À la retraite, la réalité rattrape rapidement les prévisions ou les rêves les plus fous que l’on ait pu avoir. En effet, la pension perçue étant bien en dessous du salaire mensuel, la marche de manœuvre pour réaliser ses projets reste très mince. Il existe pourtant des moyens de combler toute ou partie de la perte des revenus une fois à la retraite. Faisons le point sur ces solutions.
Comment compenser la baisse de revenus à la retraite avec la réforme à venir ?
La réforme des retraites : les changements attendus cet été
En France, la retraite repose sur un modèle de solidarité dans lequel les nouvelles générations de travailleurs cotisent pour verser les pensions aux retraités. Les cotisations obligatoires imputées à chaque actif durant la période d’activité ne leur profitent finalement pas directement, mais servent à verser une pension aux actuels retraités.
Une fois leur carrière professionnelle achevée, ce sont les nouvelles générations d’actifs qui cotiseront pour les anciennes et ainsi de suite. Ce système s’appelle la retraite par répartition. Mais il semblerait que ce modèle soit en péril.
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Les points clés de la réforme
Depuis ce début d’année, le gouvernement a dévoilé sa version de la réforme des retraites qui devrait être mise en place durant l’été. L’idée ici est de faire travailler les Français plus longtemps de façon à pallier le manque d’actifs dans les années à venir.
Ainsi, l’âge du départ, mais aussi la durée des cotisations, le montant de la pension minimale, et bien d’autres points encore font l’objet de modifications. Pour autant, le montant des retraites ne sera pas revalorisé. Voici les éléments précis dévoilés par le gouvernement :
- L’âge du départ à la retraite passera de 62 à 64 ans de façon progressive sur plusieurs années ;
- l’allongement progressif jusqu’en 2027 de la cotisation minimale pour prétendre au taux plein de 40 à 43 ans ;
- la mise en place de la pension minimale d’un montant de 1 200 euros sous conditions ;
- la fin des régimes spéciaux ;
- le maintien du départ anticipé à 58 ou 62 ans pour les personnes en situation de carrière longue.
La fin du système de retraite par répartition ?
La réforme prévue pour le gouvernement aurait pour but de sauver ce modèle. En effet, selon les prévisions établies, d’ici quelques années, il y aura moins d’actifs que de retraités, donc moins de personnes à même de cotiser. C’est pour cette raison que le gouvernement tente une énième réforme afin d’éviter de changer totalement de système de retraite.
Cependant, la proposition de l’Élysée est loin de faire l’unanimité. Avec une pension d’environ 50 % du salaire brut annuel et l’inflation qui menace toujours plus les foyers fragiles, les temps restent durs pour un grand nombre de Français.
Le gouvernement en appelle donc à épargner individuellement, et ce, le plus tôt possible, afin de constituer une épargne complémentaire. Celle-ci servira à adoucir la perte du niveau de vie au moment de quitter la vie professionnelle.
Avec la loi PACTE de 2019 et l’apparition du Plan Epargne Retraite (PER), l’exécutif a laissé entrevoir ses intentions : la retraite par répartition ne fonctionne plus, il faut désormais passer à la retraite par capitalisation.
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Quelles solutions exploiter pour combler la perte de revenus à la retraite ?
Capitaliser signifie mettre de l’argent de côté pour pouvoir en profiter le moment venu ou en cas de coup dur dans la vie. C’est un système d’épargne permettant alors à chacun de préparer sa retraite.
Ainsi, le montant de la pension sera revu à la hausse grâce au pécule que chaque français aura amassé tout au long de sa vie. De plus, si cette épargne a bien été gérée, elle doit générer des gains qui viendront s’ajouter au capital cumulé. Dans certains cas, les gains peuvent doubler, voire tripler la mise !
Mais alors, comment faire pour capitaliser sa retraite ? En France, il existe de nombreux moyens d’y parvenir, mais trois produits d’épargne figurent parmi les favoris des Français. Les voici en question, avec leurs avantages et leurs inconvénients.
