade et les membres de sa famille.
Il ne faut pas étouffer ses ressentis et être à l'écoute de ses émotions pour se préparer le mieux possible au deuil qui vous attend. Il est normal de s'inquiéter pour la personne en fin de vie. Vous pouvez aussi tenter de visualiser ce qui va arriver après le décès et vous organiser pour vivre différemment au quotidien.
Vous pouvez aussi vous préparer à finir un projet que vous avez commencé avec la personne et passer le plus de temps possible avec elle avant la fin.
Les étapes importantes du pré-deuil
Plusieurs chercheurs ont observé que cette phase de pré-deuil comprend 5 aspects essentiels. On peut citer :
- la prise de conscience de la réalité permettant de comprendre que le décès de la personne est inévitable,
- l'occasion d'exprimer ce que l'on ressent et les émotions en lien avec l'impact de cette mort prochaine,
- le moyen de se réconcilier, de se pardonner, de parler de certains non-dits ou secrets de famille,
- la possibilité de se détacher au niveau émotionnel de façon progressive de la personne en fin de vie,
- ou encore le moyen de développer comme une représentation psychique de la personne qui va partir et que vous pourrez garder en tête même lorsqu'elle sera partie.
Le syndrome de Lazare
Si une personne se remet d'une maladie durant laquelle son pronostic vital était engagé, en temps normal, la famille et les proches en sont très heureux et soulagés. Toutefois, si cela arrive souvent, il peut être possible pour certains proches d'avoir du mal à ressouder des liens avec cette personne. Le fait qu'ils aient cru la perdre plusieurs fois peut avoir des conséquences et ils ont, finalement, commencé à se détacher de la personne.
Les chercheurs parlent du « syndrome de Lazare » ou du syndrome du survivant en soins palliatifs. Le nom « Lazare » vient de la Bible : c'est celui que Jésus a ressuscité quand ses proches pleuraient sa mort.
Quand se faire aider ?
Plusieurs facteurs peuvent entrer en ligne de compte pour créer un deuil pathologique chez certaines personnes. Cela passe par la relation entre la personne et le défunt, encore plus si celle-ci était forte, mais aussi par des antécédents de troubles de l'humeur ou de troubles anxieux, notamment. Certaines personnalités peuvent exacerber les risques de deuil pathologique comme les personnalités dépendantes.
Il est aussi possible que les circonstances de la mort créent un deuil pathologique, surtout si la mort a été inattendue, violente et soudaine.
Pour ces raisons, il est important de se faire aider par un psychologue ou un psychothérapeute spécialisé dès la période du pré-deuil.