L’emploi des seniors en France est une question de plus en plus importante, notamment depuis le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Pourtant, les travailleurs âgés de 45 ans et plus, au lieu d’être estimés à leur juste valeur pour leur expérience et leur compétence, estiment souffrir d’un manque de reconnaissance et de discriminations, selon une étude de grande envergure menée par le cabinet Alternego auprès de plus de 10 000 salariés appartenant à cette tranche d’âge.
Discrimination et manque de reconnaissance : les difficultés de l’emploi des seniors
Un “plafond de verre”
La problématique de l’emploi des seniors ou du moins, de ceux âgés de 45 ans et plus, ne concerne, selon cette étude, ni la disponibilité ni les capacités de ces travailleurs.
Au contraire, seuls 17 % des sondés reconnaissent avoir moins d’énergie à consacrer au travail et seuls 19 % reconnaissent avoir une concentration diminuée dans leurs tâches professionnelles.
Mieux encore, moins d’un quart, 24 % pour être plus précis, reconnaissent que leur travail est moins important sur leur échelle des priorités, alors que 40 % des travailleurs de plus de 45 ans assurent avoir moins de contraintes personnelles que lorsqu’ils étaient plus jeunes.
Il ne s’agit donc ni de disponibilité, ni de capacité ou d’engagement professionnel, mais plutôt de la perception des salariés âgés en entreprise. Les salariés âgés de 45 ans et plus sont victimes de “jeunisme” en entreprise et se heurtent à un “plafond de verre”.
Ce dernier est illustré par un chiffre édifiant de cette étude : seuls 25 % des travailleurs de plus de 45 ans pensent que leurs entreprises leur offrent des opportunités d’évolution professionnelle satisfaisantes. En outre, 52 % des travailleurs âgés de plus de 62 ans jugent que certains postes ne leur sont plus accessibles, alors que parmi les 45-49 ans, seuls 28 % expriment le même sentiment.
Il existe donc un décalage important entre l’envie, la disponibilité, l’engagement et les capacités des seniors et ce que leur proposent leurs entreprises.
Moqueries et discriminations
En plus des opportunités d’évolutions de carrière réduites, les salariés de plus de 45 ans se plaignent aussi dans cette étude de discriminations liées à l’âge dont ils souffrent en entreprise. Parmi les travailleurs âgés de plus de 60 ans sondés lors de cette étude, 25 % affirment avoir été les cibles de moqueries liées à l’âge, alors que parmi les 45-49 ans, ils n’étaient que 12 % à faire la même affirmation.
Pire encore, 27 % des travailleurs sondés pour cette étude affirment avoir déjà subi en entreprise des discriminations liées à leur âge.
Le sentiment de discrimination lié à l’âge est encore plus présent chez les travailleurs âgés de plus de 60 ans qui sont 36 % à considérer que leur entreprise survalorise la jeunesse. C’est donc une tendance qui confirme le jeunisme réel ou perçu par les travailleurs âgés.
Un déclassement qui épargne les managers
Les travailleurs âgés pointent aussi du doigt un manque de reconnaissance qui est lié à leur âge. En effet, alors que chez les managers âgés, 65 % estiment que leurs entreprises reconnaissent leurs compétences et apports, chez les non-managers, c’est l’inverse qui est constaté. Chez ces derniers, 48 % seulement considèrent que leurs compétences professionnelles sont estimées à leur juste valeur.
Ce manque de reconnaissance se reflète également dans la perception qu’ont les salariés âgés du management au sein de leurs entreprises. À titre d’exemple, 60 % des managers seniors jugent que le management au sein de leurs entreprises est équitable et que leurs rendements ou performances sont évalués sans que leur âge soit pris en compte.
Chez les non-managers, seulement 51 % des sondés ont le même jugement du management dans leurs entreprises.
En outre, parmi les salariés sondés, seuls 40 % estiment que leurs contributions à l’entreprise sont justement reconnues.
Des aspirations à la transmission et à la formation contrariées
Dans cette situation où les travailleurs seniors se sentent discriminés, marginalisés et peu reconnus, ils sont nombreux à être déçus de voir leurs aspirations à continuer à se former et à transmettre leurs compétences et connaissances contrariées par ces discriminations.
En effet, selon cette étude, 90 % des seniors se disent prêts à transmettre leurs savoirs à des salariés plus jeunes et 80 % désirent poursuivre à se former dans les années à venir.
Ce volontarisme des salariés seniors est donc contrarié, ce qui rend leur situation en entreprise encore plus difficile à vivre. Ce constat est d’autant plus douloureux en fin de carrière, puisque l’on sait, grâce à cette étude, que seul un quart des travailleurs âgés jugent que les opportunités qui leur sont offertes à l’approche de la retraite sont satisfaisantes.