Le Livret A
Longtemps leader des produits d’épargne, le Livret A a perdu de sa superbe, au profit d’autres produits. En cause ? Un taux d’intérêt en chute libre depuis quelques années, avant de remonter (3 % depuis le 1er février 2023). D’autre part, c’est une épargne plafonnée à 22 950 euros pour les particuliers et 76 500 euros pour les personnes morales (hors intérêts).
Le capital reste disponible à tout moment et de nombreux parents ou grands-parents ouvrent un Livret A à leurs enfants afin de constituer un petit pécule à utiliser pour démarrer dans la vie (permis, achat d’un véhicule, poursuite d’études).
L’immobilier à crédit
Cette solution d’épargne peu connue est pourtant très avantageuse. Elle consiste à investir dans l’immobilier à crédit et de profiter du levier pour faire travailler l’argent emprunté. Concrètement, cela signifie que vous profitez des rendements des SCPI souvent très élevés (environ 4 % en moyenne), mais aussi des taux de crédits bas, permettant de contracter un prêt plus facilement.
Pour conclure, les revenus des SCPI couvrent une partie non négligeable du crédit. L’effort d’épargne est donc minime, même s’il reste la contrainte du crédit à rembourser mensuellement.
L’investissement à crédit est une solution très intéressante pour les personnes disposant d’un apport.
Voici un exemple
Monsieur Dumont investit en SCPI en contractant un crédit de 124 330 euros à un taux de 2,85 % sur 20 ans. Il possède un apport de 13 814 euros (frais de garantie et de dossier inclus). Le taux de la SCPI est évalué à 4,8 %. Le coût total du crédit s’élève donc à 170 000 euros, soit à 710 euros par mois.
Monsieur Dumont perçoit 570 euros de loyers mensuels de la SCPI et l’impact fiscal de sa transaction s’élève à 60 euros.
L’effort d’épargne de monsieur Dumont s’élève donc à (710 – 570) + 60 = 200 euros par mois (impôts compris).
Pour résumer, avec 10 % d’apport et un effort d’épargne mensuel de 200 euros, monsieur Dumont obtient un capital de 135 000 euros en 20 ans.
L’assurance vie
C’était, jusqu’il y a peu, le produit d’épargne retraite favori des Français. L’assurance vie est assimilée à une enveloppe très avantageuse. Ce dispositif s’adapte à la prise de risque du détenteur du contrat, mais aussi aux objectifs attendus.
Les fonds ne sont pas bloqués, ce qui permet au titulaire de retirer les sommes d’argent souhaitées à tout moment. De plus, les versements effectués peuvent être placés sur des fonds euros connus pour être sécurisés puisque sans perte de capital.
En revanche, il s’agit d’un modèle peu rémunérateur. Pour une prise de risque un peu plus importante, l’assurance vie permet aussi de placer son argent sur des unités de compte (SICAV, SCPI, FCP, SCI et Trackers), n’offrant aucune garantie sur le capital, mais promettant des gains plus conséquents.
Autre avantage de l’assurance vie : la fiscalité puisque celle-ci devient beaucoup plus avantageuse en cas de déblocage après 8 ans.
Voici un exemple
Monsieur Dumont décide d’ouvrir une assurance vie et d’y placer mensuellement 200 euros sur des unités de compte. Le rendement annuel s’élève à 5 % sur 20 ans. Il aura ainsi cumulé un capital de 82 207 euros, soit 48 000 euros de versements et 34 207 euros d’intérêts.
Étant donné que son contrat a plus de 8 ans, seuls les gains seront imposés à hauteur de 7,5 % sur l’impôt sur le revenu, après abattement de 4 600 euros, ainsi qu’aux prélèvements sociaux à hauteur de 17,2 %.
En partant du principe que les gains de monsieur Dumont n’excèdent pas l’abattement, il ne serait alors redevable que des prélèvements sociaux, soit de 5 882 euros. Ainsi, son capital net d’impôt serait évalué à 76 324 euros pour un effort d’épargne de 200 euros mensuels.
Le Plan d’Épargne Retraite (PER)
Fortement semblable à l’assurance vie, le PER est le tout nouveau dispositif d’épargne spécifique à la retraite, proposé par le gouvernement. Les supports d’investissements sont variés et les versements peuvent être placés sur des fonds euros ou des unités de compte.
