La maison de retraite est le lieu où beaucoup de personnes âgées finissent leurs vies. Ce sont des établissements adaptés à leurs besoins qui leur fournissent hébergement, restauration, services et soins. Les Ehpad sont par nature destinés aux personnes en perte d’autonomie et qui ne peuvent plus se maintenir seules chez elles. Or, il semble que beaucoup de retraités français se retrouvent dans ces établissements alors que leur état de santé ou de dépendance ne le justifie pas.
Personne âgée en maison de retraite : un choix souvent fait par défaut
90 % des personnes âgées souhaitent vieillir chez elles
Vieillir en Ehpad est rarement le premier choix des retraités et des séniors. En effet, 90 % des personnes âgées souhaitent vieillir chez elles. Or, elles sont nombreuses à se retrouver en maison de retraite alors que leur état peut permettre leur maintien à domicile.
Ainsi, selon l’INSEE, en 2019, 17,9 % des bénéficiaires de l’Aide Personnalisée d'Autonomie (APA) qui étaient en établissement étaient classés en GIR 3, alors que ceux qui étaient classés en GIR 4 représentaient 23,4 %.
En 2015, les bénéficiaires en établissements qui étaient classés en GIR 3, 4 ou 5 étaient 36 %.
Ces chiffres démontrent bien que les personnes âgées en Ehpad sont de plus en plus nombreuses, y compris ceux qui ont des degrés de dépendance modérés, puisque, selon la grille AGGIR, les personnes classées GIR 3 sont celles qui ont conservé leur autonomie mentale et partiellement leur autonomie locomotrice, mais qui ont besoin quotidiennement et plusieurs fois par jour d’une aide pour les soins corporels.
Ces personnes en GIR 3 peuvent donc parfaitement être maintenues chez elles si elles bénéficient d’aides à domicile adéquates. Or, c’est là que le bât blesse, puisque les aides à domicile font souvent défaut, aussi bien pour ce qui est de la disponibilité d’intervenants que des aides à leur financement.
L’avis des Français sur les séniors en maison de retraite
Ce constat est partagé par beaucoup de Français. En effet, selon une étude OpinionWay commandée par l’entreprise d’aide à domicile aux personnes âgées en perte d'autonomie, Ouihelp, 59 % des sondés estiment que des personnes âgées vivent en Ehpad alors que leur état de santé ou de dépendance leur permet de se maintenir chez elles.
La grande majorité des personnes sondées avancent, comme raison principale des départs en Ehpad injustifiés, la complexité de l’organisation qu’il faut mettre en œuvre pour qu’une personne âgée puisse rester à son domicile.
Beaucoup décrivent ainsi un parcours du combattant consistant à affronter la superposition des aspects administratifs, médicaux et organisationnels de la vie de la personne âgée.
L’autre raison qui empêche la fin de vie des séniors à domicile selon 47 % des sondés est le manque d’auxiliaires de vie. En outre, 31 % des personnes interrogées pointent du doigt le manque de financements des aides alors que 21 % avancent, comme explication, le manque d’information sur les structures et les solutions adaptées.
Les jeunes moins pessimistes sur la question
Dans le même sondage, les personnes interrogées ont été 70 % à affirmer qu’il ne sera pas plus facile de finir sa vie chez soi en 2030. Un constat pessimiste sur le sort des futurs retraités qui est expliqué par l’impossibilité, selon eux, de résoudre les problèmes liés aux aspects médicaux et organisationnels qu’implique le grand âge d’ici 2030.
Les jeunes sondés restent toutefois plus optimistes sur cette question. En effet, parmi les 18-24 ans, 40 % estiment que les séniors pourront finir leur vie plus facilement chez eux d’ici cette à échéance. Chez les 25-34 ans, 43 % en pensent autant.
Chez les personnes plus âgées, cet optimisme semble s’estomper, puisque seulement 21 % des personnes sondées âgées de plus de 65 ans croient à une possibilité de fin de vie facile à domicile d’ici 2030.