La crémation est, avec l’inhumation, l’un des deux seuls modes de sépulture autorisés en France. Aujourd’hui, des personnes toujours plus nombreuses la choisissent. D’ici la fin de la décennie, un Français sur deux devrait opter pour cette pratique funéraire. La crémation remonte à la plus haute Antiquité et s’est pratiquée sans entraves, en Occident, jusqu’à la fin du VIIIe siècle.
D’où vient la crémation ?
Antiquité et haut Moyen-Âge : un mode de sépulture privilégié
La crémation est une pratique funéraire très ancienne. Elle était privilégiée par les peuples indo-européens qui, entre le IIIe et le IVe millénaire avant notre ère, ont progressivement peuplé l'Europe et l'Asie.
Les religions pratiquées par ces peuples voyaient dans la crémation un moyen plus radical de séparer l'enveloppe terrestre périssable de l'âme immortelle du défunt qui, ne pouvant retourner dans son corps, était plus facilement emportée vers les dieux ou le principe divin avec lesquels elle s'unirait.
Pour les hindouistes, le corps n'est pas vraiment détruit par le feu, et la crémation prépare mieux l'âme à son destin.
Chez les Romains, les préparatifs qu'elle requérait réservaient la crémation aux classes aisées de la société. Les corps des plébéiens, en effet, étaient souvent jetés dans des fosses communes.
Les corps des riches Romains étaient généralement placés sur des bûchers à ciel ouvert. Ils étaient accompagnés de récipients, contenant des aliments, et d'objets leur ayant appartenu.
La crémation terminée, on recueillait les ossements restants dans une urne ou un vase, eux-mêmes déposés dans une fosse, avec une partie des objets brûlés.
Des religions opposées à la crémation
La tradition chrétienne
Le christianisme interdit la crémation, et n'autorise que l'inhumation. Son opposition s'explique par :
- La croyance à la résurrection des corps lors du Jugement Dernier. Elle suppose donc leur intégrité.
- Le mode de sépulture du Christ lui-même, dont le corps a été placé dans un tombeau.
Durant les premiers siècles du christianisme, cependant, la crémation continue d'être pratiquée, conjointement avec l'inhumation. Elle était en effet favorisée par les autorités romaines, les Empereurs eux-mêmes choisissant ce mode cde sépulture.
Avec le choix du christianisme comme religion officielle, au IVe siècle, et son extension rapide à tout l'Occident, l'inhumation s'impose comme le seul mode de sépulture conforme aux prescriptions religieuses.
Avec son édit de 789, qui interdit la crémation dans toute l'étendue de son Empire, Charlemagne ne fait que confirmer cette évolution.
L'opposition du judaïsme
La religion hébraïque proscrit également la crémation. Elle considère en effet que, même si l'âme a quitté le corps, toute trace de vie n'en est pas pour autant totalement absente.
Ce refus de la crémation repose également sur l'idée que le corps a droit au même respect que la personne vivante. En effet, il servait de support à l'âme. Or, pour les Juifs, la crémation tend à ramener le corps à l'état d'une chose ou d'un objet.
La toilette mortuaire, les soins donnés au corps et son inhumation respecteraient davantage la dignité du corps humain.
Le refus de l'Islam
Dans les pays conquis par l'Islam, à partir du VIIe siècle, l'inhumation s'impose comme le seul mode de sépulture autorisé.
Cette interdiction de la crémation s'appuie sur le Coran et sur les paroles du Prophète Mahomet (ce que l'Islam appelle des "hadiths"). Il en ressort, en premier lieu, que le corps a droit au même respect qu'un être vivant.
Par ailleurs, dans le Coran, on voit Allah lui-même se prononcer pour un seul mode de sépulture, l'inhumation.