La particularité du PER, c’est qu’il est possible de déduire les versements du revenu imposable. Ainsi, il est fortement recommandé d’investir l’économie fiscale réalisée dans les versements sur le PER afin d’obtenir de meilleures performances.
Les versements sur le PER sont libres tant en fréquence qu’en termes de montant. En revanche, contrairement à l’assurance vie, les fonds sont bloqués jusqu’à la retraite où le PER peut être liquidé en capital, en rente ou encore en optant pour une partie en capital et l’autre en rente.
Un déblocage anticipé peut toutefois être envisagé en cas de grave accident de la vie ou encore pour l’accession à la propriété principale.
Voici un exemple
Monsieur Dumont a ouvert un PER et y verse mensuellement 200 euros. Sa Tranche Marginale d’Imposition est de 30 %, c’est-à-dire qu’il est imposé sur ses revenus à hauteur de 30 %. Il décide d’opter pour la déduction d’impôt à l’entrée sur ses versements et économise donc 60 euros d’impôt qu’il réinvestit dans son PER. Il place donc mensuellement 260 euros sur son PER.
Avec un rendement annuel estimé à 5 %, il obtient un capital de 106 870 euros au bout de 20 ans, soit 62 400 euros de versements et 44 470 euros d’intérêts.
S’il sort son épargne en capital, monsieur Dumont sera imposé sur l’impôt sur le revenu, mais sera exempt de prélèvements sociaux. Avec une TMI plus faible du fait de la retraite, il sera donc gagnant. S’il sort son épargne sous forme de rente, il sera alors imposé sur l’impôt sur le revenu avec une TMI plus basse.
En choisissant une partie en rente et l’autre en capital, les versements seront imposés sur la base des rentes viagères sur la partie rente et à hauteur de 30 % forfaitaires sur le capital. Quant aux plus-values, elles seront taxées sur le PFU (prélèvement forfaitaire unique) de 30 %.
Le calcul de l’impôt sur le capital versé est donc de 31 200 x 11 % + 31 200 x 30 %, soit 12 792 euros sur le capital. L’impôt sur les plus-values s’élève à 44 470 x 30 %, soit à 13 341 euros.
Au total, le montant de l’impôt dû par monsieur Dumont s’élève à 26 136 euros, soit un capital net d’impôt obtenu de 80 734 euros.
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Tableau récapitulatif et comparatif des 4 solutions d’épargne retraite
Livret A | Immobilier à crédit | Assurance vie | PER | |
---|---|---|---|---|
Capital garanti | Oui | - | Dépend du placement choisi | Dépend du placement choisi |
Versements libres (montant, fréquence et durée) | Oui | Non (crédit à rembourser) | Dépend de l’assureur choisi | Oui |
Épargne disponible | Oui | Non | Oui | Non (bloquée jusqu’à la retraite) |
Avantage fiscal | Non | Non | Oui après 8 ans | Oui à l’entrée et/ou en sortie |
Mode de sortie | Libre | - | Rente | Au choix : rente, capital ou les deux |
Possibilité de cumuler les produits | Non | Dépend du budget et de la capacité d’emprunt | Oui | Oui |
Taux d’intérêt | 3 % du montant de l’épargne au 1er février 2023 (sous réserve de modifications) | Environ 4 % en moyenne (montant variable révisé chaque année) | Environ 4,4 % en moyenne (montant variable et révisé chaque année) | Environ 4,95 % en fonction du type de placement choisi (taux variable revu chaque année) |
Le choix du produit d’épargne pour sa retraite dépend de chacun en fonction de ses possibilités et de ses attentes.
À noter qu’il est possible de cumuler plusieurs produits d’épargne retraite différents :
- assurance vie + PER ;
- PER + Livret A ;
- PER + assurance vie + livret A ;
- PER + immobilier à crédit ;
- immobilier à crédit + assurance vie ;
- Livret A + immobilier à crédit.
Le cumul des produits différents permet de diversifier son épargne et d’obtenir des gains plus importants. Bien sûr, cela implique aussi d’avoir un haut pouvoir d’épargne, donc un revenu assez important.
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