Le récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) suggère des solutions concrètes pour retarder et mieux prendre en charge les situations de dépendance liées au vieillissement de la population.
Perte d’autonomie : les pistes proposées par le CESE
Une proportion croissante de personnes très âgées
La perte d'autonomie se caractérise par l'obligation de recourir à l'aide d'une tierce personne pour accomplir les tâches de la vie quotidienne.
Or, le nombre de personnes dépendantes devrait augmenter en même temps que celui des gens très âgés, qui devraient être beaucoup plus nombreux dans les années à venir. C'est pourquoi la prise en charge de la perte d'autonomie et de la dépendance doit être adaptée à ce nouveau défi qu'est le vieillissement accéléré de la population française.
Des mesures appropriées semblent d'autant plus nécessaires que l'évolution de l'espérance de vie en bonne santé laisse apparaître des disparités préoccupantes.
Une place accrue pour les personnes âgées
La place de nos aînés dans la société doit être valorisée, notamment auprès des jeunes, qui peuvent apprendre à mieux la reconnaître.
Cette place spécifique des seniors dans la société peut être encore renforcée par une meilleure prise en compte de la perte d'autonomie dans les plans d'urbanisme et la mise en œuvre des voies de circulation, mais aussi dans un accès facilité aux manifestations culturelles et à la pratique sportive.
Une vigilance accrue sur les facteurs de risque
La politique de prévention de la perte d'autonomie doit procéder d'une réflexion globale, prenant en compte l'ensemble des risques qui, de manière insidieuse, préparent les voies aux situations de dépendance.
Il existe ainsi des programmes de prévention de la dépendance qui, comme ICOPE, privilégient cette approche globale. Ce programme cherche en effet à améliorer, dans une prise en compte d'ensemble, des fonctions comme la vision, la mobilité, la mémoire ou la nutrition, qui sont essentielles au vieillissement en bonne santé.
Mieux identifier les personnes âgées vulnérables
Pour mieux aider les personnes âgées à retarder ou éviter les situations de dépendance, il faut les connaître. Or, elles restent parfois "invisibles", ne pensant pas toujours à se manifester auprès des services concernés.
C'est pourquoi le CESE conseille d'apporter aux organismes communaux compétents, comme les Centres locaux d'information et de coordination (CLIC), des informations complémentaires.
Elles permettront de mieux repérer les personnes âgées les plus vulnérables, qui se verront offrir un accompagnement répondant mieux à leurs besoins.
Des solutions en termes d'habitat
Le logement, et l'immeuble dont il fait partie, ne sont pas toujours adaptés à la perte d'autonomie. Pour éviter que la personne âgée ne se renferme chez elle, le CESE préconise la réalisation, dès 55 ans, d'un diagnostic portant sur l'habitat du senior.
Il permettra de mesurer l'adaptation du logement au vieillissement et de proposer des solutions appropriées. Par ailleurs, les bailleurs devraient être incités à proposer des formules d'habitat partagé ou regroupé, pour briser la solitude de nos aînés et favoriser des solutions d'entraide.
Promouvoir les professionnels de l'accompagnement
Les aides-soignantes, les auxiliaires de vie ou les infirmiers accompagnent au quotidien les personnes âgées en perte d'autonomie. Une revalorisation de ces professions et une meilleure prise en compte de leurs difficultés sont le gage d'un meilleur accompagnement de nos aînés.
Mais celui-ci est aussi pris en charge par les aidants familiaux, dont le rôle, auprès de leurs parents dépendants, demeure essentiel. Aussi le CESE préconise-t-il de mieux les former à leur mission d'accompagnement.
De même, ils doivent être intégrés au parcours d'autonomie de la personne dépendante. Il importe enfin de mieux les informer, notamment sur l'existence de dispositifs de soutien spécifiques, pour les soulager au quotidien, ou d'aides financières dédiées.
Un futur service en charge de l'autonomie
Le CESE recommande enfin de créer un service public chargé de mettre en œuvre une politique de prévention et d'accompagnement de la perte d'autonomie. Regroupant l'ensemble des acteurs impliqués dans cette question, il se présenterait comme l'interlocuteur unique des professionnels comme des aidants familiaux.
D'autre part, le rôle de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) serait renforcé. En effet, il lui reviendrait d'évaluer la politique menée en matière de dépendance et d'attribuer, de manière équitable, les ressources destinées à la mettre en œuvre.