Retraite à 65 ans : les impacts sur la vie des Français

Faire passer l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans est l’une des mesures phares de certains candidats à l’élection présidentielle, dont Emmanuel Macron et Valérie Pécresse. Quel serait l’impact d’une telle mesure sur la vie des Français ? On vous donne des explications.

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Par L'équipe JDS
Femme Senior Au Travail
© iStock

Une mesure qui fait du bruit

Les divers changements liés à la retraite et à l'âge du départ en retraite continuent de faire débat. Les candidats à la Présidentielle Emmanuel Macron et Valérie Pécresse l'affirment pourtant : du point de vue financier, il serait très intéressant de décaler le départ à la retraite de 62 à 64 ans.

Cela permettrait d'améliorer le solde des finances publiques de 0,9% du PIB en 10 ans (un gain de 21 milliards d'euros). Cependant, cette mesure soulève plusieurs points plus problématiques du côté social.

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L'espérance de vie et la santé des Français en question

Il s'agit là de la justification principale de prendre de telles mesures : l'espérance de vie tend à se rallonger. Dans une étude, la DREES estime qu'un homme de 65 ans peut encore vivre 19 ans et une femme, du même âge, 23 ans. Entre 2005 et 2020, l'estimation de l'espérance de vie des femmes et des hommes a augmenté d'un an.

Cependant, en ce qui concerne l'espérance de vie en bonne santé, soit le temps pendant lequel on peut espérer rester en bonne santé, sans pathologie majeure, il est moins long. Les hommes de 65 ans peuvent vivre en moyenne 10 ans et 7 mois sans souffrir d'aucune pathologie physique notable. Quant aux femmes, cela monte à 12 ans et 1 mois.

Depuis 2010, l'espérance de vie en bonne santé n'a augmenté que d'un an et 8 mois chez les hommes et de 2 ans et 7 mois chez les femmes. De ce fait, travailler trois ans de plus ne pourrait pas être réellement compensé par des années en bonne santé, pour les hommes comme pour les femmes.

De même, plusieurs études démontrent que chez les personnes les plus pauvres, à 62 ans, soit l'âge actuel de départ à la retraite, un quart est déjà décédé. 75% d'entre eux ont survécu contre 95% chez les personnes plus riches. Ainsi, il est possible d'observer que l'espérance de vie augmente de manière proportionnelle avec les revenus.

87% des femmes plus pauvres sont toujours en vie à l'âge actuel de la retraite contre 97% pour les femmes aux revenus plus élevés. A 65 ans, pour les hommes, on n'est plus qu'à 69% pour les plus pauvres contre 94% pour les plus riches. En trois ans, le taux chute de 6% pour les plus pauvres contre 1% pour les plus riches. Chez les femmes, il est de 84% pour les personnes aux faibles revenus contre 96% pour les femmes plus riches.

Ceci peut s'expliquer par plusieurs facteurs. Déjà, les risques de cancers liés au tabac et à l'alcool sont plus importants. En effet, parmi les classes populaires, la consommation est plus répandue et plus intense. De même, les personnes avec de plus faibles revenus peuvent plus difficilement se nourrir correctement et accèdent moins facilement aux soins, également. Des différences de dépistage et de prise en charge de certaines maladies apparaissent alors.

De plus, le domaine professionnel peut aussi avoir de plus graves conséquences. Si la personne travaille dans des conditions plus difficiles (difficulté physique, exposition à des produits chimiques, engendrant des troubles musculo-squelettiques ou même des handicaps), cela peut être un vrai facteur de risques.

C'était pour ces raisons qu'en 2014, François Hollande avait créé le compte de pénibilité. Ainsi, les travailleurs exposés à certains facteurs de risques pouvaient voir leur temps de travail allégé ou bien bénéficier d'un départ anticipé à la retraite.

En 2017, Emmanuel Macron a supprimé 4 des 10 critères de pénibilité (manutention de charges lourdes et exposition aux agents chimiques dangereux) dans le but de ne « pas recréer, avec la notion de pénibilité, des régimes spéciaux ».

Une augmentation du chômage chez les seniors

Aujourd'hui, près d'un Français sur deux, âgé de 55 à 64 ans, est au chômage (46,2%), d'après un rapport du ministère du travail. Pourtant, la moyenne européenne concernant l'emploi des seniors est de 59,6%. La France fait donc figure de mauvaise élève. C'est encore pire lorsque l'on s'intéresse aux 60-64 ans. En effet, seuls 33,1% des Français dans cette tranche d'âge occupent encore un emploi. Cela peut s'expliquer, en premier lieu, par le fait que l'âge légal de la retraite est fixé à 62 ans. Cependant, ce n'est pas l'unique raison.

Certains métiers sont reconnus comme pénibles et passé un certain âge, les travailleurs ne sont plus forcément capables de les exercer. Si, auparavant, cela concernait surtout les ouvriers, ce n'est plus forcément le cas aujourd'hui, car de nombreux employés vivent également cette situation et ont des emplois peu stables avec un risque plus accru. Il y a de plus en plus de personnes, et ce dans diverses branches de l'emploi, qui ont des problèmes de santé, tant au niveau physique qu'au niveau psychologique.

Le président de l'association Solidarités Nouvelles face au Chômage, Gilles de Labarre, assure que les politiques laissent les travailleurs les plus âgés sans emploi de côté trop longtemps. Pour lui, la solution n'est pas de retarder l'âge de départ à la retraite. En effet, il pense que les seniors sans emploi pourraient alors être laissés au chômage puis redirigés vers d'autres allocations ensuite. En plus d'être une situation difficile à gérer pour les chercheurs d'emploi, cela pourrait avoir une conséquence directe sur le montant de leur retraite. En effet, les cotisations pour les chômeurs sont moins importantes que celles des travailleurs, et celles des personnes au RSA sont nulles.

Gilles de Labarre et Loïc Trabut s'accordent à dire qu'une fois encore, ce seront les personnes les plus pauvres qui seront lésées par ce genre de solutions et de mesures.

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L'impact sur la société

La mesure visant à retarder l'âge du départ à la retraite a donc un impact sur les retraités mais aussi la société en général.

Le chercheur Loïc Trabut avance qu’aujourd’hui, les personnes concernées par la retraite à 65 ans se retrouvent dans des situations dites pivot où elles doivent parfois gérer leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs parents dépendants. De ce fait, Loïc Trabut pense qu'en retardant l'âge de la retraite ainsi que les revenus que toucheraient les futurs retraités, il leur sera plus difficile d'être un soutien aussi bien moral que financier pour leurs familles.

Les enfants tardent plus à devenir autonomes, l'allongement de la durée de vie entraîne aussi encore plus de dépendance. Ainsi, les futurs jeunes retraités auront un rôle essentiel à jouer.

La crise sanitaire du Covid a aussi mis en lumière l'importance du rôle des proches. Alors reculer l'âge l'égal de la retraite pourrait complexifier le rôle des parents et des grands-parents (concernant le soutien moral notamment) car ils seraient alors disponibles plus tard.

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