Quand une personne vieillit, les risques de chutes et d’accidents domestiques sont plus importants. Dès lors, le maintien à domicile peut devenir dangereux et il peut être plus prudent d’envisager, pour la personne âgée, un placement en maison de retraite. Mais il se peut que celle-ci, très attachée à son logement, refuse cette solution. Que peut-on faire dans ce cas ?
Maison de retraite : que faire quand une personne âgée refuse d’y aller ?
Comprendre le refus d'entrer en Ehpad
Les raisons derrière le refus
Les personnes âgées craignent souvent d'entrer en maison de retraite :
- Car elles refusent de quitter un domicile auquel de nombreux souvenirs les attachent et qui constitue un cadre familier.
- Pour des raisons financières, la pension dans un Ehpad excédant souvent les ressources des personnes âgées.
- Par peur d'un nouvel environnement. Certaines personnes redoutent en effet de se retrouver dans un nouveau lieu de vie, entourées par des inconnus. Elles craignent aussi de ne pas recevoir de visites régulières et de se sentir isolées.
Impact émotionnel et psychologique
La réticence d'une personne âgée à entrer en maison de retraite peut la perturber. En effet, elle peut entraîner une forme de culpabilité vis-à-vis de l'entourage qui a proposé cette solution.
De fait, un tel refus, même s'il est compris en partie, peut contrarier les membres de la famille, qui seront peut-être amenés à faire d'autres choix plus contraignants.
Les relations entre la personne âgée et son entourage peuvent donc se ressentir de ce refus, surtout si les proches ne sont pas tous d'accord entre eux sur la décision à prendre.
Approches respectueuses et communication
Techniques de communication efficaces
Instaurer une bonne communication avec la personne âgée réticente est essentiel. Il faut ainsi lui expliquer clairement que son état de santé l'expose à des dangers si elle reste chez elle et qu'elle sera mieux prise en charge dans un Ehpad.
La famille doit aussi la rassurer sur le devenir de son logement et sur l'aspect financier de la question. Elle prend aussi l'engagement de venir la voir régulièrement et lui rappelle que la maison de retraite est un lieu de vie, où elle pourra faire de nouvelles connaissances.
Impliquer la personne dans le processus de décision
La personne âge ne doit surtout pas avoir l'impression qu'on décide à sa place. Il faut donc écouter ce qu'elle a à dire, lui donnant ainsi le sentiment que son avis est pris en compte.
Elle ne doit pas avoir l'impression que la famille balaie d'un revers de main ses réticences. Il faut aussi lui expliquer comment va se dérouler son entrée à l'Ehpad, de sorte qu'elle se sente partie prenante du processus.
Alternatives à la maison de retraite
Maintien à domicile
Si la personne refuse catégoriquement d'entrer en Ehpad, elle peut rester chez elle en profitant :
- De services d'aide à domicile, dont la fréquence et la durée dépendent en partie du degré de perte d'autonomie de la personne.
- D'un service de portage de repas.
- De soins infirmiers à domicile (SIAD).
- D'un aménagement du logement (installation d'une douche à l'italienne, pose de barres d'appui, dispositif de télésurveillance etc).
Autres formes d'hébergement
Il existe, en plus de l'Ehpad et du maintien à domicile, d'autres solutions, parmi lesquelles :
- Les résidences senior, qui proposent aux personnes valides des logements, achetés ou loués, auxquels s'ajoutent de nombreux services.
- L'habitat inclusif, ouvert aussi aux personnes handicapées et comprenant des logements et des espaces communs.
- La colocation entre personnes âgées.
- L'hébergement temporaire dans certaines structures, comme les Ehpad.
- L'accueil familial, dans une famille, avec éventuellement d'autres seniors et l'accompagnement d'un professionnel.
Conseils pour les aidants
Gérer le stress et les émotions
Pour éviter un stress inutile, il convient d'abord d'anticiper la situation. Il est donc conseillé de préparer cette décision dès que l'état de santé de la personne se dégrade. Ce qui permettra de faire face à cette entrée en Ehpad avec plus de calme.
Par ailleurs, la visite de plusieurs maisons de retraite permet de dédramatiser la situation. En apportant des réponses aux questions que peuvent se poser aussi bien les seniors que les aidants, cette démarche rassure les uns et les autres et apaise les tensions.
Ressources et soutiens disponibles
Les aidants peuvent trouver de l'aide auprès :
- De structures spécialisées, comme le Centre local d'information et de coordination (CLIC), un pôle ressources spécialement destiné à informer et à soutenir les personnes âgées et leurs familles.
- Du service dédié, appelé "aide aux aidants", mis en place par l'Agirc-Arrco.
- De la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), qui propose diverses formes de soutien aux familles.
- Des centres d'information et de conseil sur les aides techniques (CICAT), qui fournissent d'utiles conseils.
Aspects légaux et éthiques
Peut-on forcer une personne à aller en maison de retraite ?
Si la personne est en mesure de prendre une décision par elle-même, son consentement au placement en Ehpad est obligatoire. Cet accord devra être confirmé au moment de la signature du contrat d'hébergement.
Si elle ne dispose plus de toutes ses facultés, et si elle est placée sous tutelle, ou sous curatelle renforcée, le juge des tutelles peut, sur le rapport du médecin traitant, prononcer le placement en Ehpad, même contre le gré de la personne.
Protection juridique des personnes âgées
En plus de la tutelle et de la curatelle, déjà évoquées, il existe d'autres mesures de protection juridique pouvant s'appliquer aux personnes âgées :
- L'habilitation familiale, qui permet à un proche de prendre certaines décisions à la place d'une personne jugée inapte.
- La sauvegarde de justice, une mesure temporaire de protection immédiate.
- La mesure d'accompagnement social personnalisé (MASP) ou judiciaire (MAJ), des mesures temporaires permettant d'aider une personne dans la gestion de ses ressources.
- Le mandat de protection future, permettant de désigner à l'avance la personne chargée de prendre en charge les intérêts du senior le moment venu.